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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Vie associative

Drôle d’anniversaire pour les associations ! 1 juillet 2023

Communiqué LDH

Alors que la loi sur la liberté associative de 1901 fête son anniversaire le 1er juillet, le Conseil d’Etat vient de lui porter un coup de canif en validant le contrat d’engagement républicain : il a refusé de censurer même partiellement le décret qui en fixe les termes, car il les juge suffisamment précis.

Pourtant, la loi « séparatisme », rebaptisée « confortant le respect des principes de la République », qui sert de fondement à ce dispositif, entretient depuis deux ans un climat trouble de suspicion et de mise sous contrôle des associations.

Celles qui, revendiquant des positions différentes des autorités, reçoivent une aide quelconque d’une collectivité territoriale ou de l’Etat sont montrées du doigt ou portées à s’autocensurer pour éviter une remise en cause de la mise à disposition d’un local ou d’une subvention, ou même une dissolution.

A l’heure où le tissu associatif démontre son importance pour la société, que ce soit dans les liens de proximité ou le mouvement social, contrastant avec la crise des institutions et la solitude croissante du pouvoir, le Conseil d’Etat avalise le choix du gouvernement de verrouiller toute parole de contestation, que ce soit en matière de libertés publiques, d’environnement ou de lutte contre le racisme.

Nous allons continuer le combat contre cette loi inique, dont trop peu ont pris la mesure des conséquences à venir.

Paris le 1er juillet 2023

Télécharger le communiqué LDH en pdf.

 

Source: Drôle d’anniversaire pour les associations !

L’éducation populaire et l’urgence du combat démocratique 9 décembre 2020

Tribune collective signée par la LDH

La situation actuelle du débat public en France se caractérise notamment par une polarisation simplificatrice, au nom de la lutte contre les extrêmes, les populismes ou les séparatismes. Cet appauvrissement inquiétant du débat démocratique, qui s’accompagne de tentations autoritaires, est un puissant accélérateur des phénomènes de repli sur soi et de diverses formes de radicalisations. Face à ce poison qui s’immisce, la société a plus que jamais besoin d’une démocratie vivante, d’une République laïque et d’une citoyenneté active, qui ne saurait se réduire au droit de vote.

A travers les valeurs de l’éducation populaire, des associations et des collectifs participent à ce mouvement. Ils organisent des espaces de discussion et d’action collective où des citoyennes et citoyens se rencontrent, débattent, s’impliquent pour transformer leur cadre de vie, agir sur les décisions prises à l’échelle de leur ville ou du pays et imaginer des alternatives pour la société de demain. On y parle d’éducation, de logement, d’économie, de santé, d’écologie, de discriminations ou encore d’aménagement du territoire, en partant des préoccupations et du vécu des personnes, de l’expression de leurs intérêts, de leurs envies, de leurs colères. On y vit des moments festifs et solidaires, des luttes, des débats vifs sur des sujets parfois complexes, et des réussites collectives, qui donnent chair à l’idée de fraternité.

Notre combat démocratique repose sur une vision de la citoyenneté qui ne relève pas de la seule instruction civique, mais se nourrit aussi de l’expression libre, de l’écoute, de la compréhension des désaccords, et de l’appropriation du cadre commun qui régule la vie en société. Le débat produit du commun, à partir des différences, et développe l’esprit critique par le dépassement des opinions particulières et la compréhension des enjeux plus globaux et des interdépendances.  C’est un rempart au repli sur soi, au rejet, à la haine et à la violence. 

Notre approche est aussi un combat pour l’égalité. Les espaces que nous organisons favorisent le développement du pouvoir politique des citoyennes et citoyens, leur prise de parole, leur dialogue avec les pouvoirs publics et leur contribution à la prise de décision. Il faut affronter sans complaisance les inégalités et les discriminations qui existent dans notre pays, reconnaître les souffrances des personnes, pointer du doigt les dysfonctionnements de nos institutions. Tout cela n’est pas désavouer la République, c’est au contraire l’entretenir et la construire ensemble.

Enfin, c’est un combat sur le temps long. La démocratie n’est pas la confrontation immédiate et stérile de points de vue individuels stéréotypés ; c’est un processus d’émancipation individuelle et collective qui contribue à réduire les fractures qui traversent la société.

L’autonomie dans l’exercice de ces démarches d’éducation populaire, garantissant une expression libre, non contrainte ou instrumentalisée, est indispensable et doit être reconnue comme telle par les pouvoirs publics. Ces espaces sont complémentaires des instances représentatives et font écho au travail mené par les enseignantes et les enseignants. Cet engagement au long cours, particulièrement fondamental auprès et avec des jeunes, nous le menons avec humilité et persévérance. 

Nous en appelons, avec cette tribune, à la vigilance et à l’engagement des pouvoirs publics nationaux et locaux, des organisations politiques et syndicales, des associations, des médias et de chacune et chacun d’entre nous : ne laissons pas l’appauvrissement démocratique nous diviser encore plus. Organisons partout où cela est possible ces espaces de rencontre et de construction collective qui font vivre notre démocratie. Discutons, n’ayons pas peur des désaccords. Armons nos esprits critiques et prenons soin de nos liens. 

Le défi est immense et chacune, chacun, y a sa place.

Paris, le 4 décembre 2020

Organisations signataires : la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), ATD-Quart Monde, le Secours Catholique, les Comités régionaux des associations de jeunesse et d’éducation populaire (CRAJEP) d’Occitanie, Ile-de-France, du Grand-Est, de Nouvelle Aquitaine, du Centre-Val-de-Loire et des Hauts-de-France, l’Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ), le Comité national de liaison des Régies de quartiers (CNLRQ), Peuple et culture, France Nature Environnement, Attac, les Maisons des jeunes et de la culture (CMJCF et FFMJC), le Collectif des associations d’éducation populaire politique, les Eclaireuses et éclaireurs de France, le Mouvement de la Paix, le Planning Familial, le Collectif des associations citoyennes, la coordination nationale Pas sans nous, Animafac, Aequitaz, Les Cités d’or, le réseau des SCOP d’éducation populaire, Co-exister, Bleu-Blanc-Zebre, le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), la Confédération nationale des Foyers Ruraux (CNFR), la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), l’Association Concordia, l’Union nationale des associations de développement local (UNADEL), la Fédération française des clubs Unesco, Alliance citoyenne, Alternatives pour des projets urbains ici et à l’international (APPUII), Solidarités Jeunesses, YMCA France, le Réseau national des Juniors Associations (RNJA), les Jeunes européens – France, les Associations des Ludothèques Françaises – ALF, la Fédération nationale des centres musicaux ruraux (CMR). ; Avec le soutien du CNAJEP (Comité national des associations de jeunesse et d’éducation populaire) et de la Coalition pour les libertés associatives ; Chercheuses, chercheurs et personnalités signataires :  ; Claude Alphandéry, Président d’honneur du Labo de l’ESS, Myriam Bachir, maîtresse de conférences en sciences politiques, Université de Picardie, Marie-Hélène Bacqué, professeure d’études urbaines, Université Paris-Ouest, Hélène Balazard, chercheure en sciences politiques, ENTPE, Chaire Unesco Politiques urbaines et Citoyenneté, Loïc Blondiaux, professeur en sciences politiques, Université de Paris 1, Jean Bourrieau, chercheur en sciences de l’éducation, LERIS, Marion Carrel, Professeure en sociologie, Université de Lille, Jean-Marie Charon, sociologue, ingénieur d’études, EHESS, François Dubet, professeur émérite en sociologie, Université de Bordeaux, Jean-Michel Fourniau, directeur de recherche en sociologie, Université Gustave Eiffel et Groupement d’intérêt scientifique Démocratie et Participation, Mathieu Hély, professeur en sociologie, UVSQ, Silyane Larcher, chargée de recherche en sciences politiques, CNRS, Sandra Laugier, professeure en philosophie, Université Paris 1, Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques, Université de Lille, Christian Maurel, sociologue, co-animateur du collectif national “Education populaire et transformation sociale”, Catherine Neveu, directrice de recherches en anthropologie, CNRS, Olivier Noël, sociologue, Université de Montpellier, Albert Ogien, directeur de recherches en sociologie, CNRS, Sébastien Pesce, professeur en sciences de l’éducation, Université d’Orléans, Hugues Sibille, président du Labo de l’ESS et de la Fondation du Crédit coopératif, Julien Talpin, chargé de recherches en sciences politiques, CNRS, Sophie Wahnich, directrice de recherches en histoire, CNRS.

 

 

 

 

Source: L’éducation populaire et l’urgence du combat démocratique

La solidarité internationale, l’autre priorité des françaises et des français à confirmer maintenant ! 24 avril 2019

Lettre ouverte de plusieurs organisations françaises, dont la LDH, au président de la République

Monsieur le Président,

Quelques mois après votre prise de fonction, vous avez annoncé mettre la politique de développement au cœur de la politique étrangère de la France et, à cette fin, relever ses moyens pour atteindre 0,55 % du revenu national brut en 2022. Vous avez ensuite souhaité que la prochaine loi d’orientation pour le développement soit assortie d’une programmation budgétaire incluant cette trajectoire. Nos organisations, associations actrices de la solidarité internationale, avec toutes celles et ceux qui sont engagés au quotidien pour cette cause, avaient salué ces annonces. Il était attendu que cette loi soit votée au printemps 2019 ce qui aurait été une façon concrète pour la France de prouver son engagement à l’occasion de l’accueil du G7 en août et de la présentation de sa feuille de route pour les Objectifs de développement durable (ODD) aux Nations unies en septembre.

Report après report, le projet aboutirait au mieux à l’automne 2019 ! La France a certes engagé un redressement de son aide publique, mais la progression reste trop faible pour atteindre l’objectif visé. En l’absence de la visibilité que doit donner la loi, nous sommes amenés à nous interroger sur l’actualité de l’ambition posée initialement. Quel sens aurait une programmation budgétaire décidée pour les deux seules dernières années du quinquennat ?

Comment comprendre et accepter la contradiction entre, d’un côté, des déclarations fortes et répétées sur les enjeux internationaux (accord de Paris, ODD) et, de l’autre, le retard et l’absence de calendrier pour la présentation de cette loi ? Traduction des ambitions françaises en matière d’aide publique au développement, cette loi ne peut plus attendre car elle est aussi l’incarnation de la contribution solidaire de la France à l’équilibre du monde.

Chaque jour, l’actualité nous rappelle les effets dramatiques des dérèglements climatiques, de la pauvreté, de la faim, des inégalités sociales, des discriminations de genre et des violences faites aux femmes. Les zones de crise humanitaire s’étendent, notamment celles dues aux conflits. Nos organisations sont mobilisées parce que nos sociétés sont interdépendantes, parce que les enjeux auxquels nous faisons face sont universels et parce qu’il ne peut y avoir de réponse durable dans un seul pays. C’est ce que consacrent l’agenda 2030 du développement durable et l’accord de Paris sur le climat de 2015.

Les citoyennes et citoyens en France en sont conscients. Conscients de l’urgence climatique et solidaire comme l’ont démontré notamment leurs contributions au Grand débat national et leurs mobilisations régulières depuis des mois. Leur lucidité quant à la communauté de destin qui lie tous les peuples du monde explique que notre société est profondément attachée à la solidarité internationale et à l’action des ONG pour la mettre en œuvre comme le montrent les derniers sondages [2].

Une accélération est indispensable pour redonner force à cette politique. Nous la souhaitons ambitieuse dans ses objectifs et dédiée aux droits humains, à la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le dérèglement climatique. Nous la souhaitons ambitieuse aussi dans ses moyens pour atteindre 0,55 % du RNB en 2022 et fixer l’objectif de 0,70 % en 2025. Nous souhaitons que l’aide publique au développement donne une place centrale aux pays partenaires dans les choix des priorités, avec la pleine participation de la société civile, ici comme dans les pays partenaires, pour plus de proximité, d’efficacité, de participation et d’appropriation démocratique. Nous la souhaitons centrale enfin dans l’agenda gouvernemental afin que toutes les politiques publiques soient mises en cohérence avec ses objectifs.

Monsieur le Président, en matière de solidarité internationale, l’urgence est dramatiquement là, il s’agit d’y répondre avec davantage que des mots.

[1] Près de 8 Français sur 10 sont favorables au soutien des pays en développement et plus de deux tiers à une hausse du budget de la politique de développement, Baromètre AFD/CSA 2019 : Les Français et la politique d’aide au développement, Paris, AFD/CSA, Avr. 2019.

[2] Cf. Baromètre AFD/CSA 2019, sondage réalisé du 11 au 20 février 2019, Paris, AFD/CSA, Avr. 2019

Paris, le 18 avril 2019

Premières organisations signataires : Philippe JAHSHAN, président Coordination SUD ; Cécile DUFLOT, directrice générale d’OXFAM France ; Ruvie GAMBIA, président Etudiants & Développement ; Thomas RIBEMONT, président d’Action contre la faim ; Francis MONTHÉ, président GRDR Migration-Citoyenneté-Développement ; Manuel PATROUILLARD, directeur général fédéral Fédération Handicap International ; Rachid LAHLOU, président de Secours Islamique France ; Philippe de BOTTON, président de Médecins du Monde ; Vincent BASQUIN, président de Première Urgence Internationale ; Xavier BOUTIN, Thierry MAURICET, co-présidents de Coordination Humanitaire et Développement (CHD) ; Bernard THIBAUD, secrétaire général de Secours Catholique – Caritas France ; Sylvie BUKHARI de PONTUAL, présidente de CCFD – Terre solidaire ; Emmanuel POILANE, président CRID ; Olivier BRUYERON, directeur général GRET ; Isabelle MORET, directrice générale SOS Villages d’Enfants France ; Pierre JACQUEMOT, président Groupe Initiatives ; Guillaume NICOLAS, vice-président CLONG-Volontariat ; Thierno CAMARA, président Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM) ; Jean-Roch SERRA, directeur général La Chaîne de l’Espoir ; Carole COUPEZ, présidente EDUCASOL ; Aurélien BEAUCAMP, président AIDES ; Malik SALEMKOUR, président Ligue des droits de l’Homme ; Véronique SEHIER, coprésidente Le Planning Familial ; Philippe LEVEQUE, directeur général CARE France ; Vincent JACQUES le SEIGNEUR, directeur général Fondation Energies pour le Monde ; Emilie VALLAT, directrice ECPAT France ; Joël KAIGRE, président HAMAP-Humanitaire ; Jean-Louis MAROLLEAU, secrétaire exécutif Réseau Foi & Justice Afrique Europe antenne France ; Cathy BLANC-GONNET, directrice-coordinatrice Association HUMATEM ; Yves LE BARS, président Comité Français pour la Solidarité Internationale ; Louis PIZARRO, directeur général SOLTHIS ; Annick BALOCCO, directrice MEDAIR France ; Pauline DE LA CRUZ, présidente F3E ; Stéphanie SELLE, directrice Planète Enfants & Développement ; Sandra METAYER, coordinatrice Coalition Eau ; Anne-Marie HARSTER, présidente Solidarité Laïque ; Frédéric APOLLIN, directeur Agronomes et Vétérinaires sans Frontières ; Guillaume NATAF, président Ingénieurs sans frontières ; Marie-Françoise PLUZANSKI, présidente Initiative Développement ; Laurence TOMMASINO, déléguée générale GERES ; Bertrand LEBEL, directeur exécutif Acting for Life ; Bruno RIVALAN, directeur exécutif adjoint Action Santé Mondiale ; Jean-Luc CAZAILLON, directeur général CEMEA ; Réseau Associatif pour le Développement et la Solidarité Internationale ; Josyane PEREZ, présidente Nouvelle-Aquitaine (RADSI Nouvelle-Aquitaine) ; Yvan SAVY, directeur Plan International France ; Lysiane ANDRE, présidente Terre des Hommes France

Source: La solidarité internationale, l’autre priorité des françaises et des français à confirmer maintenant !