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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives par catégorie : Articles

21 novembre 2024 – Tribune collective « Ne laissons pas la pauvreté devenir quelque chose d’acceptable » publiée dans Libération 25 novembre, 2024

Tribune collective signée par Nathalie Tehio, présidente de la LDH

Lire la tribune dans Libération

Comment se fait-il que la France ne parvienne plus à faire reculer la misère ? Trente ans après la «grande cause nationale 1994», le collectif Alerte préconise de changer de braquet et d’investir plus en amont pour éradiquer la pauvreté à la racine.

La France tolère aujourd’hui ce qui était inacceptable hier. Plus de 9 millions de personnes sont en situation de pauvreté en France métropolitaine dont près de 4 millions en situation de grande pauvreté. Des milliers d’enfants dorment à la rue chaque nuit et pour au moins 8 millions de personnes, l’accès à une alimentation suffisante et digne demeure un défi quotidien, malgré leur droit à l’alimentation. Pire encore, il faut 6 générations pour qu’un descendant de famille pauvre atteigne le revenu moyen en France.
Voilà 30 ans les associations de solidarité et de défense des droits humains s’étaient réunies pour réclamer d’une même voix un pacte contre la pauvreté. Depuis cette « grande cause nationale 1994 », les plans de lutte contre la pauvreté se sont succédés, mais la pauvreté a continué de toucher un nombre croissant de personnes. Nous ne pouvons nous résoudre à cette triste fatalité ! Comme Victor Hugo, nous sommes « de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère ». Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la pauvreté qui s’enracine au sein de notre société. Les personnes en situation de précarité ne demandent pas la charité, elles demandent l’égal accès aux droits, l’égalité des chances et le respect de leur dignité.
Comment se fait-il que notre modèle social socle de notre démocratie, ne parvienne plus à faire reculer la misère ? Notre système est très redistributif mais de plus en plus ignorant du coût de la pauvreté. Nous avons évalué que chaque année, la France dépense plus de 50 milliards d’euros directement contre la pauvreté mais elle subit indirectement presque 70 milliards d’euros de coûts indirects des conséquences de la pauvreté : mauvaise santé, échec scolaire, privation d’emploi… Il faut changer de braquet et investir plus en amont pour éradiquer la pauvreté à la racine en assurant aux personnes un revenu digne, l’accès à une alimentation nutritive, un accompagnement vers l’emploi décent et durable, une offre de logement abordable, des soins de santé accessibles et répondant aux besoins des personnes… plutôt que de subir les conséquences sociales, sociétales, mais aussi économiques de la pauvreté. Ainsi, si le retour à l’emploi est une des clés de la sortie de la pauvreté, nous le savons, une politique de lutte contre la pauvreté axée uniquement sur le travail est vouée à l’échec ainsi que l’atteste la récente hausse du nombre de personnes en situation de pauvreté malgré la baisse du chômage. Les déterminants de la pauvreté sont multidimensionnels et appellent des réponses structurelles et coordonnées dans plusieurs domaines.
Si les acteurs associatifs luttent sans relâche auprès des personnes dans les villes comme dans les campagnes, leur action seule ne suffira pas. Et ils s’épuisent car le nombre de personnes en précarité augmente sans cesse et de nouveaux publics sont touchés et risquent de basculer, tandis que leurs moyens et les conditions de leur action ne cessent de se dégrader. Un engagement politique est donc indispensable pour garantir des conditions de vie dignes à chacune et à chacun. Cela passe notamment par le renforcement de l’accessibilité des services publics pour les personnes les plus en difficulté. En ce sens, nous demandons une action résolue contre les entraves aux droits à laquelle devra contribuer la solidarité à la source.

Face aux enjeux du pays, qu’ils soient sociaux, écologiques, agricoles ou économiques, stigmatiser les personnes en situation de pauvreté ne sera en rien une solution d’avenir. Nous devons au contraire répondre à partir des personnes concernées par la confiance, la solidarité, l’engagement collectif dans la durée et aussi par l’audace. La France pourrait être fière d’être le premier pays au monde à se doter d’un objectif d’éradication de la grande pauvreté !
Ensemble, travaillons pour faire de la France un pays où chacun a sa place, où personne n’est laissé pour compte, et où la pauvreté appartiendra enfin au passé.

Signataires :
• Noam LEANDRI, président du Collectif ALERTE
• Didier DURIEZ, président du Secours catholique
• Marie-Aleth GRARD, présidente d’ATD Quart monde
• Valérie FAYARD, présidente de La Cloche
• Anne GENEAU, présidente des Petits Frères des Pauvres
• Bruno MOREL, président d’Emmaüs France
• Daniel GOLDBERG, président de l’UNIOPSS
• Laurent El GHOZI, président de la Fnasat-Gens du voyage
• Laurent PINET, Président Coorace
• Christophe ROBERT, délégué général de la Fondation Abbé Pierre
• Marie-Andrée BLANC, présidente de l’Union nationale des associations familiales (Unaf)
• Aïcha KORAÏCHI, présidente d’Action contre la Faim
• Pascal BRICE, président de la Fédération des acteurs de la solidarité
• Guillaume LATIL, directeur général de la Fondation de l’Armée du Salut
• Olivier RIGAULT, président de l’Unafo, Union professionnelle du logement accompagné
• Nathalie TEHIO, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme)
• Najat VALLAUD-BELKACEM, présidente de France Terre d’Asile
• Philippe PELLETIER, président d’Habitat et Humanisme
• Claire d’HENNEZEL, Agence nouvelle des solidarités actives
• Henry Masson, président de La Cimade

Source: 21 novembre 2024 – Tribune collective « Ne laissons pas la pauvreté devenir quelque chose d’acceptable » publiée dans Libération

35 ans après la ratification de la Cide, la LDH demande son application effective 25 novembre, 2024

Communiqué LDH

Il y a trente-cinq ans, le 20 novembre 1989, la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide) était adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU. Pour la première fois, l’enfant (de la naissance à 18 ans) devenait un sujet de droits et l’intérêt supérieur de l’enfant était posé en principe essentiel par ce texte qui a valeur contraignante pour les Etats signataires.

Le droit de l’enfant à être protégé

Les politiques publiques doivent veiller à la protection de tous les enfants, qu’ils soient français, étrangers et/ou non accompagnés, tout d’abord en protégeant les enfants contre les violences physiques, sexuelles et psychologiques. Rappelons qu’un enfant meurt tous les cinq jours des suites des mauvais traitements.

La grande pauvreté est aussi une atteinte aux droits fondamentaux des enfants, en France cela concerne un enfant sur cinq. Le dernier baromètre des enfants à la rue révèle une augmentation alarmante du nombre d’enfants sans abri, malgré les alertes répétées, dans un contexte économique et social qui exacerbe les inégalités.

Pour la LDH (Ligue des droits de l’Homme), la protection des enfants en danger doit être une priorité.

Cela passe par la mise en place d’une politique de prévention de la maltraitance des enfants et le renforcement des moyens des services sociaux. Les juges pour enfants et la protection judiciaire de la jeunesse doivent disposer de moyens suffisants pour pouvoir exercer leurs missions et les décisions des juges doivent être exécutées sans délai. Les mesures éducatives doivent être privilégiées et les enfants de plus de 16 ans ne peuvent être assimilés à des adultes, tant en matière de peine encourue que pour appliquer la comparution immédiate.

Le droit de l’enfant à l’éducation

En France, des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés. Les impacts de la non-scolarisation sont graves. Trop d’enfants deviennent des enfants « à la rue », en quête de ressources économiques ou en errance comme certains mineurs non accompagnés (MNA) non pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), proies faciles pour la traite ou pour des gangs.

La LDH dénonce le manque de volonté politique pour permettre à chaque enfant d’avoir accès à l’enseignement.

Une scolarisation pérenne n’est possible que si l’enfant a un niveau de vie suffisant et vit dans un logement décent. Il est inadmissible que des familles soient expulsées sans prendre en compte la continuité de la scolarisation des enfants.

Le droit de l’enfant à vivre en bonne santé

Selon l’Unicef, 1,6 millions d’enfants ont besoin d’un accompagnement psychiatrique, mais seulement 800 000 en bénéficient du fait d’une dégradation de nombreux services publics pour l’enfance, dont ceux liés aux soins de santé.

La LDH estime que tous les services publics doivent être renforcés dans les domaines de la protection sociale, des loisirs, des transports, de la culture, du sport, de la justice, et ceci pour tous les enfants.

Il est urgent de remédier aux insuffisances de moyens et de personnels médicaux, de services et de structures.

Une politique en faveur des enfants passe par la lisibilité des mesures qui leur sont appliquées, à travers un code général de l’enfance et une attention dédiée lors de l’adoption de chaque loi ou chaque décret.

La LDH demande que la Cide serve de guide aux politiques publiques.

Paris, le 19 novembre 2024

Source: 35 ans après la ratification de la Cide, la LDH demande son application effective

D&L 206 – Pour une théorie générale de la sécurité 12 novembre, 2024

D&L 206 – Un combat contre le « permis de tuer des policiers » 12 novembre, 2024

Victoire de Donald Trump, vigilance et solidarité pour défendre les droits pour toutes et tous 8 novembre, 2024

Communiqué LDH

La victoire de Donald Trump n’est pas qu’une très mauvaise nouvelle, c’est une mise en danger directe de la démocratie au travers d’une élection. Elle porte la marque d’une détérioration profonde du débat public, d’un déni total de l’éthique en politique, d’une agressivité sans guère de précédent pour légitimer les valeurs les plus rétrogrades, qu’il s’agisse de la liberté des femmes, de la place des minorités visibles, des droits de toutes celles et ceux qui sont la cible de discriminations, singulièrement en raison de leurs origines, leurs apparences, leur genre. Au vu des réactions dans le monde et notamment des chefs d’Etats qui se félicitent de la victoire du candidat républicain, on peut avancer qu’elle constitue un encouragement aux régimes qui pratiquent le déni de toute transition écologique, s’en prennent à la paix, piétinent les droits, étouffent les libertés, soufflent sur les braises du nationalisme et de la xénophobie.

Le choix des électrices et électeurs américains de conforter de telles dérives est une traduction dans le champ du vote d’une multitude de facteurs sociaux, économiques, psychologiques… Il participe d’une tendance lourde générale, amorcée depuis plusieurs décennies et orchestrée par les promoteurs d’un néolibéralisme qui a exacerbé les inégalités, encouragé la mise en compétition de tous avec tous, poussé à la recherche de boucs émissaires avec son corollaire, les replis identitaires réactionnaires. Le résultat du vote aux Etats-Unis risque d’exacerber les tensions et les difficultés de toutes et de tous, introduisant le monde, dont l’Europe, dans une longue séquence de périls en tous domaines, pour l’égalité, pour la solidarité, pour des sociétés inclusives, pour la démocratie.

Les temps à venir seront marqués par une confrontation plus brutale encore entre les partisans des droits de l’Homme et leurs adversaires résolus. Cela se vérifiera dans la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes, dans le refus des hiérarchisations racistes et des discriminations qui les expriment, dans la défense pied à pied de tout ce qui fonde l’humanité comme humanité commune et solidaire. Plus que jamais, il sera nécessaire que des alternatives démocratiques, écologiques et sociales émergent pour porter un futur désirable, un futur nécessaire à l’humanité et au vivant.

Fidèle aux valeurs d’égalité, de fraternité et de liberté qui l’accompagnent depuis sa création, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) assure les défenseuses et défenseurs des droits des Etats-Unis de son entière solidarité face aux agressions qu’elles et ils vont devoir affronter.

Ce que le vote à la présidentielle américaine porte, les effets qu’il va produire nous rappellent qu’en France aussi, il y a nécessité de construire une unité autour de la large conscience du risque que représente l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

La LDH porte dans le débat public l’absolue nécessité de regrouper des forces diverses pour gagner ce combat. Elle affirme que seule une société fondée autour de droits effectifs, réels, vécus, pour toutes, pour tous, éloigne le danger.

Paris, le 7 novembre 2024

Télécharger le communiqué LDH en pdf.

Source: Victoire de Donald Trump, vigilance et solidarité pour défendre les droits pour toutes et tous

Pour la journée de solidarité intersexe le 8 novembre 2024, la LDH réitère son soutien plein et entier aux personnes concernées et à leurs proches 8 novembre, 2024

Communiqué LDH

En 2021, à l’occasion du processus de révision du cadre législatif en matière de bioéthique, le Parlement s’est penché sur la prise en charge des enfants intersexes par le corps médical.

Désormais, la loi de bioéthique envisage, parmi les propositions thérapeutiques adressées aux enfants intersexes et à leur famille, l’abstention thérapeutique[1], augurant un changement d’approche. Cette loi a pu générer ou renforcer des pratiques médicales, sociales ou encore parentales davantage respectueuses des droits des enfants et adolescent-e-s intersexes. Toutefois, trois ans plus tard, les personnes concernées et les collectifs qui les représentent font état de plusieurs préoccupations que la LDH (Ligue des droits de l’Homme) partage.

S’agissant du cadre légal d’abord, la loi de 2021 présente certaines lacunes dans son approche, par exemple en n’interdisant pas explicitement les mutilations génitales des enfants intersexes. En outre, sa mise en œuvre dépend d’un arrêté qui ne prévoit pas lui-même de garanties suffisantes.

S’agissant de la réalité des pratiques médicales, dans certains cas, les informations délivrées aux enfants et à leur famille sur les différentes alternatives thérapeutiques et leurs conséquences continueraient d’être parcellaires ou orientées, les privant de leur droit de « procéder à un choix éclairé », en contradiction avec la lettre de la loi de 2021 et, plus généralement, avec le principe de consentement libre et éclairé préalable à tout soin.

Par ailleurs, des centres de référence ne collaboreraient pas suffisamment avec les autorités et les scientifiques, par exemple, en ne remontant pas les chiffres et les conditions relatives à la prise en charge des personnes, empêchant ainsi l’évaluation de leurs pratiques.

Dans le prolongement de sa résolution de 2019, la LDH réitère son soutien plein et entier à la lutte contre les violences et les discriminations dont sont victimes les personnes intersexes, majeures comme mineures, et déplore que les enjeux auxquels elles sont confrontées demeurent un point aveugle des politiques publiques[2].

Elle rappelle également la nécessité pour les autorités de s’aligner avec les normes internationales et européennes[3] de protection et de garantie des droits des personnes intersexes, par exemple en interdisant explicitement toutes les interventions chirurgicales ou traitements des enfants qui ne seraient pas absolument nécessaires pour des raisons de santé, ainsi que l’a rappelé, entre autres, en juin 2023, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies[4].

En outre, pour que la loi déploie ses effets dans le respect des droits des personnes intersexes, les protocoles de prise en charge et d’accompagnement devraient être élaborés en collaboration étroite avec les personnes concernées et les collectifs les représentant.

L’ensemble des professionnel-le-s impliqué-e-s dans la prise en charge des enfants et de leur famille doivent recevoir une formation tant initiale que continue fondée sur des données factuelles, afin, entre autres, de leur délivrer des informations exactes[5], fiables, actualisées et de qualité.

Enfin, la LDH rappelle que sans l’octroi des moyens financiers, matériels et humains, suffisants aux services de santé et aux associations de personnes concernées, une prise en charge respectueuse des droits des personnes intersexes ne pourra se concrétiser.

[1] Art. 30 de la loi de bioéthique, 2021.
[2] Commission nationale consultative des droits de l’Homme, Évaluation du Plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ (2020-2023), A-2023-4, 30 novembre 2023, spéc. p. 26.
[3] En ce sens, voir notamment : Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Promouvoir les droits humains et éliminer les discriminations à l’égard des personnes intersexes, Résolution 2191 (2017), 12 octobre 2017 ; Parlement européen de l’Union européenne, Résolution sur les droits des personnes intersexuées, 2018/2878(RSP), 14 février 2019.
[4] Comité des droits de l’enfant, Concluding observations on the combined sixth and seventh reports of France, CRC/C/FRA/CO/6-7, 2 juin 2023, § 30 b).
[5] Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, Résolution 55/14. Lutte contre la discrimination, la violence et les pratiques préjudiciables à l’égard des personnes intersexes, avril 2024 (https://documents.un.org/doc/undoc/gen/g24/060/58/pdf/g2406058.pdf), § 3.

Paris, le 8 novembre 2024

Télécharger le communiqué « Pour la journée de solidarité Intersexe le 8 novembre 2024, la LDH réitère son soutien plein et entier aux personnes concernées et à leurs proches » en format PDF

Source: Pour la journée de solidarité intersexe le 8 novembre 2024, la LDH réitère son soutien plein et entier aux personnes concernées et à leurs proches

Israël, Gaza, Liban… Mettre des mots sur l’horreur est un droit 6 novembre, 2024

Communiqué LDH

« La première victime de la guerre, c’est la vérité ». On ne connaît pas avec certitude l’auteur de la citation. En revanche, on sait sans l’ombre d’un doute qu’elle se vérifie, encore et toujours plus, à chaque conflit armé. L’actuelle offensive militaire d’Israël menée en Cisjordanie occupée, à Gaza, au Liban, en Iran… illustre, hélas, qu’à une époque où la communication n’a pas de frontières, la vérité est prise pour cible sur les lieux du conflit – ce dont témoignent le blocus médiatique imposé par Israël et les 182 journalistes tués à Gaza – tout comme elle est déniée aux opinions publiques.

Cela se vérifie en France où, tournant le dos aux vérités, une série d’acteurs politiques, religieux, communautaires, servent de relais actifs à la vision de l’extrême droite israélienne. Pour cela, ils multiplient les initiatives visant moins à cristalliser la sympathie qu’à délégitimer toute parole adverse, empêcher toute mise en débat, toute tentative d’analyse. Il s’agit là de faire disparaître la catastrophe humaine et politique en cours, la rupture radicale d’avec le cadre international mis en place à l’issue de la Seconde guerre mondiale par un pays qui se réclame de la démocratie.

On a ainsi entendu un grand rabbin de France exprimer, toute honte bue et à plusieurs reprises, sa volonté de voir l’armée israélienne « finir le job », justifier le massacre de civils, de femmes et d’enfants en en rejetant la seule responsabilité sur le Hamas, ignorer superbement les éléments de base du droit humanitaire international.

La timide déclaration du président de la République, introduisant la notion de « barbarie » pour mettre en doute la dimension de « guerre de civilisation » brandie par la partie israélienne a de même donné lieu à un déchaînement de critiques offusquées notamment à l’initiative du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Comme si le gouvernement israélien n’avait pas agi militairement et sciemment contre l’Onu, comme si les députés de la Knesset n’avaient pas annulé l’accord encadrant les relations d’Israël et de l’Unrwa…

Dans le droit fil de ce déchaînement sanguinaire, une députée annonce une proposition de loi pour lutter contre les « formes renouvelées d’antisémitisme ». Comme si l’histoire s’était arrêtée le 7 octobre 2023, comme si rien de notable ne s’était passé depuis, il s’agit là encore, d’assimiler toute critique du gouvernement israélien et de ses exactions à de l’antisémitisme. Le contenu de la loi en question a l’allure d’un triple bâillon : condamnation renforcée de l’apologie du terrorisme, condamnation de toute « négation de l’Etat d’Israël », condamnation de toute comparaison avec la Shoah afin d’éviter tout « relativisme ».

Il faut le dire clairement : cet aveuglement aux simples faits, à toute rigueur historique, cet acharnement mis à faire taire, à faire obstacle à toute réflexion, à éliminer toute perspective de règlement négocié du sort des otages, de l’avenir de Gaza, toute désescalade du massacre n’ont rien à voir avec la lutte contre l’antisémitisme. Ils contribuent à favoriser un laisser-faire qui n’est ni plus ni moins qu’une non-assistance à peuples en danger. Ils ébranlent dangereusement l’ordre juridique international construit au lendemain de la Seconde guerre mondiale. En s’attaquant à la liberté fondamentale du droit d’expression, ils contribuent à exacerber les tensions en France et dans le monde. Sous nos yeux, une catastrophe sanglante est en cours, dont nul ne sortira indemne. Pour la LDH (Ligue des droits de l’Homme), l’urgence humanitaire, politique et juridique, pour les peuples de la région, pour la paix dans le monde, suppose qu’on regarde l’horreur en face et qu’on lui oppose tous les débats, toutes les initiatives visant à promouvoir une alternative de paix à l’horreur en marche.

Paris, le 5 novembre 2024

Télécharger le communiqué « Israël, Gaza, Liban… Mettre des mots sur l’horreur est un droit » en PDF

Source: Israël, Gaza, Liban… Mettre des mots sur l’horreur est un droit

En solidarité féministe avec l’étudiante iranienne agressée par la « Police des mœurs » battue et arrêtée pour un « voile mal porté » en Iran 6 novembre, 2024

La LDH appelle au rassemblement du mardi 5 novembre 2024, à 17h, devant l’université de la Sorbonne, place du Panthéon à Paris

En moins de 24h, une vidéo qui nous vient de l’université des sciences de Téhéran est devenue virale et a été partagée par des millions d’internautes à travers le monde.

On y voit, une étudiante, fière et digne, faire face à deux patrouilleurs de la police des mœurs sur le campus après qu’elle ait été agressée par eux et ses vêtements déchirés pour un voile prétendument « mal ajusté ».

En guise de protestation et dans un geste de résistance qui force l’admiration, l’étudiante s’est alors dévêtue, crime passible de prison voire de mort en République islamique, et affrontant les autorités, a déambulé devant ses camarades et les forces de sécurité en sous-vêtements. Elle a été immédiatement arrêtée, battue et incarcérée, les médias d’Etat iraniens qualifiant son acte de « terrorisme ».

Cet acte de bravoure nous rappelle qu’en théocratie, les femmes et les minorités de genre font quotidiennement face à un double harcèlement de rue. De la part des hommes, comme partout dans le monde, mais aussi et surtout de la part de la structure du pouvoir misogyne, autoritaire et religieux et de son impitoyable police des mœurs chargée de faire appliquer les lois patriarcales et de domination qui instituent la tutelle du mari et du frère, contrôle les corps des femmes et des minorités de genre, au nom de la chasteté et de la pudeur, les spolient économiquement et les évince des plus hautes fonctions sociales, économiques et politiques.

En tous lieux, des femmes sont tuées, abusées et dominées par misogynie toujours, par despotisme parfois, et son bras armé, la tyrannie religieuse.

Jina Mahsa Amini n’est pas morte pour une mèche de cheveu. Jina Mahsa Amini a été tuée, en République islamique, parce que c’est une femme.

Moumita Debna, jeune médecin, n’a pas seulement été violée et laissée pour morte après son service dans l’Inde de Modi. Moumita Debna a été tuée, dans les rues de Calcutta, parce que c’est une femme.

Plus près de nous, Gisèle Pelicot, aussi, aurait pu mourir, assommée des drogues que lui administrait son époux. Gisèle Pélicot a été livrée, toute entière, à des prédateurs et abusée parce que c’est une femme.

En solidarité féministe avec cette étudiante iranienne et pour qu’aucune femme n’ait jamais à se dresser seule face à ses bourreaux, nous, féministes, syndicalistes, étudiant-e-s, militant-e-s des droits humains, artistes, citoyen-n-e-s engagé-e-s, élu-e-s appelons à une action de mobilisation :

Rassemblement le mardi 5 novembre 2024, à 17h, devant l’université de la Sorbonne, place du Panthéon à Paris.

Source: En solidarité féministe avec l’étudiante iranienne agressée par la « Police des mœurs » battue et arrêtée pour un « voile mal porté » en Iran

Présence du ministre israélien Bezalel Smotrich à Paris le 13 novembre à Paris 6 novembre, 2024

Lettre ouverte commune à l’attention du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Monsieur le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,

Nous avons appris le 16 octobre que Bezalel Smotrich, ministre israélien des finances et ministre de tutelle de la Cisjordanie occupée au sein du ministère de la défense, sera invité à un événement de gala de l’association Israel is Forever le 13 novembre 2024 à Paris. Il n’est pas acceptable qu’un ministre associé à l’intensification massive de la colonisation du territoire palestinien occupé, connu pour ses multiples appels à la violation des droits humains et du droit international, participe à un événement organisé en France. Nous vous appelons à placer M. Smotrich sur la liste des personnes visées par le prochain paquet de sanctions relatives à la colonisation israélienne.

En tant que ministre au sein du ministère de la défense, Bezalel Smotrich est l’un des principaux responsables de la colonisation israélienne du territoire palestinien occupé. En février 2023, M. Smotrich s’est vu confier de nombreuses compétences relatives à la colonisation de la Cisjordanie occupée, auparavant exercées par l’armée israélienne. Le ministre a depuis lors lancé de nombreux projets de colonisation, multipliant les faits accomplis en Cisjordanie. En mars 2023, il déclarait que la localité palestinienne de Huwara devait être « anéantie » par l’armée israélienne.

M. Smotrich a par ailleurs déclaré en août dernier qu’il était « justifié et moral » de bloquer l’aide humanitaire en direction de la bande de Gaza, même si cela pouvait entraîner la mort de deux millions de civils palestiniens. Le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borrell a appelé le 11 août dernier les Etats-membres de l’UE à sanctionner les ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir pour des propos qui constituent des incitations aux crimes de guerre.

Bezalel Smotrich s’était déjà rendu en France en mars 2023. À cette occasion, il avait déclaré que « le peuple palestinien [était] une invention », niant ainsi son droit à l’autodétermination, devant un pupitre représentant une carte du « grand Israël » qui englobait le territoire palestinien occupé et plusieurs pays voisins.

Dans un avis consultatif publié le 19 juillet dernier, la Cour internationale de justice a estimé que l’occupation par Israël du territoire palestinien était illégale. La Cour a confié à tous les Etats la responsabilité de mettre fin à ces violations du droit international. Le 26 janvier 2024, la Cour a évoqué un risque plausible de génocide et ordonné à Israël « de cesser immédiatement toutes ses opérations militaires et de faciliter l’accès à l’aide humanitaire. »

Alors que le décompte officiel des morts dépasse les 42 000 Palestiniens tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, dont plus de 14 000 enfants, et que le risque que ce chiffre soit largement sous-estimé est élevé, la France doit exercer une réelle pression à l’encontre du gouvernement israélien afin que celui-ci accepte le cessez-le-feu et soit tenu responsable des multiples violations des droits humains et du droit international dont il s’est rendu responsable. Dans ce contexte, il serait incompréhensible de laisser cet événement se tenir à Paris en présence de M. Smotrich.

Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’assurance de notre haute considération.

Signataires :
François Leroux, président, Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
Nathalie Tehio, présidente, LDH (Ligue des droits de l’Homme)
Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale, Cimade
Anne Tuaillon, présidente, Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Maurice Buttin, président par intérim du CVPR-PO
Lucien Champenois, président par intérim de l’association « Pour Jérusalem »
Ivar Ekeland, président, Association des universitaires pour le respect du droit international public (AURDIP)
Bernard Dreano, président, Cedetim
Marilyn Pacouret, présidente, Chrétiens de la Méditerranée, Amis de Sabeel France
Georges-Henri Beauthier, secrétaire général, One Justice
Béatrice Orès, co-présidente, Union juive française pour la paix (UJFP)
François Sauterey, co-président, Mouvement contre le racisme et pour l’Amitié entre les peuples (Mrap).
Luc De Ronne, président, ActionAid France
Karim Touche, président, Réseau Euromed France (REF)
Virginie Amieux, présidente du CCFD-Terre solidaire

Paris, le 31 octobre 2024

Source: Présence du ministre israélien Bezalel Smotrich à Paris le 13 novembre à Paris

Six organisations dénoncent la tenue du gala prévu à Paris le 13 novembre par l’association Israël Is Forever avec la participation du ministre israélien Bezalel Smotrich 6 novembre, 2024

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Le 13 novembre prochain devrait avoir lieu, à Paris, un gala organisé par l’association Israël Is Forever, avec, comme invité-vedette, le ministre israélien d’extrême droite, Bezalel Smotrich. Les organisateurs ont comme objectif la « mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ».

À l’heure où l’Etat d’Israël poursuit depuis plus d’un an une guerre totale contre le peuple palestinien à Gaza et aussi en Cisjordanie, en commettant quotidiennement des massacres qui apparaissent comme une stratégie de terreur à l’égard de la population palestinienne… À l’heure où la Cour internationale de justice (CIJ) déclare, à travers plusieurs ordonnances, que la perpétration d’un génocide à Gaza était plausible et où elle rappelle aux Etats qu’il est de leur devoir de tout faire pour empêcher ce génocide… À l’heure où la même CIJ a rappelé que la colonisation du territoire palestinien occupé est illégale et a statué que cette occupation est illégale… À l’heure où l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) exige qu’Israël se retire de ce territoire et que les Etats s’abstiennent de toute activité de nature à soutenir la colonisation…

La tenue de ce gala dans la capitale française, constituerait une injure au droit international et une marque de mépris pour l’ONU et pour les ordonnances prononcées par la plus haute juridiction internationale ainsi que pour la résolution votée par la France le 18 septembre.

Rappelons qui sont les deux principaux acteur et actrice de ce gala révoltant :

Nili Kupfer-Naouri, présidente de l’association Israël Is Forever, organisatrice du gala, est une avocate ayant les nationalités française et israélienne qui tient publiquement des propos qui s’apparentent à de l’apologie de crimes de guerre. Parmi ses nombreuses déclarations, citons : « Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza » ou : « Qu’il ne reste plus rien de Gaza et qu’on [peut] y installer une grande hityashvut, une grande réimplantation juive » ou encore
« Nous ne voulons plus de voisins barbares. Nous comprenons que nous devons obtenir notre sécurité et c’est par l’émigration en masse des arabes de Gaza et par une installation juive ». De plus, Nili Kupfer-Naouri a publié sur son réseau social une photo où on la voit participant à une manifestation au poste frontière de Rafah, empêchant les camions d’aide humanitaire d’entrer à Gaza pour porter secours à la population civile, acte qui vient en contradiction avec l’ordonnance de la CIJ du 26 janvier 2024.

Bezalel Smotrich est le ministre israélien des Finances et le ministre exerçant la tutelle sur la Cisjordanie occupée. Habitant dans une colonie et se revendiquant lui-même « fasciste », Smotrich incarne la figure du sionisme religieux le plus fanatique. Depuis son entrée au gouvernement le 29 décembre 2022, le nombre de colonies et les hectares de terres confisqués par Israël ont augmenté dans des proportions jamais vues depuis les accords d’Oslo. Toutes ses déclarations traduisent son mépris du droit international, à l’image de « Nous encourageons la colonisation avec force travail et d’une manière stratégique dans tout le pays ». Elles révèlent aussi tout le racisme et la haine qui animent ce personnage, comme celle où il avait indiqué qu’il « était justifié et moral de bloquer l’aide humanitaire pour la bande de Gaza, même si cela pouvait entraîner la mort de deux millions de Palestiniens. ».  Déjà présent à Paris en mars 2023, Smotrich avait déclaré : « Il n’y a pas de Palestinien, car il n’y a pas de peuple palestinien… C’est la vérité historique, c’est la vérité biblique et cette vérité, les Arabes en Israël doivent l’entendre de même que certains Juifs ».

En mars 2023, la France, par la voix du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères avait dénoncé les « propos irresponsables » de Smotrich. Aujourd’hui, comment comprendre qu’il soit autorisé à appeler à la haine, à faire l’apologie d’actes criminels sur le territoire français, ce qu’il ne manquera pas de faire, chacun le sait, à partir du moment où il sera autorisé à venir en France.

Pour la justice, pour le respect de la mémoire des dizaines de milliers de Palestiniennes et Palestiniens massacrés à Gaza et en Cisjordanie, pour l’arrêt de la monstrueuse guerre d’anéantissement et de conquête menée par le gouvernement israélien d’extrême droite en Palestine et au Liban, ce gala de la haine et de la honte ne doit pas avoir lieu.

Signataires : Association France Palestine solidarité (AFPS), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Confédération générale du travail (CGT), Fédération syndicale Unitaire (FSU)

Paris, le 4 novembre 2024

Source: Six organisations dénoncent la tenue du gala prévu à Paris le 13 novembre par l’association Israël Is Forever avec la participation du ministre israélien Bezalel Smotrich