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Archives du tag : Communiqués

BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée 30 août 2024

BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée
BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée
BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée

BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée

Communiqué commun dont la LDH est signataire

La LDH est l’une de six organisations alertant sur l’engagement de BNP Paribas dans une émission d’obligations de l’État d’Israël, dans un contexte de guerre dont la plus haute juridiction internationale a évoque un risque plausible de génocide de la population palestinienne.

Dans un contexte de violations massives des droits humains et du droit international humanitaire par l’armée israélienne, six organisations dont la LDH alertent sur l’engagement de BNP Paribas dans une émission d’obligations de l’État d’Israël.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la FIDH, l’Association France Palestine solidarité (AFPS), la Confédération générale du travail (CGT), la Plateforme des ONG pour la Palestine et l’Union syndicale solidaires ont envoyé le 2 août 2024 un courrier à la direction de BNP Paribas pour demander confirmation de cette information et, dans l’affirmative, quelles dispositions BNP Paribas comptait prendre pour s’en désengager et se remettre en conformité avec son devoir de vigilance et avec ses propres engagements.

D’après des documents de l’Autorité américaine des marchés financiers datés du 5 mars 2024, consultés par le quotidien L’Humanité, BNP Paribas s’est engagé à hauteur de 2 milliards de dollars dans une émission d’obligations de l’État d’Israël d’un montant de 8 milliards de dollars réalisée avec trois autres opérateurs financiers. Il s’agissait de la première opération financière de ce type pour Israël depuis le début de la guerre. En finançant la dette souveraine de l’Etat d’Israël, le groupe BNP Paribas contribue à la poursuite d’une guerre dont la plus haute juridiction internationale souligne qu’elle est porteuse d’un risque génocidaire.

BNP Paribas ne pouvait pas ignorer l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice du 26 janvier 2024, qui a acté du caractère plausible d’un génocide mené par l’État d’Israël contre la population palestinienne de la bande de Gaza. Depuis le début de l’opération militaire israélienne au lendemain du 7 octobre 2023, les violations massives des droits humains et du droit international humanitaire ont été largement documentées. Le groupe BNP Paribas a aussi apporté son soutien par cette émission d’obligations à la politique de colonisation agressive du territoire palestinien occupé, une des priorités de l’actuel gouvernement israélien. L’occupation prolongée du territoire palestinien vient d’être considérée comme illégale par un avis de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024 qui l’a assimilée à une annexion de facto. La Cour a rappelé que la colonisation de ce territoire occupé constitue un crime de guerre au regard de la Quatrième Convention de Genève.

En tant qu’entreprise, BNP Paribas a l’obligation de se conformer à son devoir de vigilance sur les conséquences de ses opérations en matière de respect des droits humains. Le code de conduite du groupe BNP Paribas indique par ailleurs que « le groupe ne souhaite notamment pas participer à une quelconque violation des droits de l’homme par l’intermédiaire de ses activités d’investissement et de financement ». Les six organisations se disent déterminées à poursuivre l’action pour obtenir le désengagement de BNP Paribas de ce financement révoltant.

Paris, le 30 août 2024

Source: BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée

L’Observatoire de la liberté de création soutient Dmitry Glukhovsky et tous les auteurs et artistes russes qui s’opposent à la guerre 21 juin 2022

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création, dont la LDH est membre

L’Observatoire de la liberté de création affirme son plein et entier soutien aux artistes, cinéastes et écrivains russes qui s’opposent, depuis trois mois, à la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine et sont menacés directement par le pouvoir russe.

Le 4 mars dernier, quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine a signé une loi scélérate prévoyant une peine de quinze ans de prison pour toute personne publiant des « informations mensongères » sur la guerre en Ukraine. Dans les faits, cette loi interdit toute forme de journalisme indépendant dans le pays et toute critique de la guerre dont le terme même est contesté par le pouvoir.

Cette loi a voulu mettre un terme aux manifestations antiguerre ayant eu lieu dans les grandes villes (Moscou, Saint-Pétersbourg), suivies d’arrestations massives. Elle rend également impossible le métier de journaliste et plusieurs journaux, sites et médias ont dû fermer à la suite de sa promulgation.

Le pouvoir s’en prend également aux artistes protestataires.

L’Observatoire de la liberté de création a appris que l’écrivain de science-fiction et journaliste russe Dmitry Glukhovsky est sous le coup d’un mandat d’arrêt fondé sur cette nouvelle loi. Mais il n’a pas l’intention d’être réduit au silence.

Le 13 mars dernier, il déclarait au quotidien Libération que «  la guerre, ce sont des gens qui quittent leurs maisons vivants et des cercueils de zinc qui reviennent. Des ruines fumantes à la place de villes fleuries. Parce que la guerre c’est la peur éternelle. La pauvreté. La faim. C’est une folie collective. »

Et encore « La guerre à l’Ukraine a été déclarée par Poutine, personnellement. Une heure durant, sur toutes les chaînes, il a expliqué au peuple pourquoi la guerre était indispensable : uniquement parce que l’Ukraine est un sous-Etat, qui, par définition, ne mérite pas d’exister. Une aversion personnelle, c’est tout. Il n’y avait aucune autre raison pour la guerre, le reste n’était que des prétextes. »

Il  n’a eu de cesse, depuis lors, de continuer à critiquer la guerre, et c’est en vain que le pouvoir russe cherche à le faire taire.

Dans une vidéo publiée sur sa page Instagram  traduite en français sur le site Euronews, Dmitry Glukhovsky réitère ses critiques à l’égard du régime russe et réclame l’arrêt de la guerre :

« Le texte pour lequel je suis recherché est considéré comme jetant le discrédit sur l’armée russe, mais en fait c’est un article sur la censure militaire et la persécution politique des pacifistes en Russie. Toute opinion qui diffère des informations et des positions de la propagande russe est déclarée illégale, et ceux qui osent l’exprimer risquent jusqu’à 15 ans de prison.

Le post Instagram pour lequel je suis accusé de discréditer l’armée se présente comme suit : “Non à la guerre en Ukraine. Admettez que c’est une véritable guerre contre l’ensemble du peuple ukrainien et arrêtez-la !”

Indépendamment de ce dont on m’accuse, je suis prêt à répéter intégralement ces mots : “J’exige l’arrêt immédiat des hostilités en Ukraine et le retrait des troupes russes de ce pays. »

L’Observatoire de la liberté de création salue le courage de cet écrivain et lui fait part, à lui comme à tous les dissidents russes, de sa solidarité.

Liste des membres de l’Observatoire de la liberté de création :

Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (Acid) ; Association des cinéastes documentaristes (Addoc) ; Section française de l’Association internationale des critiques d’art (Aica France) ; Fédération des lieux de musiques actuelles (Fedelima) ; Fédération nationale des syndicats du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle (FNSAC-CGT) ; Fédération nationale des arts de la rue ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ;  Ligue de l’enseignement ; Les Forces musicales ; Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) ; Syndicat français des artistes interprètes (SFA-CGT) ; Syndicat national des artistes plasticiens (Snap-CGT) ; Syndicat national des scènes publiques (SNSP) ; Société des réalisateurs de films (SRF) ; Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).

Paris, le 20 juin 2022

Télécharger le communiqué de l’Observatoire de la liberté de création en pdf.

 

Source: L’Observatoire de la liberté de création soutient Dmitry Glukhovsky et tous les auteurs et artistes russes qui s’opposent à la guerre

L’Observatoire de la liberté de création dénonce les dégradations homophobes des photographies d’Olivier Ciappa : la LDH va porter plainte 10 juillet 2018

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

En moins d’un mois, les expositions « Les Couples imaginaires » et « Les Couples de la République », du photographe Olivier Ciappa, ont été vandalisées à trois reprises à Metz. Après des premiers tags début juin (« Non » écrit en rouge sur certaines photographies), les bâches ont été arrachées et déchirées dans la nuit de 27 au 28 juin 2018. Trois jours plus tard, l’exposition a été vandalisée par des tags signés de l’Action Française. L’intégralité des photographies a été dégradée.

Cette exposition, organisée en plein air par l’association LGBT Couleurs Gaies au square du Luxembourg à Metz dans le cadre d’un festival, montre des couples enlacés, LGBT anonymes, hétérosexuels et des personnalités.

Pour rappel, l’exposition « Les Couples imaginaires » avait été présentée dans diverses villes de France et avait été vandalisée à Paris à la mairie du 3e arrondissement en 2013 et à Toulouse en 2015.

L’Observatoire de la liberté de création exprime sa plus vive condamnation de ces actes de vandalisme à l’encontre d’œuvres photographiques. Leur répétition autant que leur caractère homophobe indiquent que les forces réactionnaires sont déterminées à tenter de saper dans la violence la démocratie et la liberté de création.

L’Observatoire de la liberté de création apporte son soutien à Olivier Ciappa et à l’association Couleur Gaies, invitant la ville de Metz et le procureur de la République à engager avec eux une action judiciaire afin que les auteurs de ces destructions volontaires soient identifiés et poursuivis. La LDH portera plainte à leurs côtés.

Paris, le 9 juillet 2018

 

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Source: L’Observatoire de la liberté de création dénonce les dégradations homophobes des photographies d’Olivier Ciappa : la LDH va porter plainte

L’Observatoire de la liberté de création apporte son soutien au Bataclan 14 juin 2018

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

N’en déplaise aux nouveaux censeurs de toutes obédiences, on ne demande pas l’annulation administrative d’un concert sans raison juridique valable et impérieuse.

La loi 2016-925 du 7 juillet 2016 pose en effet le principe de liberté de création et de diffusion des œuvres dans ses articles 1 et 2. Pourtant, depuis quelques jours, divers activistes d’extrême droite, suivis par des responsables politiques (Rassemblement national et Les Républicains) et deux avocats de familles de victimes des attentats du 13 novembre 2015 demandent l’annulation de deux concerts du rappeur Médine qui se tiendront au Bataclan en octobre prochain.

Les arguments avancés sont ceux de la dignité et du respect dû aux victimes des attentats. S’ils sont légitimes sur le terrain de la libre expression des opinions et des émotions individuelles et collectives, ils ne sont pas pertinents ici car aucune chanson de Médine ne s’attaque aux victimes du Bataclan ni ne fait l’apologie de leurs bourreaux. C’est donc que le problème n’est pas là.

Dans ses chansons incriminées, Médine met en cause de façon provocatrice une certaine vision de la laïcité, ce qui participe du débat démocratique. Nul n’est tenu de partager ses convictions, étant précisé que celles-ci paraissent en évolution et que ses chansons récentes ne sont pas de la même eau.

Dès lors, aucun juge ne pourra interdire ces concerts.

Au-delà de la question juridique, reste la question politique.

Une fois encore, les censeurs autoproclamés, qui tirent à boulets rouges sur la liberté de création, ne s’interrogent pas sur ce que leur demande de censure a de délétère pour la création artistique, la culture du débat et la démocratie. Ils jugent et décident en lieu et place du public et veulent faire leur propre loi, toujours au nom d’un intérêt qui mérite par ailleurs respect ou considération (hier féminisme, ici respect des victimes et défense de la laïcité).

En l’espèce, au-delà de la question artistique, c’est de culture et de vivre ensemble qu’il s’agit. La stigmatisation d’un chanteur musulman et par conséquent de son public risque en effet de provoquer le résultat inverse de celui affiché.

L’Observatoire de la liberté de création apporte son soutien au Bataclan qui n’a pas besoin, après avoir subi ce qu’il a subi, d’autorisation préfectorale ou du juge pour décider, en pleine connaissance de cause, de sa programmation.

 

Paris, le 12 juin 2018

 

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Source: L’Observatoire de la liberté de création apporte son soutien au Bataclan

L’Observatoire de la liberté de création affirme que Bertrand Cantat a le droit de chanter 16 mars 2018

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

Qu’il y ait un débat sur ce que représente Bertrand Cantat sur scène est parfaitement légitime. On peut aussi considérer qu’il y a une certaine hypocrisie à ne contester que sa tournée et pas ses disques, comme si le concert était le lieu de toutes les sacralisations.

En tout état de cause, ce débat change de nature quand il se transforme en demande d’annulation de sa tournée.

Cantat a le droit de chanter, les programmateurs sont libres de le programmer et chacun est libre d’aller le voir, ou pas.

Dans un Etat de droit, personne ne se fait justice à soi-même, et personne ne fait justice à quelqu’un d’autre en dehors de la justice.

Les demandes, directes ou indirectes, de censure ou d’annulation de son spectacle, qu’elles soient portées par des associations comme Osez le féminisme ou par des personnes hors réseaux associatif, les pressions diverses et variées des élus, les retraits de subventions aux festivals ou structures qui le programment contreviennent à la lettre et à l’esprit de la loi.

Il semble nécessaire de rappeler aux uns et aux autres les dispositions légales. La loi de 2016 dispose dans son article 2 que la diffusion de la création artistique est libre, et l’article 431-1 du Code pénal réprime le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté de création artistique ou de la liberté de la diffusion de la création artistique d’un an d’emprisonnement et de quinze mille euros d’amende.

D’autre part, l’Etat (c’est l’article 3 de cette loi), à travers ses services centraux et déconcentrés, et les collectivités territoriales doivent mettre en œuvre la politique en faveur de la création artistique, laquelle poursuit notamment comme objectif le soutien de l’existence et le développement de la création artistique sur l’ensemble du territoire, en particulier la création d’œuvres d’expression originale française et la programmation d’œuvres d’auteurs vivants, et doit garantir la liberté de diffusion artistique en développant l’ensemble des moyens qui y concourent. L’Etat doit encore promouvoir la circulation des œuvres sur tous les territoires, la mobilité des artistes et des auteurs et entretenir et favoriser le dialogue et la concertation entre l’Etat, l’ensemble des collectivités publiques concernées, les organisations professionnelles, le secteur associatif, les acteurs du mécénat et l’ensemble des structures culturelles et leurs publics.

En prenant des positions qui ne sont pas à la hauteur des exigences légales à propos de la tournée de Bertrand Cantat, et en gardant un silence inquiétant sur la plupart des affaires récentes d’atteinte aux libertés de création et de diffusion des œuvres, la ministre de la Culture manque aux devoirs relevant de son titre et de son domaine d’intervention.

L’Observatoire de la liberté de création regrette que l’artiste, sous la pression, ait renoncé à tourner dans les festivals cet été et s’inquiète qu’en France, en 2018, certains soient plus tentés par les réflexes de censure que par le respect des libertés et par le débat démocratique qu’ils réclament, paradoxalement, de leurs vœux.

 Paris, le 13 mars 2018

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Source: L’Observatoire de la liberté de création affirme que Bertrand Cantat a le droit de chanter

Contre le retour de la censure institutionnelle 20 novembre 2017

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

L’Observatoire de la liberté de création rappelle qu’il relève du rôle de la ministre de la Culture de soutenir activement les institutions culturelles faisant l’objet de demandes de censure, et qu’il ne suffit pas, pour ce faire, de rappeler la distinction, essentielle au demeurant, entre les auteurs et leurs œuvres.

L’Observatoire de la liberté de création rappelle qu’en vertu des articles 1 et 2 de la loi du 7 juillet 2016, la création et la diffusion des œuvres artistiques sont libres. En outre, constitue un délit pénal le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté de création artistique ou de la liberté de la diffusion de la création artistique.

L’Observatoire tient à dire son inquiétude face à la démultiplication des demandes de censure, et apporte son soutien aux institutions, aux artistes et à tous ceux qui œuvrent dans le domaine de l’art.

Ce n’est pas aux groupes de pression de décider de la programmation, ou de la déprogrammation, d’une institution culturelle. Ce n’est pas non plus aux institutions culturelles de devancer les pressions et de censurer les œuvres, comme l’ont fait la Cinémathèque, en déprogrammant la rétrospective de Jean-Claude Brisseau, ou le Musée du Louvre, en refusant l’œuvre Domestikator, de Van Lieshout, dans le jardin des Tuileries pendant la Fiac.

Les grandes institutions culturelles ne sont pas les gardiennes de la vertu, et elles doivent être exemplaires, comme l’a été le centre Pompidou, en recueillant Domestikator sur son parvis.

Enfin, l’Observatoire de la liberté de création demande une nouvelle fois aux élus et aux responsables politiques de respecter la liberté de création et de diffusion des œuvres.

 

Télécharger le communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

 

Le 15 novembre 2017

Source: Contre le retour de la censure institutionnelle

Soutien à Anouar Rhamani par l’Observatoire de la liberté de création 27 mars 2017

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création et de la Société des Gens de Lettres (SGDL)

 

Un étudiant en droit et romancier algérien de 25 ans, Anouar Rahmani, a été longuement interrogé le 28 février 2017 par la police judiciaire de Tipaza. Il a appris qu’une enquête avait été ouverte sur un de ses romans, publié en août dernier sur Internet, La Ville des ombres blanches. Il risque donc d’être inculpé par le procureur de la République pour offense au prophète et insulte à l’islam. Aucune source policière ou judiciaire n’a confirmé cette information, mais la Société des Gens de Lettres (SGDL) et l’Observatoire de la liberté de création de la Ligue des droits de l’Homme (France) s’inquiètent vivement des suites qui pourraient être données à cette affaire. L’article 144 bis du Code pénal, contesté par la société civile algérienne, menace de trois à cinq ans de prison et d’une amende de cent mille dinars « quiconque offense le prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen ».

Anouar Rahmani a déjà subi des menaces, des accusations de blasphème et d’apostasie et des campagnes de dénigrement, en particulier pour les positions qu’il a prises sur son blog pour défendre la communauté LGTB ou les minorités religieuses.

En l’espèce, c’est un roman qui est visé. L’Algérie est officiellement une république démocratique, qui a ratifié, en 1989, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU. Elle garantit, par sa Constitution, la liberté de conscience et la liberté d’opinion (art. 42), ainsi que la « liberté de création intellectuelle, artistique et scientifique » (art. 44).

Les questions des policiers – « Pourquoi avez-vous écrit un tel roman ? », « Pourquoi avez-vous insulté Dieu ? » – visent la liberté de création, garantie à l’auteur par la Constitution de son pays.

Le passage incriminé du roman met en scène un vagabond fou qui prétend être Dieu, descendu parmi ses créatures pour les éprouver. Dans son délire, il dit avoir créé le ciel avec du chewing-gum. Blasphème ? Si c’est le cas, il est attribué à un personnage, dont le narrateur (qui, lui-même, ne peut être identifié à l’auteur) désapprouve explicitement les propos et la conduite.

Human Rights Watch, contactée par le romancier, a demandé au procureur de la République d’Algérie d’abandonner les poursuites. La SGDL et l’Observatoire de la liberté de création s’associent pleinement à cette demande.

 

Paris, le 20 mars 2017

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Source: Soutien à Anouar Rhamani par l’Observatoire de la liberté de création