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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Politique de l’immigration

La condamnation de Cédric Herrou : une insupportable dérive politique de la justice 8 août 2017

Communiqué LDH

En condamnant Cédric Herrou, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence montre qu’elle a parfaitement intégré la volonté politique du gouvernement d’interdire l’aide aux réfugiés en faisant de la solidarité un instrument de la répression.

Alors que, dans le même temps, le préfet de région interdit, impunément, aux réfugiés de déposer leurs demandes d’asile, un homme, soucieux du sort de personnes dans le plus grand dénuement, est poursuivi et condamné.

La LDH dénonce cette situation et assure Cédric Herrou de sa totale solidarité.

Paris, le 8 août 2017

 

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Source: La condamnation de Cédric Herrou : une insupportable dérive politique de la justice

Le Conseil d’Etat rejette les appels du ministère de l’Intérieur et de la mairie de Calais contre la décision du tribunal administratif du 26 juin 2017 31 juillet 2017

Communiqué commun de plusieurs associations, dont la LDH

 

Le Conseil d’Etat a reconnu ce 31 juillet 2017 que le sort réservé aux exilé-e-s dans le Calaisis, demeure constitutif d’un traitement inhumain et dégradant et d’une atteinte au principe de dignité humaine.

Il a confirmé ce que nous, militant-e-s et membres d’associations, n’avons eu de cesse de répéter, avec le Défenseur des droits, depuis maintenant plus de six mois, à partir des constatations dramatiques faites sur le terrain.

Le Conseil d’Etat a rejeté les appels qui avaient été présentés par le ministre de l’Intérieur et la commune de Calais contre l’ordonnance du tribunal administratif du 26 juin dernier qui avait enjoint au préfet et à la commune de mettre en œuvre différentes mesures de secours et d’orientation pour les exilé-e-s majeur-e-s et mineur-e-s, notamment :

l’institution de maraudes permettant l’information, l’orientation et la protection des mineur-e-s ;

– la création de points d’eau, de services de douches et de latrines ;

– l’organisation de départs en centres d’accueil et d’orientation (CAO) au sein desquels les exilé-e-s qui le désirent pourraient préparer une demande d’asile.

Ces mesures s’imposaient au regard de l’urgence sanitaire qui existe à Calais, le tribunal administratif de Lille accordait un délai de dix jours à l’Etat et à la mairie de Calais pour leur mise en place en partenariat avec les associations requérantes.

La mairie de Calais et le ministère de l’Intérieur ont cru devoir faire appel de cette décision et – dans l’attente de ce recours – ont refusé de se soumettre aux injonctions prévues par le tribunal administratif alors même que cet appel n’était pas suspensif. Etat de droit ? Exemplarité des autorités publiques compétentes en la matière ? Trente-cinq jours viennent de s’écouler au mépris de la décision du tribunal administratif dont les effets s’imposaient nonobstant l’appel. Trente-cinq jours de grande précarité infligée, de traitements indignes de la part de nos autorités.

Ces mesures sont aujourd’hui confirmées par l’ordonnance du Conseil d’Etat. Cette défaite des autorités publiques, ancrées dans leur déni de réalité, est un point de départ. Ce n’est certainement pas l’aboutissement du combat quotidien de nos associations. Tandis que nous sommes forcées de nous battre pour des choses aussi évidentes que de l’eau et des douches, nos forces sont détournées de la construction sur le long terme d’une politique d’accueil digne. Car c’est là que se situe le véritable enjeu.

A cet égard, l’ouverture d’un centre permettant la mise à l’abri des exilé-e-s n’a pas été ordonnée. Le juge du référé-liberté, qui est un juge dont les attributions sont limitées, a retenu qu’il s’agissait d’une mesure de trop grande ampleur qu’il n’avait pas la compétence d’ordonner.

Nous, associations, restons convaincues que seules des solutions d’hébergements au bénéfice des personnes qui parviennent exténuées dans le Calaisis, pourraient permettre d’éviter que les exilé-e-s sans abri soient exposés à des conditions de vie indignes. Nous n’hésiterons donc pas, si l’administration persiste dans sa logique inhumaine, à engager toute démarche administrative et contentieuse pour obtenir la mise en place de solutions d’accueil sur le Calaisis et dans plusieurs autres villes de notre littoral ou le long des autoroutes qui y mènent.

Nous continuerons à exiger, au besoin devant la juridiction judiciaire, la fin des violences policières que nous dénonçons depuis plusieurs semaines et que le rapport Human Rights Watch a pu confirmer. Des plaintes ont été déposées. L’inspection générale de la police nationale a été saisie. Des témoignages, des photos et des enregistrements vidéo ont été communiqués. Nous demandons donc que des suites soient enfin données à ces procédures.

Enfin, nous soulignons que la situation déplorable de dénuement existant à Calais est la même que celle connue sur plusieurs secteurs du littoral Nord, comme à Grande Synthe, à Norrent-Fontes, à Steenvoorde, à Tatinghem…

Nous exhortons les autorités publiques à prendre acte de la décision du Conseil d’Etat et à mettre en œuvre de toute urgence sur ces territoires les mesures de secours et d’assistance permettant aux exilé-e-s d’obtenir le traitement digne auquel ils ont droit.

 

Associations signataires :

L’Auberge des migrants, la Cabane juridique / Legal Shelter, Care4Calais, Gynécologie Sans Frontières, la Cimade, Help Refugees, la Ligue des droits de l’Homme, le Réveil voyageur, Salam Nord Pas-de-Calais, Secours catholique Caritas France, Utopia 56.

 

A Calais, le 31 juillet 2017

Source: Le Conseil d’Etat rejette les appels du ministère de l’Intérieur et de la mairie de Calais contre la décision du tribunal administratif du 26 juin 2017

Migrants : stop aux harcèlements d’Etat 3 juillet 2017

Communiqué LDH

Le Premier ministre Edouard Philippe vient d’annoncer « d’ici dix jours, un plan d’action ambitieux pour redonner son sens à notre tradition d’asile ». La LDH examinera avec grande attention les propositions du gouvernement qui devront sortir du double discours actuel.

Sur le terrain, l’action de l’Etat présente une triste réalité, comme à Calais, où la justice a dû être saisie par onze associations, dont la LDH, pour contraindre les pouvoirs publics à une réponse d’urgence humanitaire.

De même, la situation des migrants dans la vallée de La Roya est toujours aussi dramatique. Chaque jour, ce sont des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui tentent, parfois au risque de leur vie, de franchir la frontière italienne. Souvent physiquement épuisés, ils sont confrontés à des forces de police qui ne cessent de les traquer.

Mais ce harcèlement d’Etat s’applique aussi à ceux qui les aident. En un mois, huit personnes ont fait l’objet d’une garde à vue. Le domicile de Cédric Herrou est encerclé, filmé en permanence. En appel, le parquet a requis huit mois de prison avec sursis à son encontre. Même chose pour Pierre-Alain Mannoni contre lequel trois mois avec sursis ont été requis, alors qu’il avait été relaxé en première instance… Quant aux quatre retraités de l’association de défense des migrants de la vallée franco-italienne de La Roya, ceux-ci viennent d’être condamnés chacun à huit cents euros d’amende avec sursis pour avoir aidé six étrangers – dont deux adolescents en les faisant monter dans leur voiture.

Un peu partout en France, les poursuites pour « délit de solidarité » se multiplient, alors que cette infraction a été en principe abolie par le précédent gouvernement. Mais cette suppression s’est accompagnée de dispositions si imprécises qu’elles donnent lieu à des interprétations jurisprudentielles contradictoires, en fonction de la nature des actes de solidarité incriminés.

C’est pourquoi la LDH demande au gouvernement d’arrêter, sans délais, de traiter en délinquants ces citoyen-ne-s qui agissent auprès des migrants en toute humanité, trop souvent en lieu et place de pouvoirs publics défaillants. Elle attend de l’Etat la réaffirmation de la tradition d’accueil de la France, dans le respect du droit d’asile et de la dignité des migrants.

Paris, le 28 juin 2017

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Source: Migrants : stop aux harcèlements d’Etat

Migrants de Calais : M. Collomb rappelé par la justice au devoir humanitaire de l’Etat 27 juin 2017

Communiqué LDH 

 

Alors que le ministre de l’Intérieur invitait les associations humanitaires à aller voir ailleurs, le tribunal administratif de Lille, saisi en référé liberté par onze associations dont la LDH, a ordonné à l’Etat de mettre en place des mesures urgentes pour répondre aux besoins essentiels à la dignité des migrants.

La LDH salue cette décision de justice, qui confirme que l’Etat ne peut bafouer les droits fondamentaux des personnes en grande précarité sur son territoire. 

Dans cette logique, la LDH demande un changement radical de politique en matière d’accueil des demandeurs d’asile fuyant la guerre et la misère, et de sortir du double langage en mettant en pratique le discours du président Macron à Berlin, pour un accueil digne des migrants.

La réaction cynique et d’attente du Préfet du Pas-de-Calais à ce jugement est inquiétante et confirme l’ambiguïté de l’Etat. Avec cette décision qui doit être mise en œuvre sans délais, la LDH restera vigilante pour que l’action humanitaire menée à Calais ne soit plus entravée par les pouvoirs publics.

 

téléchargez le communiqué ici

 

Paris, le 27 juin 2017

 

Source: Migrants de Calais : M. Collomb rappelé par la justice au devoir humanitaire de l’Etat

Lettre ouverte : « M. le Président, faites cesser ces violences envers les migrants ! » 20 juin 2017

Plusieurs personnalités et organisations, dont la LDH, alertent le Président sur les violences subies par les exilés à Calais.

Points d’eau supprimés, distributions alimentaires entravées par les forces de l’ordre, violences physiques : les témoignages, rapports et reportages font état ces derniers jours d’actes de maltraitance inhumains insupportables envers les 600 exilés à Calais. Dans cette lettre adressée au président de la République, Emmanuel Macron, plusieurs personnalités demandent à ce que ces violences cessent.

M. le président de la République,

Depuis plusieurs années maintenant, des milliers de migrants transitent chez nous, à Calais, en espérant atteindre la Grande-Bretagne. Ils aspirent à une vie meilleure. Ils ont fui leur pays, leurs proches, leurs familles, ont parcouru des milliers de kilomètres, ont échappé au pire : la faim, la soif, la répression, l’esclavage, la mort. Ils espèrent et attendent sur notre territoire dans des conditions qui ne nous honorent pas. Ces conditions nous font honte. C’est pourquoi M. le Président, nous, associations, ONG, chercheurs, journalistes, écrivains, avocats, artistes, comédiens, réalisateurs, élus, policiers, enseignants, décidons de vous interpeller.

Depuis le démantèlement du camp de Calais fin octobre 2016, les associations et organisations non gouvernementales dénombrent 600 migrants sur place. Celles-ci se battent pour leur assurer ce qu’il y a de plus élémentaire : de l’eau et de la nourriture. Mais voilà deux semaines que les autorités rendent cette tâche difficile. Qu’une “sorte de traque” est organisée pour reprendre les propos du Défenseur des droits dont les collaborateurs se sont rendus sur place. Nous avons lu que des officiers de police interdisent à des migrants de se rendre à une distribution de vivres. Nous avons aussi pris connaissance de ces témoignages de bénévoles, rapportés par plusieurs journalistes, qui racontent comment les CRS les ont empêchés de donner à boire à des exilés dont des enfants. Nous avons appris que tous les points d’eau ont été supprimés, que les exilés dorment à même le sol. Nous avons aussi lu ces récits de migrants qui racontent qu’on les frappe, qu’on les gaze. Qui donne ces ordres ? Est-ce donc cela, selon vous, une police qui protège et qui sert ? Les forces de l’ordre ne méritent-elles pas mieux que d’assoiffer des femmes, des hommes, des enfants déjà exténués par leurs conditions de survie ? Est-ce faire honneur aux policiers que de les assigner à des tâches si inhumaines?

Vous le savez, ces faits sont constitutifs d’une “atteinte aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité”. La justice a été saisie, et nous avons bon espoir qu’au moins, les pressions sur les associations cessent afin qu’elles puissent faire leur travail correctement, afin qu’elles puissent assurer le minimum. Mais vous avez le pouvoir d’agir afin que ces pressions cessent dans l’heure. Et vous avez un pouvoir plus grand encore, celui de mettre en place une politique migratoire digne comme le demandent plus de 200 organisations.

Il y aurait, lit-on, une volonté des pouvoirs publics de ne plus voir de migrants à Calais. Mais il y a une volonté plus grande encore : celle qu’ont ces migrants de vouloir construire une vie meilleure pour eux et leurs familles. Aucun gouvernement ne parviendra jamais, et par quelque mesure que ce soit, à empêcher un individu que la mort, la faim ou la répression poursuit d’aller vers là où la vie est plus douce.

Alors nous vous proposons de faire vôtre une autre volonté : celle de ne plus voir, sur notre territoire, d’individus, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, victimes de violences et de traitements inhumains et dégradants exercés par l’État. Cela commence par mettre fin à ce qui se passe à Calais. C’est une question d’humanité. Nous ne vous demandons pourtant pas d’être généreux ; il n’est pas question de sacrifier la raison au cœur ; il s’agit seulement, au lieu de mener une politique inutile, et inutilement violente, de respecter les droits humains.

Vous aussi, signez la pétition pour que les violences à l’encontre des exilés de Calais cessent !

Signataires :

La rédaction du Bondy BlogYannick Jadot, député européen – Omar Sy, acteur – Association Auberge des migrants – Assa Traoré, comité Adama – Hélène Sy, présidente de l’association Cékedubonheur – Camille Louis, sociologue – Jean-Luc Mélenchon, député européen – Sud Intérieur-Union syndicale solidaires, syndicat de police – Marie-Françoise Colombani, journaliste – Florence Thune, directrice générale de Sidaction  – La Caution, artistes – Malik Salemkour, président de la LDH – Laurence De Cock, historienne – Raphaël Kempf, avocat – Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde France – Mathilde Larrère, historienne – Alain Gresh, journaliste – Marwan Mohammed, sociologue au CNRS – Aïssata Seck, maire-adjointe de Bondy – Nordine Nabili, journaliste, enseignant – Eric Fassin, sociologue – Christine and the Queens, artiste – Geoffroy de Lagasnerie, philosophe, sociologue – Laurent Cantet, réalisateur  – Océanerosemarie, comédienne – Nadia Lamarkbi, formatrice, coach professionnelle – Christophe Ruggia, réalisateur – Véronique Decker, directrice d’école – Nadia Leila Aissaoui, sociologue, féministe – Céline Sciamma, réalisatrice, scénariste, co-présidente de la Société des Réalisateurs de Films – Etienne Tassin, sociologue – Marwan Muhammad, directeur du Ccif – Marie-Laure Basilien, professeur des Universités en droit public, membre de l’Institut universitaire de France – Ziad Majed, politiste, professeur universitaire – Edouard Louis, écrivain – Médine, artiste – Didier Eribon, philosophe – Alice Diop, réalisatrice – Magyd Cherfi, chanteur, écrivain – Laurent Chalumeau, auteur de polars – Mohamed Hamidi, réalisateur – Robin Campillo, réalisateur – Yasmine Bouagga, sociologue – Alain Mikowski, avocat – Rokhaya Diallo, journaliste – Pascale Ferran, réalisatrice – Association Itinérance CherbourgRaphäl Yem, animateur TV, fondateur de Fumigène magazine – Akram Belkaïd, journaliste, écrivain – Pouria Amirshahi, député, fondateur du “Mouvement Commun” – Nora Hamadi, journaliste – Raphaël Glucksmann, essayiste – Faïza Guène, écrivain – Julien Salingue, docteur en science politique – Syndicat de la magistratureMadjid Messaoudene, conseiller municipal délégué, Saint-Denis, Pierre-Emmanuel Barré, humoriste

Source: Lettre ouverte : « M. le Président, faites cesser ces violences envers les migrants ! »

Déni d’humanité, déni de réalité. L’atteinte aux libertés fondamentales ne constitue pas une politique ! 20 juin 2017

Plusieurs associations saisissent à nouveau le juge des référés du tribunal administratif de Lille

 

Des exilés et des associations, dont la LDH, saisissent dans l’urgence le juge du tribunal administratif de Lille pour lui demander d’enjoindre aux autorités de respecter les libertés et les droits fondamentaux des exilés présents sur le Calaisis.

Aujourd’hui plus de 600 exilés, dont de nombreux mineurs isolés, survivent sur le Calaisis dans des conditions effroyables. A l’absence totale de prise en charge sanitaire et sociale s’ajoutent une pression et un harcèlement policier constants destinés, prétendent les autorités, à « éviter tout point de fixation ». Les exilés fuyant la guerre et la persécution sont ainsi contraints de subir des conditions de survie intolérables. A l’occasion de l’expulsion des habitants du bidonville de Calais en octobre 2016 les préconisations du rapport de Messieurs Vignon et Aribaud (lesquels avaient reçu pour mission, du ministre de l’Intérieur de l’époque, d’envisager les suites à donner au démantèlement du bidonville de la Lande) étaient claires. Les promesses ministérielles annoncées avant le démantèlement l’étaient également. Pourtant, plus aucun dispositif d’accueil n’existe à ce jour pour les réfugiés arrivant sur Calais. Les autorités veulent faire croire que la question de la présence des exilés est résolue et que ces derniers n’arrivent plus à Calais. Or, cela fait plus de vingt ans que les exilés viennent sur Calais pour tenter le passage vers la Grande Bretagne, qu’ils y séjournent aussi longtemps que nécessaire. Cela perdure et continuera aussi longtemps que Calais sera proche des côtes anglaises…

Ce n’est pas en privant les exilés de leurs droits fondamentaux et en leur refusant le minimum de dignité que l’on répondra de façon constructive et pérenne à la question de l’accueil des réfugiés. La solution ne naîtra pas non plus des entraves à l’action des associations et des citoyens qui leur apportent aide et soutien.

La politique menée depuis octobre 2016 est une impasse pour les exilés comme pour l’ensemble des calaisiens concernés. Ce n’est d’ailleurs pas une politique, c’est un déni de réalité – initié dans un contexte de campagne électorale – indigne de notre devise républicaine.

Une fois les élections législatives passées, le nouveau gouvernement va-t-il persévérer dans la politique de l’autruche et du tout sécuritaire ou va-t-il oser regarder la réalité en face, proposer de construire dans la durée une réelle politique d’accueil comprenant des réponses locales, nationales et européennes adaptées à cette question complexe ?

Face à la situation sanitaire et sociale déplorable que subissent les exilés, et alors qu’il y a urgence à y répondre, nous sommes donc contraintes de saisir – une fois encore – le juge des référés du tribunal administratif de Lille, afin de lui demander de reconnaître les atteintes graves et répétées aux droits et libertés et d’enjoindre aux autorités de mettre en place un dispositif garantissant le respect des droits fondamentaux de base, tels que l’accès à l’eau, à des toilettes, à une distribution alimentaire, à une information réelle sur les droits…

A Calais, le 15 juin 2017

 

Associations signataires :

L’Auberge des migrants ; La Cabane juridique / Legal Shelter ; Care4Calais ; La Cimade ; Gynécologie sans frontières ; Help Refugees ; Ligue des droits de l’Homme ; Le Réveil Voyageur ; Salam Nord Pas-de-Calais ; Secours catholique ; Caritas France ; Utopia 56

 

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Source: Déni d’humanité, déni de réalité. L’atteinte aux libertés fondamentales ne constitue pas une politique !

Appel à un changement radical de politique migratoire en France 20 juin 2017

Plusieurs organisations, dont la LDH, demandent l’organisation d’une conférence nationale d’urgence pour qu’émergent des politiques alternatives d’accueil

Le ministre de l’intérieur a fait connaître ses premières intentions en matière de politique migratoire, et nous déplorons qu’il y manque l’engagement impératif de mettre un terme aux violences policières à l’encontre des migrants et réfugiés. De même, aucun mot n’a été prononcé pour annoncer la fin de l’intimidation à l’égard de citoyens ou associations, qui sur le terrain s’efforcent d’assurer accueil et solidarité à leur égard. Deux priorités qu’il faut d’urgence mettre en œuvre au regard des situations qui prévalent à Paris, de nouveau à Calais, à la frontière franco-italienne, mais aussi ailleurs en France.

Pourtant, la situation actuelle le démontre implacablement : la gestion répressive des migrations internationales et le non-respect du droit d’asile qui prévalent dans la plupart des pays d’Europe, et en France en particulier, sont un échec effroyable. Tout d’abord parce que les guerres, les violations des droits humains, l’aggravation des inégalités et les catastrophes climatiques jettent un nombre incompressible de personnes sur les routes de l’exil, et aucune police au monde ne pourra jamais empêcher des jeunes de chercher à se construire un avenir, ou des familles de vouloir protéger leurs enfants. Ensuite parce que « tarir les flux d’arrivées », selon les mots mêmes du Ministre, relève de l’illusion et du mensonge, que nous payons au prix fort : des milliers de vies perdues chaque année en Méditerranée ou sur les autoroutes d’Europe, des centaines de millions d’euros gaspillés tous les ans, d’insupportables souffrances humaines, mais aussi des territoires sous tension, des bénévoles et des citoyens choqués et épuisés… De tels choix politiques fracturent nos territoires, dressent les hommes et femmes les uns contre les autres et nourrissent le rejet de l’autre et le repli sur soi.

Nous, membres d’associations nationales, collectifs de migrants ou citoyens réunis dans des initiatives locales de solidarité avec eux, composons une grande partie de la « société civile » organisée, qui tous les jours sillonne le terrain pour pallier les manquements, l’aveuglement et l’inhumanité des politiques publiques. Nous avons vu des dizaines de milliers de personnes, ces derniers mois, s’engager, dans leurs quartiers ou dans leurs villages, pour témoigner de l’humanité la plus élémentaire : offrir réconfort et dignité à des personnes accablées par des parcours de souffrance et de danger, voyant leurs droits fondamentaux tout simplement niés par les autorités de l’État.

Face à ce qui constitue un véritable « état d’urgence », nous appelons les responsables politiques et administratifs à poser les vraies questions : notre conception de la justice admet-elle que des militants de solidarité soient harcelés, et jugés comme délinquants, ou que des distributions alimentaires soient interdites par arrêté municipal ? Les droits fondamentaux que nous aspirons à voir respectés à travers le monde sont-ils compatibles avec la détention de milliers de personnes qui ont pour seul tort d’avoir cherché à survivre et bâtir un avenir meilleur ?

Nous qui construisons chaque jour une France solidaire et accueillante, nous appelons donc le Président de la République et le Premier Ministre à convoquer d’urgence une conférence impliquant tous les acteurs, afin qu’émergent des politiques alternatives d’accueil et d’accès aux droits empreintes de solidarité et d’humanité.

 

L’appel demeure ouvert à signature des organisations et collectifs, à l’adresse

.

 

Organisations, réseaux et collectifs signataires :

ACAT ; ACAT Corrèze ; ACAT Forez ; ACAT France Bourgogne ; ACAT Lille ; ACAT Val de Bussy Seine et Marne ; ACORT – Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie ; ACT & HELP ; Act For Ref ; Act Up-Paris ; AG Consultants ; Alliance Universelle de Solidarité ; Alternative et autogestion ; AMFPGN ; Amitié coopération France Cameroun ; Amnesty International France ; Amnesty International Groupe 304 Haut Bocage ; Amnesty International Groupe 50 St-Etienne ; Amnesty International Lens Liévin ; Amnesty International Val de Bièvre ; Anafé ; APICED ; Artisans du Monde Gap ; Association 100 pour 1 Avignon ; Association Accueillir au pays ; Association Actes & Cités ; Association AIDER ; Association AIR Saint Laurent en Royans ; Association Bagagérue ; Association de Parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection (Isère) ; Association des Marocains en France ; Association Eat and meet ; Association ECNou ; Association Ecodrom93 ; Association En passant le pont ; Association Habitat-Cité ; Association Hospitalité chinonaise aux migrants ; Association Jarez Solidarités ; Association Join Hands ; Association Les Amoureux au Ban Public Breizh ; Association Les Vertaccueillants ; Association Massif du Tangué en France ; Association Montagne Accueil Solidarité de Peyrelevade ; Association Port d’attache Granville ; Association Sauvons la vie de l’eau potable pour tous ; Association Solidarité Roms de Saint-Etienne ; Association SOS Refoulement Dijon ; Association Tous Migrants ; Association Un Digne Toit ; Association Un jour la paix à Embrun ; Association Vivons ensemble ; Association Voisinage(S) ; Association William Penn ; Association Yamdaabo ; ATD Quart Monde ; Attac France ; Auberge des Migrants ; CCFD-Terre Solidaire ; CCFD-Terre Solidaire 01 ; CCFD-Terre Solidaire 05 ; CCFD-Terre Solidaire 07 ; CCFD-Terre Solidaire 13 ; CCFD-Terre Solidaire 21 ; CCFD-Terre Solidaire 22 ; CCFD-Terre Solidaire 27 ; CCFD-Terre Solidaire 34 ; CCFD-Terre Solidaire 36 ; CCFD-Terre Solidaire 38 ; CCFD-Terre Solidaire 50 ; CCFD-Terre Solidaire 51 ; CCFD-Terre Solidaire 54 ; CCFD-Terre Solidaire 58 ; CCFD-Terre Solidaire 62 ; CCFD-Terre solidaire 63 ; CCFD-Terre Solidaire 67 ; CCFD-Terre Solidaire 77 ; CCFD-Terre Solidaire 83 ; CCFD-Terre Solidaire 85 ; CCFD-Terre Solidaire 89 ; CCFD-Terre Solidaire 93 ; CCFD-Terre solidaire 95 ; CCFD-Terre Solidaire Ile de France ; CCFD-Terre Solidaire St Etienne ; CDAFAL 56 ; CEDETIM ; CEECS/RESF44 ; Cercle Louis Guilloux ; Centre d’information et d’études sur les migrations ; CIIP Grenoble ; CISPM ; Citoyen.ne.s pour la paix en Colombie ; Collectif « Migrants: changeons notre regard! » Antony ; Collectif « On est bretons, solidaires, et on agit » ; Collectif « réfugiés » du Vaucluse ; Collectif AGIR (accueil des migrants à Aix en Provence) ; Collectif amiénois des sans papiers ; Collectif antiraciste l’Hay-les-Roses-Fresnes-Cachan ; Collectif ARDA’aide aux réfugiés et demandeurs d’asile ; Collectif citoyen Accueil Migrants Valfleury ; Collectif citoyens Solidaires 06 ; Collectif de défense des droits et libertés des étrangers (CDDLE) ; Collectif de Guillestre (05) ; Collectif de soutien aux Familles Roms de St Denis ; Collectif de soutien aux migrants et réfugiés 11/12 Marseille ; Collectif de soutien aux sans papier du Trégor Goelo ; Collectif de soutien de l’EHESS aux migrant-es ; Collectif des associations citoyennes ; Collectif des Associations Citoyennes de l’Est Val d’Oise (CAC-EVO) ; Collectif Icare ; Collectif Justice & Libertés Strasbourg ; Collectif La Chapelle Debout ; Collectif Lycée d’accueil International du Castel ; Collectif Migrants Bienvenue 34 ; Collectif National Droits de l’Homme Romeurope ; Collectif pilatois Solidaires (42) ; Collectif Roms de Gardanne ; Collectif Roscoff – soutien aux migrants ; Collectif Saint-Lois d’Aide aux Migrants ; Collectif Solidarité Migrants Wilson ; Collectif Solidarité Réfugiés du Piscénois (34) ; Collectif Solidarité Roms Lille Métropole ; Collectif SOLMIRE (Coll Solidarité Migrants Réfugiés) ; Collectif Soutien Migrants Nantes ; Collectif Uni-es- Contre une Immigration Jetable de la région nazairienne ; Collectif Welcome Nanterre ; Collectifs Migrants 04 ; COMEDE ; Comité d’Aide humanitaire au Peuple syrien ; Comité d’amis d’Emmaüs Figeac ; Comité de Liaison Diagonal France ; Comité de soutien aux réfugiés algériens (Isère) ; Comité pour le Respect des Lberté et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRLDHT ; Compagnie L’abeille et l’orchidée ; Confédération Syndicale des familles ; Coordination Nationale des Sans Papiers (CNSP) ; COPAF ; CRIAAR Velaux 13 ; CRID ; Croyants en liberté 42 ; Culture et liberté ; D’Ici ou d’Ailleurs-Rennes ; EDAR ; Emmaüs International ; Emmaüs France ; Fondation Abbé Pierre ; ACAPE – Association Centre Abbé Pierre Emmaüs ; Emmaüs Angers ; Emmaüs Annemasse/Annecy ; Emmaüs Bayonne ; Emmaüs Brest ; Emmaüs Chambéry ; Emmaüs Clermontois – Oise ; Emmaüs Côte d’Azur ; Emmaüs Cotentin ; Emmaüs Côtes d’Armor ; Emmaüs Dennemont ; Emmaüs Etang-sur-Arroux ; Emmaüs Fontenay le Comte ; Emmaüs Grande Synthe ; Emmaüs Limoges ; Emmaüs Lyon ; Emmaüs Marseille Saint Marcel ; Emmaüs Mayenne ; Emmaüs Mazamet ; Emmaüs Nantes ; SOS Familles Emmaüs 44 ; Emmaüs Nièvre ; Emmaüs Pays de Vannes ; Emmaüs Périgueux ; Emmaüs Peupins ; Emmaüs Plessis-Trévise ; Emmaüs Pointe Rouge Marseille ; Emmaüs Rédéné ; Emmaüs Saint Etienne ; Emmaüs Servas ; Emmaüs Thouars ; Emmaüs Toulouse ; Emmaüs Tours Chinon ; Emmaüs Vienne ; Et Puis d’Ailleurs ; Europe Cameroun Solidarité ; FASTI ; ASTI Bordeaux ; ASTI Calvados ; ASTI Petit-Quevilly ; ASTI Romans ; Fédération de l’Entraide Protestante (FEP) ; Fédération de Paris du MRAP ; Fédération SUD éducation ; Femmes de la Terre ; Femmes migrantes debout – Paris ; Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM) ; France Amérique Latine ; FSU Fédération Syndicale Unitaire ; Fédération tunisienne des citoyens des deux rives ; Gisti ; GRDR Migration Citoyenneté Développement ; GRIAM (Groupe de réflexion inter-religieux d’aide aux migrants) ; Groupe solidarité paroisse Visitation Chevigny ; Groupe Solidarité Roms ; Habitat&Citoyenneté ; ICI initiative citoyenne ; Immigration Développement Démocratie ; INFLECHIR ; IPAM ; Itinérance Sud-Manche ; JEFS ; JRS FRANCE ; Kali ; Kolone ; Konexio ; La Cimade ; La Cimade Quimper ; La Roya Citoyenne ; L’Auberge des Migrants ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; LDH Aude ; LDH Besançon ; LDH Comité régional PACA ; LDH Compiègne-Noyon ; LDH Graves ; LDH Saintes ; LDH Section de l’EHESS ; Le Cercle des Voisins du CRA de Cornebarrieu ; Le Mouvement de la Paix ; Les Amoureux Au Ban Public Bretagne ; LVN Personnaliste et Citoyen ; Maison des citoyens du monde-Loire Atlantique ; Maison des Tiers Mondes et de la Solidarité Internationale ; MAS 44 ; Médecins du Monde ; Migrations Santé Alsace ; Mouvement Utopia ; MRAP ; MRAP 06 ; MRAP Lille ; MRAP L’Isle sur la Sorgue ; MRAP Magenta ; Paris d’Exil ; Pastorale des migrants du diocése d’Arras ; PAYS DE MORLAIX SOLIDARITE MIGRANTS ; Réseau Chrétien – Immigrés (RCI) ; Réseau de solidarités Hôtel de Crouy ; Réseau de Soutien aux migrants ; Réseau Euromed France ; Réseau Mom o’chaud (Aveyron) ; Réseau Welcome Orléans ; Réseaux citoyens de St-Etienne ; RESF ; RESF 06 ; RESF 11 ; RESF 21 ; RESF 25 ; RESF 38 ; RESF 43 ; RESF 48 ; RESF 65 ; RÊVE ; Ritimo ; Roussillon-Maghreb ; Savoie Solidarité Migrants ; Secours catholique-Caritas France ; Secours catholique Caritas France Agen ; Société St Vincent de Paul de Paris ; Solidarité Migrants RESF 60 ; SOS Hépatites ; Soutien Asile Nord 21 ; Soutien juridique Dunkerque ; Stop racisme Pézenax ; Syndicat de la Magistrature ; Système B, comme bidonville ; Terrafrik Interface des alternatives sub-sahariennes ; Terre d’Ancrages ; Terre d’errance Norrent Fontes ; Terre des hommes Doubs ; Terre Des Hommes Loire ; Terre En Vue ; TET-LLÄ France ; Thot ; Tous Citoyens ; Tous Migrants 05 ; Tous Migrants 73 ; TRAAM ; Transport People and Care ; UN TOIT C’EST TOUT ; Union syndicale Solidaires ; UTAC ; WELCOME-FRANOIS-SERRE et militante CCFD-TS 25 ; Wietchip Femmes du 3ème Millénaire ; WISE.

 

Source: Appel à un changement radical de politique migratoire en France

Déclaration d’aide aux réfugiés 20 janvier 2017

Un important mouvement de protestation se développe en Europe, et maintenant en France, devant la défection, voire la véritable lâcheté, de nombreux gouvernements face à l’afflux des réfugiés fuyant les guerres, les attentats et les effondrements économiques du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Afghanistan. L’opinion française et internationale prend clairement conscience que la crise ouverte depuis plus de six ans ne se résoudra pas par des mesures locales de coercition, par des murs frontaliers ou des retours forcés. L’Europe a sa part de responsabilité dans la dramatique situation actuelle, et doit contribuer activement à y mettre fin.

Quelle que soit leur opinion sur la solution des conflits, un nombre croissant d’Européens, de Français, juge indigne le sort fait à ceux que l’on appelle hypocritement des migrants, qui arrivent dans nos pays après avoir fait face à tous les dangers, sur terre et sur mer, et surtout aux violences des hommes – armées, polices, bandes, mafias de toutes sortes. Plus de 10 000 sont morts depuis 2014. Le problème des réfugiés ne peut être traité par la contrainte dans une improvisation permanente.

La France n’est menacée d’aucune invasion. Notre pays a les moyens d’accueillir dignement des réfugiés dont la grande majorité ne souhaitent pas s’installer à demeure mais simplement trouver la paix en attendant des jours meilleurs. Et pourtant, en notre nom, le pouvoir politique les chasse, les repousse, les condamne, dans des conditions qui encouragent la violence, la xénophobie, le racisme. Attitude indigne d’un pays qui se réclame des droits de l’homme. Attitude qui compromet et pervertit la nation elle-même. Nous refusons d’en être complices.

L’Etat engage aujourd’hui des procès contre ceux qui reçoivent chez eux des réfugiés pour les nourrir, les aider à survivre et à poursuivre leur voyage. On nous dit qu’ils désobéissent à la loi, et qu’il y a là volonté de sortir de la justice pour faire de leur action une tribune politique. Ces citoyens contribuent à rendre un visage humain et fraternel à notre pays: c’est bien, en effet, une prise de position politique. C’est aussi la nôtre.

Les soussignés considèrent qu’il est désormais impossible de présenter des actes de solidarité humaine comme des aventures individuelles. Nous approuvons et respectons la conduite des Français qui apportent aide et protection aux réfugiés maltraités au nom du peuple français. Nous souhaitons ne pas nous contenter d’appuyer leur action. Nous considérons que nous avons, chacun à notre place et selon nos moyens, le devoir d’intervenir comme eux auprès des réfugiés. C’est rétablir notre dignité avec la leur, et défendre les valeurs d’humanité.
Initiateurs: Etienne Balibar (philosophe), Harry Bernas (physicien), Nancy Huston (écrivaine), Jean-Marc Lévy-Leblond (physicien)

La LDH soutient la pétition : vous aussi, vous pouvez signez la pétition !

Source: Déclaration d’aide aux réfugiés

Ils ferment leurs frontières, nous ouvrons nos écoles 20 janvier 2017

Nous, étudiant.e.s, personnel.le.s de l’enseignement supérieur, et professeur.e.s solidaires, décidons d’oeuvrer collectivement à ouvrir les portes de nos universités et de nos écoles à celles et ceux qui fuient les guerres, les discriminations, les persécutions et les désastres économiques et environnementaux, quels que soient leur statut administratif et leur nationalité.

Nous prenons acte de l’impuissance de l’Europe à mettre en place des politiques d’accueil respectant la dignité et l’intégrité des exilé.e.s. Nous constatons les pratiques déshumanisantes des pouvoirs publics qui refusent de considérer ces femmes et ces hommes comme des individus animés de projets et de désirs, mais parlent de flux, de chiffres, de menaces, au mieux de potentiels, qu’il faudrait gérer, optimiser, contenir. Nous avons été les témoins de la logique d’attente interminable qui dépossède, à petit feu, les demandeur.se.s d’asile de tout rêve et de tout espoir. Et parce qu’il est scandaleux de rester indifférent.e face au pourrissement des existences que produisent ces politiques, parce qu’il est intolérable de ne pas réagir face au manque de moyens destinés à assurer une vie décente sur le territoire d’installation, il nous semble nécessaire aujourd’hui d’appeler à une nouvelle conception de l’accueil.

Qu’on se tienne un instant parmi les assemblées générales des exilé.e.s des camps à Vintimille, à Calais ou à Paris, dans les centres d’hébergement partout en France, aux côtés des associations politiques de migrant.e.s, auprès des organisations de défense des étranger.e.s. On entendra, parmi les revendications élémentaires et vitales du droit aux papiers et au logement, une demande s’élever : le droit à l’éducation, à l’apprentissage du français, à la reprise d’études. Car souvent, les personnes en exil n’ont pas accès à des cursus scolaires ou universitaires et les associations de cours de français sont débordées. Celles et ceux qui ailleurs se reconnaissaient comme étudiant.e, intellectuel.le, et se projetaient dans un métier, ne se voient défini.e.s ici qu’à travers des catégories administratives arbitraires et appauvrissantes. Se tient donc un lieu : l’école. Une certitude : que la langue et la connaissance sont les fondements de la dignité et de la reconstruction de soi. Une revendication : la liberté d’étudier et de développer ses projets sur le sol où l’on vit.

Nous avons décidé de répondre à cette nécessité. Partout, depuis septembre 2015, des groupes se constituent, des programmes s’ouvrent, très souvent soutenus par la direction des écoles et des universités, pour faciliter l’accès aux savoirs et à l’apprentissage du français aux réfugié.e.s – qu’ils et elles aient été reconnu.e.s comme tel.le.s ou non par l’administration française. C’est le cas, déjà, à Paris 8-Saint Denis, dans les ENS de Paris, Lyon, Cachan et Rennes, à Paris 7-Diderot, à l’ENSAD, à l’EHESS, à l’ENSCI, à AgroParisTech, à la FEMIS, dans de nombreuses autres écoles et universités, à travers des associations de Français Langue Étrangère également, comme InFLEchir ou Thot. Aujourd’hui, des centaines de réfugié.e.s et exilé.e.s ont intégré les structures d’accueil que nous contribuons à construire. Nous refusons l’iniquité, et des institutions nous soutiennent dans cet engagement. Il ne s’agit pas de produire ici un nouveau projet de gestion « humanitaire », ni de s’inscrire dans une logique de charité : ce sont trop souvent les noms de l’asymétrie et de la dépossession. Au contraire, nous pensons qu’il faut faire l’effort de travailler ensemble avec les forces de ceux et celles qui ont traversé les frontières, et qui ont bien plus de solutions à proposer que nous n’en aurons jamais. Il est impératif de fonder ces espaces communs.

Notre action s’inscrit dans une double urgence : d’un côté, l’accès au droit fondamental qu’est l’éducation pour tou.te.s; de l’autre, l’exigence de faire de l’université le lieu par excellence de l’ouverture et de l’émancipation.

Organisation de cours de Français Langue Étrangère, mise en place de tandems linguistiques, d’activités culturelles et sportives, de films et de discussions, ouverture aux infrastructures des établissements d’accueil (bibliothèques, restaurants, campus), aide à l’orientation, accompagnement dans les démarches, tutorat enseignant et binôme étudiant, conférences où la parole est donnée aux migrant.e.s, moments festifs de rencontre… La liste des possibilités est longue et les initiatives réussies nombreuses. Etudiant.e.s et professeur.e.s en sont souvent à l’origine : il suffit de quelques personnes déterminées pour assurer que les établissements s’emparent de leurs responsabilités. À l’automne dernier, les promesses des président.e.s d’université1 et les appels à ouvrir leurs établissements aux réfugié.e.s2 avaient entraîné une nuée d’espoir : assurons-nous que cette mobilisation prenne effet partout où elle est nécessaire.

Nous, étudiant.e.s, personnel.le.s de l’enseignement supérieur, et professeur.e.s solidaires, nous constituons en collectif afin de motiver et promouvoir la création de programmes similaires. Notre collectif propose de mettre en réseau l’ensemble des initiatives existantes ou émergentes, afin de s’organiser pour répondre aux besoins des premier.e.s concerné.e.s. Nous appelons ceux et celles qui ne savent pas où commencer, comment faire, à qui s’adresser, mais qui ont pourtant conscience de la nécessité d’agir, à nous contacter.

Chaque initiative est autonome et indépendante: nous souhaitons organiser un collectif horizontal de travail et de confiance entre tou.te.s celles et ceux qui défendent les mêmes revendications ; un terrain fertile pour montrer qu’il est possible de s’organiser autrement, et pour lutter en faveur du droit à l’éducation et à la dignité de tou.te.s les exilé.e.s.

Tribune à l’initiative du Réseau Etudes Supérieures et Orientation des Migrant.e.s et des Exilé.e.s (RESOME) et signée par la Ligue des droits de l’Homme.

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Source: Ils ferment leurs frontières, nous ouvrons nos écoles