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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives par catégorie : Articles

Henri Leclerc est mort   1 septembre 2024

Communiqué LDH

Henri Leclerc, « Henri » pour les ligueuses et les ligueurs, nous a quittés et la LDH (Ligue des droits de l’Homme) tout entière est en deuil, à la mesure de ce que fut l’homme, l’avocat, le défenseur acharné des droits et des libertés. A la mesure de ce que fut son investissement de citoyen, d’avocat, de militant, notre peine est immense. La LDH saura dans les jours qui viennent rendre l’hommage que méritent ses combats, la pugnacité avec laquelle il les a menés, l’apport intellectuel formidable qui fut le sien, au sein de la direction nationale de la Ligue des droits de l’Homme et à sa présidence. Président d’honneur de notre association, il avait, de façon constante et jusqu’au dernier moment, veillé à contribuer aux réflexions et aux engagements collectifs, à les enrichir de son souffle, obsédé qu’il était de transmettre les valeurs de ses combats. Il en avait évoqué l’essence lors de son discours de clôture à l’occasion des 100 ans de la LDH, en 1998 : « Ils sont toujours là, nos vieux adversaires. Nous les connaissons bien. Ils s’appellent l’arbitraire qui menace les libertés, l’intolérance qui détruit la fraternité, le racisme qui nie l’égalité, l’individualisme qui tue le citoyen. Elle est toujours présente, la misère, cette insulte à la dignité. Et devant nous, dressés, tous les pouvoirs dont on abuse. » Henri nous a quittés. Ses combats demeurent.

Nous adressons nos plus sincères condoléances à son épouse et ses enfants, ainsi qu’à tous ses proches et amis.

Paris, le 31 août 2024

Télécharger le communiqué LDH « Henri Leclerc est mort » en PDF

Source: Henri Leclerc est mort  

La mobilisation de soutien au peuple palestinien de nouveau interdite par le Préfet de l’Hérault 30 août 2024

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) défend le droit à la liberté d’expression et de manifestation de soutien au peuple palestinien en faveur de la paix.

A la suite de l’attentat de la synagogue Beth Yaacov à la Grande-Motte, le préfet de l’Hérault a entendu interdire toute manifestation pro-palestinienne. À l’occasion du rassemblement contre l’antisémitisme organisé à l’appel du CRIF Languedoc-Roussillon, le 17 août 2024 à Montpellier, le préfet a en effet exprimé que : « Ces manifestations place de la Comédie, je les ai déjà interdites quatre fois. Je vais continuer parce que je n’accepte pas que l’on projette des Français contre d’autres, parce que je n’accepte pas le insultes et la récupération de conflits internationaux qui fractionnent notre société. C’est insupportable. Peut-être que je n’aurai pas gain de cause devant les Tribunaux administratifs mais tant pis, j’aurai pris mes responsabilités ».

Au lendemain des attentats du Hamas le 7 octobre 2024, le préfet avait en effet interdit les rassemblements de soutien au peuple palestinien. L’arrêté d’interdiction de la manifestation avait par suite été annulée par le tribunal administratif de Montpellier, le 20 octobre 2023. Nonobstant cette ordonnance, le préfet avait renouvelé la semaine suivante l’interdiction de manifestation revendicative pour un cessez-feu à Gaza. Là encore, le 27 octobre 2023, le tribunal administratif de Montpellier suspendait de nouveau l’arrêté préfectoral. Conformément à son annonce publique, le préfet de l’Hérault a décidé le 28 août 2024 d’interdire les manifestations pro-palestiniennes à Montpellier et Béziers les 30 et 31 août 2024.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a saisi le tribunal administratif de Montpellier d’un référé-liberté à l’encontre de l’arrêté préfectoral d’interdiction.

Source: La mobilisation de soutien au peuple palestinien de nouveau interdite par le Préfet de l’Hérault

Eté 2024 : le maire d’Angoulême multiplie ses arrêtés « anti » 30 août 2024

 Arrêté anti-mendicité

Par un arrêté en date du 4 juillet 2024, le maire de la commune d’Angoulême a pris un nouvel arrêté, applicable pour une durée d’un an, qui interdit toute occupation abusive et prolongée des rues et autres espaces publics, accompagnée ou non de sollicitations ou quêtes à l’égard des passants, lorsqu’elle est de nature à porter atteinte à la tranquillité publique ou au bon ordre public. Il s’applique, chaque jour de 10h à 21 sur la période de novembre à mars, et de 10h à 2h sur la période d’avril à octobre.

Le maire d’Angoulême avait déjà, au cours de l’année 2023, pris un arrêté interdisant, sur certaines voies, toute « occupation abusive et prolongée, accompagnée ou non de sollicitations ou quêtes à l’égard des passants, lorsqu’elle est de nature à porter atteinte à la tranquillité publique et au bon ordre public, ainsi que la station assise ou allongée lorsqu’elle constitue une entrave à la circulation des piétons et à l’accès aux immeubles riverains des voies publiques, ainsi que la station debout lorsqu’elle entrave manifestement la circulation des personnes, la commodité de passage, la sureté des voies et espaces publics ».

Suite au recours engagé par la LDH (Ligue des droits de l’Homme), le juge des référés avait partiellement suspendu l’exécution de cet arrêté dans son ordonnance du 7 août 2023. Il avait, en effet, estimé qu’en ce qu’il concernait certains secteurs géographiques, l’arrêté n’était pas nécessaire et que la seconde partie de l’interdiction présentait un caractère trop général et insuffisamment précis, de sorte qu’elle portait une atteinte disproportionnée à la liberté d’aller et venir et à la liberté de réunion au regard de l’objectif de sauvegarde de l’ordre public poursuivi.

De nouveau, le 27 août 2024, la LDH saisit le tribunal administratif de Poitiers d’un recours en annulation contre l’arrêté du 4 juillet 2024 eu égard aux atteintes portées aux libertés fondamentales.

Arrêté anti-consommation d’alcool

 Le 11 juillet 2024, le maire d’Angoulême a interdit, du 12 juillet 2024 au 12 juillet 2025 la consommation de boissons alcoolisées dans les voies, places, parcs, jardins et espaces verts.

Cet arrêté a été pris au motif que « la consommation excessive de boissons alcoolisées, par des individus, sur l’espace public, est source de désordres répétés et de dégradations de biens publics ».

L’interdiction de consommer de l’alcool sur le domaine public constitue une atteinte à la liberté personnelle au regard de laquelle, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) a saisi, le 27 août 2024, le tribunal administratif de Poitiers d’un recours en annulation.

Source: Eté 2024 : le maire d’Angoulême multiplie ses arrêtés « anti »

BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée 30 août 2024

BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée
BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée
BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée

BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée

Communiqué commun dont la LDH est signataire

La LDH est l’une de six organisations alertant sur l’engagement de BNP Paribas dans une émission d’obligations de l’État d’Israël, dans un contexte de guerre dont la plus haute juridiction internationale a évoque un risque plausible de génocide de la population palestinienne.

Dans un contexte de violations massives des droits humains et du droit international humanitaire par l’armée israélienne, six organisations dont la LDH alertent sur l’engagement de BNP Paribas dans une émission d’obligations de l’État d’Israël.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la FIDH, l’Association France Palestine solidarité (AFPS), la Confédération générale du travail (CGT), la Plateforme des ONG pour la Palestine et l’Union syndicale solidaires ont envoyé le 2 août 2024 un courrier à la direction de BNP Paribas pour demander confirmation de cette information et, dans l’affirmative, quelles dispositions BNP Paribas comptait prendre pour s’en désengager et se remettre en conformité avec son devoir de vigilance et avec ses propres engagements.

D’après des documents de l’Autorité américaine des marchés financiers datés du 5 mars 2024, consultés par le quotidien L’Humanité, BNP Paribas s’est engagé à hauteur de 2 milliards de dollars dans une émission d’obligations de l’État d’Israël d’un montant de 8 milliards de dollars réalisée avec trois autres opérateurs financiers. Il s’agissait de la première opération financière de ce type pour Israël depuis le début de la guerre. En finançant la dette souveraine de l’Etat d’Israël, le groupe BNP Paribas contribue à la poursuite d’une guerre dont la plus haute juridiction internationale souligne qu’elle est porteuse d’un risque génocidaire.

BNP Paribas ne pouvait pas ignorer l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice du 26 janvier 2024, qui a acté du caractère plausible d’un génocide mené par l’État d’Israël contre la population palestinienne de la bande de Gaza. Depuis le début de l’opération militaire israélienne au lendemain du 7 octobre 2023, les violations massives des droits humains et du droit international humanitaire ont été largement documentées. Le groupe BNP Paribas a aussi apporté son soutien par cette émission d’obligations à la politique de colonisation agressive du territoire palestinien occupé, une des priorités de l’actuel gouvernement israélien. L’occupation prolongée du territoire palestinien vient d’être considérée comme illégale par un avis de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024 qui l’a assimilée à une annexion de facto. La Cour a rappelé que la colonisation de ce territoire occupé constitue un crime de guerre au regard de la Quatrième Convention de Genève.

En tant qu’entreprise, BNP Paribas a l’obligation de se conformer à son devoir de vigilance sur les conséquences de ses opérations en matière de respect des droits humains. Le code de conduite du groupe BNP Paribas indique par ailleurs que « le groupe ne souhaite notamment pas participer à une quelconque violation des droits de l’homme par l’intermédiaire de ses activités d’investissement et de financement ». Les six organisations se disent déterminées à poursuivre l’action pour obtenir le désengagement de BNP Paribas de ce financement révoltant.

Paris, le 30 août 2024

Source: BNP Paribas finance l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza et dans le contexte d’une colonisation « priorité nationale » en Cisjordanie occupée

Uber une nouvelle fois condamné, les droits des travailleurs reconnus ! 27 août 2024

Communiqué commun de la LDH et du syndicat INV-FO

Le 22 juillet 2024, en coopération avec la Cnil, l’autorité néerlandaise de protection des données a prononcé une amende record de 290 millions d’euros à l’encontre des sociétés Uber B.V. et Uber Technologies INC. pour avoir transféré des données personnelles des chauffeurs VTC collaborant sur leur plateforme hors de l’Union européenne, et notamment vers les Etats-Unis, sans garanties suffisantes, sur le fondement de l’article 44 du RGPD.
Parmi les données qui ont été transférées illégalement, des données de localisation, des documents d’identité et des données de santé !
Les 170 chauffeurs à l’initiative de cette plainte, ainsi que Brahim Ben Ali du syndicat INV-FO et la LDH (Ligue des droits de l’Homme), qui l’ont portée, se réjouissent de cette condamnation qui, par son montant exceptionnel, témoigne de la gravité des faits sanctionnés.
Il s’agit de la seconde plainte engagée contre Uber, la première ayant abouti à la condamnation de la plateforme à 10 millions d’euros, en janvier 2024, pour ne pas avoir suffisamment informé les chauffeurs VTC du sort de leurs données personnelles, massivement collectées sur la plateforme et de leurs droits d’accès, sur le fondement des articles 12 et 13 du RGPD. Deux autres plaintes sont encore à l’instruction, concernant notamment la déconnexion automatique des chauffeurs, sans intervention humaine, également attentatoire au RGPD.
« La LDH se félicite de cette condamnation exemplaire, après celle de janvier 2024, qui reconnait le droit des travailleurs Uber, elle souhaite qu’elle serve de « moteur » à toutes les autres victimes des « Big Tech » prouvant ainsi que le droit peut protéger les citoyens ou résidents européens » a déclaré Nathalie Tehio sa présidente. Il faut cependant préciser qu’Uber a interjeté appel de ces deux décisions.
Brahim ben Ali déclare : « En plus de violer le droit des travailleurs, sans les salarier, Uber viole leurs données personnelles aux fins de maximiser ses profits et de nourrir l’algorithme ».
Jérôme Giusti, avocat de la LDH et des plaignants, précise : « Il s’agit d’une première mondiale. A ma connaissance, aucun autre Gafam n’a été condamné pour avoir transféré les données personnelles des Européens vers les Etats-Unis ou ailleurs dans le monde alors que tout le monde sait que c’est la règle ! ».
Le syndicat INV-FO et la LDH (Ligue des droits de l’Homme) envisagent d’engager une action de groupe contre Uber pour permettre aux 40 000 à 50 000 chauffeurs en France, tous victimes de ces mêmes infractions, d’être indemnisés au regard des préjudices subis.

Paris, le 26 août 2024

Source: Uber une nouvelle fois condamné, les droits des travailleurs reconnus !

Soutien et solidarité à la communauté juive de la Grande-Motte victime de crimes antisémites 27 août 2024

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a appris avec tristesse et colère l’incendie criminel de la synagogue de la Grande-Motte. La LDH exprime son soutien et sa solidarité à celles et ceux qui se trouvaient sur place et au policier municipal blessé.

Ce crime s’inscrit dans le contexte d’une vague d’actes à caractère antisémite en France qui s’est développée depuis le 7 octobre 2023. Nous pensons à toutes les personnes qui sont ciblées du fait de leur confession ou tradition juive, à leurs craintes et à leur désarroi face à ces actes qui ont vocation à semer peur et terreur. Les lieux de cultes et les croyants, juifs, musulmans ou chrétiens, sont devenus la cible récurrente d’actes de violences.

La société française ne saurait être imperméable aux situations géopolitiques et aux crimes contre l’humanité dont le peuple palestinien est victime – ni à ceux dont le peuple israélien fut victime les 7 et 8 octobre 2023. Cependant, les expressions de soutien à ces populations ne doivent pas porter de discours haineux à l’égard des groupes de personnes en raison de leur confession ou de leur identité culturelle quelle qu’elle soit.

S’opposant avec force à toute forme de haine ou de discrimination, la LDH appelle toutes les composantes de la société à combattre l’antisémitisme et tous les racismes et à se joindre au rassemblement qui se tiendra place Armand Carrel à Paris ce dimanche 25 août 2024 à 18h.

Paris, le 25 août 2024

Télécharger le communiqué « Soutien et solidarité à la communauté juive de la Grande-Motte victime de crimes antisémites » au format PDF

Source: Soutien et solidarité à la communauté juive de la Grande-Motte victime de crimes antisémites

La CIJ estime que l’occupation du territoire palestinien par Israël est illégale 6 août 2024

Communiqué commun dont la LDH est signataire

La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu vendredi 19 juillet un avis consultatif portant sur les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza. Plusieurs associations et ONG demandent à la France de prendre en compte les conclusions de la Cour pour leur mise en œuvre effective, et ce dans les plus brefs délais.

Dans un avis consultatif rendu public vendredi 19 juillet [1], la CIJ considère que la présence continue d’Israël dans le territoire palestinien est illégale et doit cesser au plus vite. Selon la CIJ, Israël doit évacuer les colons, démanteler toutes les colonies, et réparer [2] les dommages infligés aux personnes physiques et morales concernées par les violations du droit international dont le pays s’est rendu coupable. L’avis consultatif indique que les politiques et pratiques israéliennes équivalent à l’annexion de vastes parties du territoire palestinien occupé.

Par ailleurs, selon la Cour, les Etats tiers ont pour obligation de ne pas reconnaître comme légale la présence illicite d’Israël dans le territoire palestinien occupé, et ne doivent pas prêter aide ni assistance à Israël dans le maintien de l’occupation. Cela implique notamment, selon l’avis consultatif, de « s’abstenir d’entretenir avec Israël des relations économiques ou commerciales concernant le territoire palestinien occupé ou des parties de celui-ci, qui risquent de consacrer sa présence illégale dans le territoire ».

La CIJ considère en outre qu’Israël viole l’article 3 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD), et a donc mis en place une situation qui constitue une politique de ségrégation ou d’apartheid.

Les organisations signataires appellent la France à affirmer l’illégalité de l’occupation israélienne du territoire palestinien occupé et à indiquer quelles mesures elle compte prendre pour s’opposer à la situation d’apartheid, interdire les relations commerciales avec les colonies et demander la suspension de l’accord d’association UE-Israël à la lumière des multiples violations des droits humains décrites dans l’avis consultatif de la CIJ.

Signataires : Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Association France Palestine Solidarité, Association “Pour Jérusalem”, CCFD-Terre solidaire, Chrétiens de la Méditerranée, la Cimade, Crid, Culture de Palestine, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Union juive française pour la Paix.

Notes aux rédactions :

[1] L’avis consultatif de la CIJ peut être consulté en suivant ce lien : https://www.icj-cij.org/sites/defau…
[2] Selon l’avis consultatif de la CIJ, “la réparation comprend la restitution, l’indemnisation ou la satisfaction”.
[3] Article 3 de la CERD : « Les Etats parties condamnent spécialement la ségrégation raciale et l’apartheid et s’engagent à prévenir, à interdire et à éliminer sur les territoires relevant de leur juridiction toutes les pratiques de cette nature.« 

Paris, le 23 juillet 2024

Source: La CIJ estime que l’occupation du territoire palestinien par Israël est illégale

Cinq ans de suivi de l’Etat de droit par la Commission européenne : Bilan et perspectives 6 août 2024

La Commission européenne a publié ce 24 juillet son cinquième rapport annuel sur l’Etat de droit dans les pays de l’Union européenne. Le chapitre consacré à la France est accessible ici. Le Forum civique européen (FCE), dont la LDH est membre, a publié une première réaction en mettant en perspective les limites de l’exercice au vu des cinq années passées.

Communiqué du Forum civique européen (FCE) dont la LDH est membre

2024 marque la cinquième édition du cycle annuel d’examen, par la Commission européenne, du respect de l’état de droit dans les Etats membres de l’UE. Au-delà de l’évaluation du rapport 2024, cet anniversaire est l’occasion de réfléchir aux résultats tangibles de cet exercice et à la façon de remédier à ses lacunes.

Le Forum civique européen (FCE) se sent particulièrement légitime pour partager son analyse, car il a largement contribué, en tant qu’acteur indépendant, à alimenter les rapports de la Commission et a commenté leurs contenus, cela depuis l’origine.

Si l’on regarde les cinq dernières années, deux questions se posent. D’une part, avons-nous observé une amélioration du respect de l’État de droit dans les États membres qui connaissaient déjà des violations majeures lorsque le processus a été lancé en 2019 ? D’autre part, est-ce que le suivi annuel a contribué à stopper ou à ralentir significativement les détériorations de l’État de droit apparues depuis 2019 ?

Pour toutes celles et ceux qui, au sein de la Commission ou en dehors défendent l’État de droit et l’accès effectif aux droits pour toutes et tous, le constat est clair : le respect de l’État de droit a régressé dans de nombreux pays, et les quelques progrès notés n’ont été que des exceptions.

Dans la présente note, nous mettons en exergue les lacunes majeures du processus de suivi l’État de droit tel que mis en œuvre par la Commission et nous proposons des possibles solutions.

Le respect de l’État de droit est étroitement lié à l’égalité dans la société comme à ce qui fait sa cohésion

La Commission limite son évaluation des violations de l’État de droit aux domaines qui relèvent de son mandat principal, à savoir le bon fonctionnement du marché intérieur et la gestion du budget de l’UE, d’où l’attention accordée principalement à la corruption et aux outils de défense des intérêts financiers de l’UE. Un champ d’évaluation aussi étroit exclut de nombreuses violations qui affaiblissent pourtant l’État de droit, la démocratie et les droits fondamentaux. C’est le cas des violations de la liberté d’expression et de la liberté de réunion pacifique, des violences policières ou encore des limites arbitraires imposées au dialogue social et civil.

Depuis le premier rapport de suivi de l’Etat de droit en 2019, le FCE a souligné à maintes reprises que le respect de l’État de droit va de pair avec la construction de sociétés inclusives. Nous avons régulièrement montré que le respect de l’Etat de droit est plus fort dans les pays qui mènent des politiques publiques de cohésion sociale et d’inclusion de toutes et tous et plus faible dans les sociétés caractérisées par de grandes inégalités, de la précarité et de la fragmentation. Par conséquent, en limitant le champ d’observation de l’État de droit au bon fonctionnement du marché intérieur, la Commission a une approche erronée parce qu’insuffisante, les limites de ses rapports empêchant leur impact réel et durable.

L’État de droit nécessite une approche globale

Dans son document sur les orientations politiques de la prochaine Commission européenne, la présidente Ursula Von der Leyen s’engage à consolider le rapport sur l’Etat de droit et à s’assurer qu’il couvre tous les sujets qui se posent en Europe. Pour cela nous disons qu’il faudra transformer le rapport existant afin d’aborder toutes les menaces et tous les défis, et en particulier ceux de l’accès effectif aux droits fondamentaux pour tous et toutes qui figure dans le traité de l’UE avec la Charte des droits fondamentaux. La Présidente s’engage également à faire en sorte que la société civile soit mieux protégée dans son travail. Pour cela, la Commission devrait procurer à la société civile et aux défenseurs des droits de l’Homme agissant à l’intérieur de l’UE une protection similaire à celle visée dans les lignes directrices du Service européen pour l’action extérieure en vue de protéger les défenseurs des droits agissant dans les pays hors de l’UE. Cette protection doit couvrir toutes les catégories de droits : droits du travail, droits des migrants, droits des femmes, droits des LGBTQI+,… ainsi que les libertés civiles.

Nous craignons toutefois que le Conseil ne s’oppose à toute extension du champ d’application du suivi de l’État de droit confié à la Commission. On verrait le système actuel se perpétuer, et continuer de faire l’impasse sur les violations de l’Etat de droit qui ne relèvent pas des compétences de l’UE. Or, parce qu’il ne permet pas d’évaluer des domaines clés, le statu quo n’est pas acceptable. Les acteurs civiques sont donc prêts à travailler avec la Commission pour obtenir l’extension du champ couvert pour le contrôle du respect de l’État de droit dans les États membres de l’UE, couvrant tous les domaines pertinents et pour que le processus de suivi soit mené de manière à ce que les Etats membres ne puissent pas influencer le champ et le contenu des critiques formulées.

Un mécanisme d’alerte précoce est essentiel pour prévenir les violations de l’État de droit devenant systémiques

Les tendances alarmantes qui se développent ces derniers temps en France et en Italie montrent le besoin d’un mécanisme d’alerte précoce pour le suivi de l’État de droit, qui soit adjoint au cycle annuel.

Comme le montre le rapport du FCE sur l’espace civique, une violation systémique de l’État de droit semble se mettre en place en France. En décembre dernier, lors de la discussion au Parlement de la loi sur l’immigration, nous avons franchi un cap lorsque le gouvernement a reconnu sans se cacher que des dispositions qu’il défendait allaient à l’encontre de la Constitution française. Sa décision de demander après l’adoption du texte que le Conseil constitutionnel répare les manquements n’atténue en rien sa responsabilité, ni l’enjeu. Cela vient s’ajouter à la détérioration accélérée du respect de la liberté d’association et du droit de manifester pacifiquement, mis à mal par des décisions administratives ­ répétées systématiquement par les autorités bien qu’elles soient régulièrement annulées par les tribunaux.[1]

Les restrictions imposées à la société civile en Italie ont également augmenté de manière inquiétante, comme le montre notre récente alerte par le site Civic Space Watch. Il s’agit notamment de mesures ciblant des activistes climatiques, des ONG de sauvetage des migrant-es en mer, et des personnes exprimant leur soutien aux Palestinien-nes, ainsi que de restrictions à la liberté des médias. En réponse, la Commission a simplement réaf²firmé qu’elle suivait de près l’évolution de la situation affectant l’Etat de droit dans tous les Etats membres, y compris l’Italie. La récente réforme de la justice annoncée par le gouvernement de Giorgia Meloni, incluant des changements dans les méthodes de recrutement des magistrats, la séparation des carrières des procureurs et des juges et une évolution des critères de composition du Conseil Supérieur de la Magistrature, soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs en Italie.

Les exemples de ces deux pays montrent que les outils de suivi de la Commission ne sont pas conçus pour faire face de façon précoce à des développements inquiétants. C’est là une faiblesse essentielle du processus de suivi. De plus, le fait que le rapport de la Commission n’aborde pas ces éléments de détérioration pourrait conduire l’opinion publique à considérer que des considérations politiques prévalent sur le respect de l’Etat de droit. Cela nuirait à la crédibilité globale de l’exercice et affaiblirait la confiance du public dans la capacité des institutions à effectuer des contrôles et à veiller à l’équilibre des pouvoirs.

La Commission devrait donc mettre en place un mécanisme permanent d’alerte précoce. Ce mécanisme devrait lui permettre d’évaluer rapidement les évolutions inquiétantes et de réagir vite et concrètement, par exemple par des recommandations et un dialogue, avant d’éventuelles sanctions si les pays ne prennent pas de mesures rectificatives. L’influence croissante de l’extrême droite sur l’élaboration des politiques publiques, même lorsqu’elle n’est pas au pouvoir, a déjà eu des répercussions négatives sur l’État de droit. Il est donc d’autant plus urgent de mettre en place un mécanisme d’intervention précoce.

En résumé, une intervention précoce est cruciale pour que les violations ne s’enracinent pas.

La Commission ne doit pas mettre fin prématurément aux procédures de suivi engagées

Jusqu’à présent, les mesures prises par les institutions européennes pour remédier aux violations systémiques de l’État de droit se sont principalement concentrées sur la Hongrie et la Pologne.

Après les élections d’octobre 2023 en Pologne, la promesse du nouveau gouvernement de restaurer un cadre solide pour l’État de droit a suscité l’espoir qu’il était possible d’inverser la situation, désastreuse, par un changement positif. Cependant, la décision de la Commission de clore la procédure engagée contre la Pologne au titre de l’article 7, en déclarant qu’il n’y a plus de risque clair de violation grave de l’État de droit[2] , apparait clairement comme prématurée, motivée principalement par des considérations politiques. Avant de retirer sa pression, la Commission aurait dû prendre en considération la persistance des obstacles restant à surmonter pour annuler l’impact durable des mesures introduites par le gouvernement précédent puisqu’au moment de la décision de la Commission une grande partie des instruments institutionnels préjudiciables à l’État de droit étaient encore en place, et le sont encore aujourd’hui.

Regarder vers l’avenir

En résumé, l’approche actuelle de la Commission est inadéquate car elle méconnaît l’interdépendance entre des politiques publiques fortes s’attaquant aux vulnérabilités sociales, d’une part, et la vigueur de l’État de droit, de l’autre, celles-ci pouvant renforcer celui-là. Nous savons aussi que la précarité et l’exclusion alimentent la montée des partis d’extrême droite et renforcent leur audience, et la portée de leurs discours contre l’État de droit, la démocratie et les droits fondamentaux pour tou.tes. Tenir compte de ces liens est déterminant pour briser le cercle vicieux actuel.

Pour développer une approche globale de l’État de droit, la Commission doit reconnaître que le marché et l’économie, la cohésion sociale et la démocratie sont liés. Ils ne peuvent être traités séparément. Ainsi, le cycle de suivi de l’État de droit devrait être lié à un semestre économique élargi et au suivi du pilier européen des droits sociaux, grâce à la mise en place d’un semestre européen de la démocratie.

Enfin, les recommandations contenues dans le rapport doivent être plus spécifiques, concrètes, assorties d’un calendrier précis, et refléter tous les domaines thématiques. Enfin, leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une évaluation approfondie. Les mécanismes de sanction doivent être combinés à des initiatives de conditionnalité positive et à un soutien aux réformes nécessaires.

[1] Nous nous félicitons de constater que le rapport sur la France mentionne les limites au droit de manifester que le FCE et la LDH avaient soumises, bien que cela ne s’accompagne d’aucune recommandation faite à la France pour préserver l’espace civique. En revanche, il nous apparait incroyable que le rapport publié ce jour ne mentionne même pas les manquements majeurs à l’Etat de droit lors du passage de la loi sur l’immigration au Parlement et ce dont la Commission a été alertée dès janvier dernier.
[2]h ttps://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/nl/ip_24_2461

Bruxelles, 24 juillet 2024

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Source: Cinq ans de suivi de l’Etat de droit par la Commission européenne : Bilan et perspectives

Adresse solennelle au président de la République 6 août 2024

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) exprime son inquiétude à l’égard de la situation institutionnelle de la France.

À l’issue des élections législatives provoquées par une dissolution et la mobilisation de l’électorat pour que cette décision n’aboutisse pas à donner le pouvoir politique à l’extrême droite, le président de la République a décidé de ne pas décider. Ses propos récents arguant du déroulement d’une compétition sportive pour reporter la poursuite du processus institutionnel sont à l’image du désordre qu’il a installé.

Ainsi d’un gouvernement démissionnaire dont les membres élu-e-s député-e-s ont pris part au vote pour désigner des représentants de l’Assemblée nationale, en retenant une interprétation discutable de l’article 23 de la Constitution qui interdit de cumuler les fonctions de membre du gouvernement et du parlement, interrogeant sur une atteinte faite au principe de séparation des pouvoirs, fondement de l’Etat de droit, de la démocratie et de la République.

Ainsi du refus de nommer une Première ou un Premier ministre proposé par la coalition parlementaire qui dispose du plus grand nombre de député-e-s à l’Assemblée nationale. Une atteinte à la pratique républicaine usuelle et au message des électrices et électeurs qui ont exprimé au second tour le clair rejet d’un gouvernement d’extrême droite, après avoir placé le camp présidentiel en troisième position au premier tour, loin derrière la gauche.

Mais plus encore de refuser de nommer une Première ou un Premier ministre ayant charge de constituer un gouvernement présenté au Parlement, alors même que cette obligation résulte de l’article 8 de la Constitution, quand bien même celle-ci ne prévoit pas de délai. Inversant l’ordre des chose, le Président invente un processus qui le ferait juge a priori de ce que majorité doit inclure et exclure.

Avec une telle lecture de ses pouvoirs, le Président pourrait s’autoriser à se passer de gouvernement jusqu’à l’issue de son mandat. L’absence de gouvernement de plein exercice laisse entre les mains du président de la République une concentration inédite des pouvoirs politiques, dont il serait seul à déterminer la durée. Sans base constitutionnelle, ce choix va à l’encontre de ses responsabilités essentielles de chef de l’Etat qui « veille au respect de la Constitution [et] assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat » (article 5).

Laisser perdurer une telle situation ne peut que conduire à une désaffection des électrices et des électeurs vis à vis de la chose politique. Après plus d’une dizaine d’années marquée par une brutalisation des institutions et de la démocratie, il est grand temps de restaurer un fonctionnement d’institutions démocratiques.

La LDH, depuis toujours défenseuse d’un fonctionnement démocratique des institutions de la République, demande solennellement au président de la République de respecter la Constitution dans sa lettre et dans son esprit, et à ce titre, sans plus attendre, dans son rôle institutionnel, de nommer un-e chef-fe de gouvernement.

Paris, le 25 juillet 2024

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Source: Adresse solennelle au président de la République

1er août 20524 – Tribune de Nathalie Tehio « Des jeux et du spectacle… n’apportent pas les réponses politiques nécessaires » publiée sur Mediapart 6 août 2024

Les Jeux olympiques sont l’occasion d’une grande fête populaire.

Voilà qu’ils deviennent surtout le prétexte à un report sine die de la mise en place d’un gouvernement ! Le président de la République nous explique que la bonne tenue des jeux passe avant la désignation d’un-e Premier-e ministre… qui attendra donc !

Rappelons qu’il a pris la responsabilité (l’irresponsabilité !) de la dissolution de l’Assemblée nationale alors que l’extrême droite paraissait en mesure d’avoir la majorité. L’évidence de l’approche des JO n’avait pas compté.

Ce n’est que grâce à la mobilisation de la société civile, à l’union des partis de gauche, et aux désistements de candidats arrivés en troisième position que le pire a été évité. Il est d’autant plus regrettable que beaucoup de candidats de droite aient refusé de se désister pour le candidat du Nouveau Front populaire mieux placé à l’issue du premier tour, augmentant ainsi le nombre d’élus d’extrême droite.

Malgré cette irresponsabilité de la droite, on voit le président rechercher avant toute autre chose une alliance entre les députés des partis qui le soutiennent et la droite. Pour lui, cette alliance, qui a permis la réélection au perchoir de Yaël Braun-Pivet, devrait maintenant conduire à d’autres continuités au service de politiques pourtant largement rejetées par l’électorat.

L’usage dans la République est que la coalition qui a le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée nationale propose un ou une candidate que le président appelle comme Premier-e ministre, quitte à ce que l’Assemblée vote une motion de censure. En l’occurrence, c’est Lucie Castets qui est proposée par le Nouveau Front populaire.

Ajoutant au désordre créé par le président de la République, voici la lettre et l’esprit de l’article 23 de la Constitution détournés au bénéfice d’une interprétation discutable de l’article Lo 153 du code électoral. Au prix d’une confusion entre pouvoirs législatif et exécutif, les ministres qui ont été élu-e-s député-e-s votent comme parlementaires. Pourtant, l’article 16 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 proclame qu’à défaut de séparation des pouvoirs, la société est sans constitution.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la planète, la Nouvelle-Calédonie est toujours en proie à de vives tensions. L’absence d’exécutif en France à même de prendre les décisions nécessaires empêche de réouvrir une perspective de solution politique, dans la ligne de celle qui prévaut depuis quatre décennies maintenant. La visite éclair à Nouméa de la ministre démissionnaire ne pouvait pas trouver de débouché politique.

Il est pourtant urgent de restaurer le dialogue et de trouver une solution politique durable, légitime, rompant avec les approches de fait coloniales. L’économie est à l’agonie, l’usine de nickel du Nord licencie plus d’un millier de salariés, sans compter l’explosion du nombre de chômeurs en raison de la destruction des entreprises.

Le risque d’une guerre civile est là : les discours de haine raciste qui resurgissent de part et d’autre, et la radicalisation des plus jeunes Kanaks qui pratiquent la politique de la terre brûlée, durcissent jour après jour le climat politique. Cela touche désormais l’ensemble du territoire, alors que les destructions ne concernaient que Nouméa et les communes proches au départ. Le président de l’Union calédonienne (l’une des composantes du FLNKS – Front de libération nationale kanak et socialiste), Daniel Goa, a promis la proclamation de l’indépendance pour le 24 septembre 2024 (date anniversaire de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France) avant de la repousser à 2025. La présidente de la province Sud, Sonia Backès, propose une partition de l’île, Nouméa restant française, sous-entendant la séparation des Kanaks des autres communautés. Et, pour la première fois depuis des décennies, les départs définitifs sont massifs.

Quant à la justice, elle ne joue pas son rôle, qui pourrait être pacificateur. Ainsi, elle maintient à 17 000 km de chez eux des responsables politiques indépendantistes. Le fait que deux d’entre eux soient désormais sous assignation à résidence et non plus en détention ne répare pas l’éloignement géographique et familial, qui n’aurait pas dû être décidé. Malgré les accusations de violences des milices privées contre les jeunes Kanaks, le parquet n’ouvre pas d’enquêtes. La justice ne doit pas seulement être rendue, elle doit l’être avec impartialité.

Le droit à l’autodétermination du peuple kanak doit être respecté par l’Etat français. Cette promesse, inscrite dans les accords de Matignon et Nouméa qui fixaient le chemin d’un avenir partagé, a été mise à bas par la décision de tenir un troisième référendum sur l’indépendance sans concertation avec les indépendantistes, puis par le dégel du corps électoral aux élections provinciales. Il est urgent, au sens le plus fort et littéral du terme, que le futur gouvernement abandonne définitivement cette réforme et ouvre un cadre de dialogue pour trouver une voie politique pacifique. L’accord de Nouméa de 1998 portait en germe la possibilité d’une décolonisation permettant aux descendants de colons et aux différentes communautés d’intégrer la nouvelle nation. Il est encore possible de poursuivre le chemin de la décolonisation ouvert en 1988 avec les accords Matignon-Oudinot. Mais jusqu’à quand, alors que le pouvoir présidentiel en France n’inscrit pas ses décisions dans ce cadre ?

En l’absence d’un gouvernement français constitué et de plein exercice, capable de reprendre le rôle d’arbitre, et avec un président qui ne semble pas prendre en compte l’urgence de revenir sur les désordres que ses décisions ont créés, même s’il a reçu les élus de Nouvelle-Calédonie, l’espoir s’éloigne un peu plus chaque jour.

Que le président ne pense pas que le spectacle des jeux nous fasse oublier sa responsabilité première : nommer un-e Premier-e ministre pour que le nouveau gouvernement puisse répondre aux besoins de celles et ceux qui ont toutes raisons de se sentir rejetés, méprisés, niés. Liberté, Egalité, Fraternité, Sororité, Respect… ne sont pas que des mots sur un écran de télévision retransmettant une cérémonie d’ouverture de Jeux olympiques.

Nathalie Tehio, présidente de la LDH

Source: 1er août 20524 – Tribune de Nathalie Tehio « Des jeux et du spectacle… n’apportent pas les réponses politiques nécessaires » publiée sur Mediapart