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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : LDH Aix

Ils ferment leurs frontières, nous ouvrons nos écoles 20 janvier 2017

Nous, étudiant.e.s, personnel.le.s de l’enseignement supérieur, et professeur.e.s solidaires, décidons d’oeuvrer collectivement à ouvrir les portes de nos universités et de nos écoles à celles et ceux qui fuient les guerres, les discriminations, les persécutions et les désastres économiques et environnementaux, quels que soient leur statut administratif et leur nationalité.

Nous prenons acte de l’impuissance de l’Europe à mettre en place des politiques d’accueil respectant la dignité et l’intégrité des exilé.e.s. Nous constatons les pratiques déshumanisantes des pouvoirs publics qui refusent de considérer ces femmes et ces hommes comme des individus animés de projets et de désirs, mais parlent de flux, de chiffres, de menaces, au mieux de potentiels, qu’il faudrait gérer, optimiser, contenir. Nous avons été les témoins de la logique d’attente interminable qui dépossède, à petit feu, les demandeur.se.s d’asile de tout rêve et de tout espoir. Et parce qu’il est scandaleux de rester indifférent.e face au pourrissement des existences que produisent ces politiques, parce qu’il est intolérable de ne pas réagir face au manque de moyens destinés à assurer une vie décente sur le territoire d’installation, il nous semble nécessaire aujourd’hui d’appeler à une nouvelle conception de l’accueil.

Qu’on se tienne un instant parmi les assemblées générales des exilé.e.s des camps à Vintimille, à Calais ou à Paris, dans les centres d’hébergement partout en France, aux côtés des associations politiques de migrant.e.s, auprès des organisations de défense des étranger.e.s. On entendra, parmi les revendications élémentaires et vitales du droit aux papiers et au logement, une demande s’élever : le droit à l’éducation, à l’apprentissage du français, à la reprise d’études. Car souvent, les personnes en exil n’ont pas accès à des cursus scolaires ou universitaires et les associations de cours de français sont débordées. Celles et ceux qui ailleurs se reconnaissaient comme étudiant.e, intellectuel.le, et se projetaient dans un métier, ne se voient défini.e.s ici qu’à travers des catégories administratives arbitraires et appauvrissantes. Se tient donc un lieu : l’école. Une certitude : que la langue et la connaissance sont les fondements de la dignité et de la reconstruction de soi. Une revendication : la liberté d’étudier et de développer ses projets sur le sol où l’on vit.

Nous avons décidé de répondre à cette nécessité. Partout, depuis septembre 2015, des groupes se constituent, des programmes s’ouvrent, très souvent soutenus par la direction des écoles et des universités, pour faciliter l’accès aux savoirs et à l’apprentissage du français aux réfugié.e.s – qu’ils et elles aient été reconnu.e.s comme tel.le.s ou non par l’administration française. C’est le cas, déjà, à Paris 8-Saint Denis, dans les ENS de Paris, Lyon, Cachan et Rennes, à Paris 7-Diderot, à l’ENSAD, à l’EHESS, à l’ENSCI, à AgroParisTech, à la FEMIS, dans de nombreuses autres écoles et universités, à travers des associations de Français Langue Étrangère également, comme InFLEchir ou Thot. Aujourd’hui, des centaines de réfugié.e.s et exilé.e.s ont intégré les structures d’accueil que nous contribuons à construire. Nous refusons l’iniquité, et des institutions nous soutiennent dans cet engagement. Il ne s’agit pas de produire ici un nouveau projet de gestion « humanitaire », ni de s’inscrire dans une logique de charité : ce sont trop souvent les noms de l’asymétrie et de la dépossession. Au contraire, nous pensons qu’il faut faire l’effort de travailler ensemble avec les forces de ceux et celles qui ont traversé les frontières, et qui ont bien plus de solutions à proposer que nous n’en aurons jamais. Il est impératif de fonder ces espaces communs.

Notre action s’inscrit dans une double urgence : d’un côté, l’accès au droit fondamental qu’est l’éducation pour tou.te.s; de l’autre, l’exigence de faire de l’université le lieu par excellence de l’ouverture et de l’émancipation.

Organisation de cours de Français Langue Étrangère, mise en place de tandems linguistiques, d’activités culturelles et sportives, de films et de discussions, ouverture aux infrastructures des établissements d’accueil (bibliothèques, restaurants, campus), aide à l’orientation, accompagnement dans les démarches, tutorat enseignant et binôme étudiant, conférences où la parole est donnée aux migrant.e.s, moments festifs de rencontre… La liste des possibilités est longue et les initiatives réussies nombreuses. Etudiant.e.s et professeur.e.s en sont souvent à l’origine : il suffit de quelques personnes déterminées pour assurer que les établissements s’emparent de leurs responsabilités. À l’automne dernier, les promesses des président.e.s d’université1 et les appels à ouvrir leurs établissements aux réfugié.e.s2 avaient entraîné une nuée d’espoir : assurons-nous que cette mobilisation prenne effet partout où elle est nécessaire.

Nous, étudiant.e.s, personnel.le.s de l’enseignement supérieur, et professeur.e.s solidaires, nous constituons en collectif afin de motiver et promouvoir la création de programmes similaires. Notre collectif propose de mettre en réseau l’ensemble des initiatives existantes ou émergentes, afin de s’organiser pour répondre aux besoins des premier.e.s concerné.e.s. Nous appelons ceux et celles qui ne savent pas où commencer, comment faire, à qui s’adresser, mais qui ont pourtant conscience de la nécessité d’agir, à nous contacter.

Chaque initiative est autonome et indépendante: nous souhaitons organiser un collectif horizontal de travail et de confiance entre tou.te.s celles et ceux qui défendent les mêmes revendications ; un terrain fertile pour montrer qu’il est possible de s’organiser autrement, et pour lutter en faveur du droit à l’éducation et à la dignité de tou.te.s les exilé.e.s.

Tribune à l’initiative du Réseau Etudes Supérieures et Orientation des Migrant.e.s et des Exilé.e.s (RESOME) et signée par la Ligue des droits de l’Homme.

Signez la tribune-pétition

Source: Ils ferment leurs frontières, nous ouvrons nos écoles

Contrôles d’identité « au faciès » : vers une décision historique ? 20 janvier 2017

Communiqué de la Plateforme « En finir avec les contrôles au faciès ».

Demain, deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) relatives aux contrôles d’identité discriminatoires seront examinées par le Conseil constitutionnel. Il est demandé au Conseil de dire si les articles 78-­‐2 al. 7 et 78-­‐2-­‐2 du code de procédure pénale et les articles L. 611-­‐1 et l. 611-­‐2 du code de l’entrée et du séjour des étrangers sont contraires aux principes de liberté individuelle, d’égalité et de garantie des droits sanctuarisés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

En effet, les dispositions de l’article 78-­‐2, notamment celles concernant les réquisitions du procureur de la République, rendent possibles tout contrôle d’identité sans aucune condition tenant au comportement de la personne contrôlée. Elles exonèrent ainsi les forces de l’ordre de l’obligation de justifier des raisons objectives pour lesquelles elles choisissent de contrôler telle ou telle personne, favorisant les choix discrétionnaires et discriminatoires. Ce risque discriminatoire est renforcé par l’absence de contrôle effectif par le juge judiciaire des motifs ayant justifié le contrôle.

Les organisations de la plateforme « En finir avec les contrôles au faciès » soulignent l’importance de la décision à venir qui pourrait conduire à la réforme du droit des contrôles d’identité pour ne les admettre que s’ils sont fondés sur des critères objectifs et effectués dans le seul but de la prévention et de la lutte contre la délinquance.

Cette procédure est aussi l’occasion de rappeler que d’autres évolutions juridiques sont nécessaires pour garantir des contrôles d’identité non discriminatoires : l’instauration d’un récépissé de contrôle permettant d’assurer leur traçabilité et de faciliter les recours en cas d’abus, et l’encadrement législatif des palpations de sécurité.

Bien que le Défenseur des droits, comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme aient eux-­‐aussi appelé à une réforme du droit des contrôles d’identité, le pouvoir politique s’est jusqu’à ce jour refusé à prendre les mesures de nature à mettre fin à l’arbitraire.

C’est dès lors au Conseil constitutionnel de faire progresser la législation française pour que les contrôles d’identité respectent enfin les libertés fondamentales de chacun et les principes de l’État de droit.

Paris, le 16 janvier 2017

GISTI

Human Rights Watch

Ligue des droits de l’Homme

Maison Communautaire pour un Développement Solidaire

Open Society Justice Initiative

Pazapas

Syndicat des Avocats de France

Syndicat de la Magistrature

#Quoimagueule

Source: Contrôles d’identité « au faciès » : vers une décision historique ?

Libération des personnes arrêtées au Pays basque, un petit pas au service de la paix 21 décembre 2016

Communiqué LDH

Les cinq membres de la société civile qui avaient été arrêtés à Louhossoa, au pays basque français, dans le cadre d’une opération policière franco-espagnole vendredi 16 décembre, dans la soirée, viennent d’être libérés par décision de justice. Participant à une opération de neutralisation d’armes appartenant à l’ETA, ils avaient été transférés à Paris dans le cadre d’une enquête préliminaire avec les qualifications « d’association de malfaiteurs terroriste et infractions sur la législation sur les armes et les explosifs en bande organisée, le tout en relation avec une entreprise terroriste ».

La Ligue des droits de l’Homme se félicite d’une décision qui doit être comparée aux déclarations triomphales du ministre de l’Intérieur. Il reste qu’il n’est pas acceptable de qualifier de « terrorisme » la volonté de neutraliser des armes et de les remettre aux autorités publiques.

La LDH rappelle que ce n’est pas en refusant tout dialogue que les exécutifs espagnols et français permettront d’aller en direction de la paix. Elle les appelle à entendre les voix qui s’élèvent au Pays basque pour entamer le processus nécessaire pour concrétiser le désarmement proposé par l’ETA.

Paris, le 20 décembre 2016

Source: Libération des personnes arrêtées au Pays basque, un petit pas au service de la paix

Campagne pour la suspension de l’Accord d’Association UE-Israël 21 décembre 2016

Le 16 novembre 2016 a eu lieu, dans une salle de l’Assemblée nationale française, une conférence de presse de lancement de la campagne pour la suspension de l’Accord d’Association UE-Israël initiée par le Collectif national pour une Paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDPI), qui regroupe 52 associations, syndicats et partis politiques français, et par le collectif « Trop, c’est trop ! » réunissant des personnalités solidaires des droits des Palestiniens, avec le soutien de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.

Cette campagne a été lancée afin que l’Union européenne cesse de cautionner, en appliquant un accord commercial privilégié, la violation du droit international que représente l’occupation de la Palestine par Israël. Elle propose notamment la signature d’un appel adressé aux institutions de l’Union européenne.

Suspendre l’Accord d’Association entre l’Union européenne et Israël tant que durent les violations flagrandes du droit international serait conforme aux termes mêmes de cet accord (qui est conditionné par le respect des droits démocratiques) et au vote, en 2002, du Parlement européen qui a demandé cette suspension. Compte tenu de l’importance économique et financière de cet accord, suspendre son application serait aussi un moyen efficace de pression pour amener à une paix juste, respectant les droits élémentaires de tous.

Cette campagne sera d’abord portée au sein de la société civile, en France. Elle bénéficie de l’appui de plusieurs parlementaires nationaux et européens et des encouragements de la Coordination européenne des Comités et Associations pour la Palestine (CECP) pour lui donner un écho à l’échelle de toute l’Europe.

Dix élus français ont déjà apporté leur soutien à cette campagne, dont certains se sont exprimés lors de la conférence de presse du 16 novembre :

  • Pouria Amirshahi, député, Mouvement commun ;
  • Kheira Bouziane, députée, Parti socialiste, qui s’est exprimée lors de la conférence de presse ;
  • Marie-George Buffet, députée, Parti communiste ;
  • Laurence Cohen, sénatrice, Parti  communiste ;
  • Yves Daniel, député, Parti socialiste ;
  • Karima Delli, eurodéputée, Europe-Ecologie-Les-Verts, qui s’est exprimée lors de la conférence de presse par message depuis Bruxelles, conjointement avec Pascal Durand ;
  • Marc Dolez, député, Front de Gauche, Les Verts ;
  • Pascal Durand, eurodéputé écologiste, qui s’est exprimé lors de la conférence de presse par message depuis Bruxelles, conjointement avec Karima Delli ;
  • Noël Mamère, député écologiste, qui était présent lors de la conférence de presse ;
  • Marie-Christine Vergiat, eurodéputée, Gauche unitaire européenne, qui a pris la parole lors de la conférence de presse.

Les personnes suivantes ont également pris la parole lors de la conférence de presse :

  • Tawfiq Tahani, président de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS), au nom du CNPJDPI ;
  • Gilles Manceron, historien, spécialiste de l’histoire coloniale, pour la LDH et le collectif « Trop c’est trop !  » ;
  • Monique Chemillier-Gendreau, professeur émérite de droit international, Université Paris-Diderot ;
  • Alain Bosc, de la Cimade, pour la Plateforme des ONG pour la Palestine ;
  • S .E. Salman Herfi, Ambassadeur de Palestine en France ;
  • Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien (de Palestine – par message) ;
  • Bertrand Heilbronn, représentant de l’AFPS au sein de la CECP, au nom de celle-ci.

Un dossier de presse a été diffusé, comportant :

  1. le rappel de ce qu’est l’accord d’association, avec ses considérables implications économiques, financières et douanières, ainsi que ses prolongements en matière de coopération, notamment sécuritaire et militaire ;
  2. l’argumentaire juridique justifiant la suspension de l’accord (intensification de la colonisation, atteintes aux Droits de l’Homme et aux conventions internationales) ;
  3. l’histoire de ce qui a déjà été entrepris, ces dernières années, pour obtenir cette suspension (comme le vote du Parlement européen) ;
  4. les modalités de la campagne : soutiens déjà enregistrés, pétition à la Haute Représentante de l’Union, Federica Mogherini, délégation plurinationale – avec l’appui de parlementaires européens – auprès des institutions de l’UE ;
  5. plusieurs documents marquants, tels que la résolution du Parlement européen du 10 avril 2002 et les appels de 309 associations en 2014 et de 62 députés européens en janvier 2015.

Vous pouvez également signer la pétition du Collectif « Trop, c’est trop ! » « Occupation : pas d’Accord ! Palestine, l’Europe doit agir. » et la pétition du Collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens « Appel pour la suspension de l’Accord d’Association Union européenne – Israël ».

Source: Campagne pour la suspension de l’Accord d’Association UE-Israël

Opération policière au pays basque, un mauvais coup contre le processus de paix 18 décembre 2016

Les gouvernements français et espagnols ont décidé de ne pas entendre la décision de l’ETA de procéder à son désarmement. Alors qu’une partie des
armes de cette organisation allaient être neutralisées pour être remises aux autorités sous l’égide de plusieurs membres de la société civile, dont
Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH, une intervention policière a eu lieu.

En agissant ainsi, les autorités françaises et espagnoles signifient leur volonté d’ignorer le processus initié par les sociétés civiles des deux
côtés des Pyrénées pour réconcilier toutes les composantes du Pays basque.

La Ligue des droits de l’Homme a appuyé et continuera d’appuyer ce processus. Elle appelle les gouvernements français et espagnols à renoncer à
toute idée de vengeance pour construire la paix.

Paris, le 17 décembre 2016

Source: Opération policière au pays basque, un mauvais coup contre le processus de paix

Le tribunal administratif de Montpellier et les crèches de Noël, des décisions qui interrogent 18 décembre 2016

La mairie de Béziers a installé, une nouvelle fois, une crèche dans ses locaux. Cette installation s’accompagne de déclarations de son maire qui ne laissent aucun doute sur le sens de cette manifestation.

Saisi en référé, le tribunal administratif de Montpellier a, une nouvelle fois et sans surprise, rejeté la requête déposée par la LDH.

Ce tribunal avait jugé, concernant les installations précédentes, que la crèche biterroise « constitue l’exacte reproduction figurative de la scène de la naissance de Jésus de Nazareth, telle qu’elle est décrite dans l’évangile selon Luc » et qu’une telle crèche ne méconnaissait pas le principe de neutralité du service public.

Outre que le juge des référés contredit totalement la décision récente du Conseil d’Etat, il a adopté une voie procédurale qui interdit de faire trancher rapidement cette question qui ne pourra donc qu’être jugée que bien après que la crèche aura été retirée, alors que les tribunaux administratifs de Nîmes et Dijon, saisis pour des faits analogues, ont audiencé ces procédures en urgence, les 20 et 23 décembre prochains.

La LDH ne peut que prendre acte de cette situation et s’interroger sur les raisons qui conduisent la juge des référés du tribunal administratif de Montpellier à ignorer la jurisprudence du Conseil d’Etat et refuser toute audience publique.

Paris, le 15 décembre 2016

Source: Le tribunal administratif de Montpellier et les crèches de Noël, des décisions qui interrogent

Une forte reprise discrète des évacuations des terrains occupés par des Roms cet été, majoritairement lancées sans décision de justice ni solution pérenne 12 décembre 2016

Recensement des évacuations forcées de lieux de vie occupés par des Roms (ou des personnes désignées comme telles) en France – 3e trimestre 2016

Alors que l’expulsion des réfugiés de la « Jungle » de Calais comme des occupations parisiennes de migrants focalisent l’attention des média internationaux, les évacuations des terrains occupés par des Roms n’ont pas suscité de vagues d’indignation ni de solidarité. En effet le troisième trimestre de 2016 marque une forte reprise après la relative pause constatée au deuxième trimestre 2016. Contrairement aux réactions suscitées par les scènes tragiques qui se sont déroulées à Calais, les expulsions de Roms se sont passées quasiment inaperçues dans l’espace médiatique et dans la société.

Durant le troisième trimestre 2016, 2 546 personnes roms vivant sur 21 lieux de vie ont été expulsées de force par les autorités. Ceci représente une augmentation drastique par rapport aux 932 Roms expulsés pendant le trimestre précédent. A cela s’ajoute le nombre de 30 personnes qui ont été évacuées suite à un incendie.

Seules 8 opérations ont été lancées dans le cadre d’une décision de justice après une assignation engagée devant les tribunaux par les propriétaires des terrains ou des squats. Les 13 autres l’ont été de manière volontaire à l’initiative des préfets ou des maires suite à un arrêté d’insalubrité ou de péril. L’analyse des terrains selon le type de propriétaire montre que 15 terrains évacués de force sont publics, et aucun ne faisait l’objet d’un projet justifiant l’urgence d’une telle évacuation.

Sur ces 21 évacuations effectuées par les autorités, 13 seulement ont été accompagnées de propositions de relogement. Ces propositions de relogement concernent un nombre limité de personnes. De plus, la plupart des réponses apportées l’ont été en hébergement temporaire. L’absence de solutions de relogement pérennes ne faisant que reporter les difficultés en maintenant la grande précarité des personnes concernées.

Pour ce troisième trimestre, la région Ile-de-France concentre 68 % des 2 546 Roms expulsés, suivie des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Paca et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, avec chacune 9 %.

Il convient de souligner les efforts de la municipalité lors de l’évacuation du bidonville de Mautaudran, à Toulouse, fin juillet, qui peut être qualifiée comme un bon exemple de responsabilité sociale dans le démantèlement des bidonvilles. Durant cette évacuation, 329 personnes sur les 386 présentes ont pu bénéficier d’un soutien de la part des autorités locales ; 286 d’entre elles ont été prises en charge dans le cadre d’un dispositif d’insertion et d’hébergement en diffus mis en place par la municipalité. Cela démontre, une fois encore, que le démantèlement des bidonvilles peut se faire d’une manière efficace et que des solutions pérennes peuvent être trouvées lorsque l’Etat et les collectivités locales en manifestent la volonté et coopèrent avec la société civile.

L’appel lancé, le 29 juin dernier, par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme, l’Agence européenne des droits fondamentaux et le Conseil de l’Europe, dénonçant le coût humain des expulsions, a manifestement été encore ignoré par les pouvoirs publics français pendant le troisième trimestre. Ils appelaient aux solutions de relogement et d’hébergement pérennes dans l’objectif d’éviter des futures évacuations et affirmaient que les expulsions forcées sont justifiables uniquement dans les circonstances les plus exceptionnelles et lorsqu’elles sont exécutées elles doivent respecter les garanties internationales en matière juridique : « Les expulsions ont des répercussions à long terme extrêmement négatives sur la situation des personnes concernées et peuvent constituer une violation de leurs droits de l’Homme si elles ne sont pas accompagnées des garanties nécessaires rappelées dans la présente déclaration. »[1] A la fin du troisième trimestre de 2016 cela reste d’autant plus d’actualité.

 

Remarque :

Ce recensement est le fruit d’un travail commun entre la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le European Roma Rights Centre (ERRC). Sans avoir la prétention à l’exhaustivité de la situation étant donné le manque de données officielles disponibles, ce recensement voudrait cependant en être l’expression la plus objective possible des expulsions des Roms en France.

Téléchargez le recensement complet

[1] Déclaration conjointe de l’OPRE sur les expulsions des Roms et des Gens du voyage en Europe, OPRE 29 juin 2016.

Source: Une forte reprise discrète des évacuations des terrains occupés par des Roms cet été, majoritairement lancées sans décision de justice ni solution pérenne

RADICALISATION EN PRISON 12 décembre 2016

Une conseillère d’insertion et de probation en conseil de discipline

Mylène Palisse, conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) et élue CGT, sera entendue en conseil de discipline le 13 décembre 2016, pour avoir exprimé des critiques sur certaines modalités de la mise en œuvre, au sein de l’administration pénitentiaire, de la prévention de la radicalisation dans les colonnes du journal l’Humanité dans un article intitulé « Cochez la case djihadiste ».

Une atteinte à la liberté d’expression syndicale

Interpellé, le ministre de la Justice, pourtant garant des libertés fondamentales, ne compte pas intervenir auprès de l’administration pénitentiaire, alors Mylène Palisse risque la révocation. La CGT a lancé un appel de soutien signé par plus de 80 personnalités du monde politiques, associatif, syndical et culturel [CLIQUER ICI]. Les soutiens demandent l’abandon des poursuites disciplinaires, revendiquent leur attachement à la liberté d’expression ainsi qu’à celle de l’exercice d’une activité syndicale. Si les fonctionnaires, régis par un statut général ont des devoirs, ils ont des droits dont celui de questionner la mise en œuvre de politiques publiques dont ils sont acteurs dans le cadre des organisations syndicales auxquelles ils peuvent appartenir.

Des outils de repérage de la radicalisation très contestables

Dans cet article paru dans l’Humanité, Mylène Palisse, en tant qu’élue syndicale, remettait en question la pertinence de la nouvelle stratégie mise en place par l’administration pour prévenir la radicalisation dans le milieu pénitentiaire. Notamment, les nouvelles grilles proposées aux personnels dans le cadre du suivi des détenus, qui contiennent des indications beaucoup trop larges pour réellement définir avec précisions des signes sérieux de radicalisation.

Les conseillers d’insertion et de probation ne sont pas des policiers

Mylène Palisse s’inquiétait également de la remise en cause du secret professionnel, indispensable pour exercer ses fonctions. En effet, les personnels pénitentiaires ne savent pas aujourd’hui qui pourra avoir accès aux informations recueillies auprès des détenus. Ces nouveaux processus, représentent un dangereux glissement des missions des travailleurs sociaux vers un rôle « d’agent de renseignement ».

Rassemblement devant l’administration pénitentiaire le 13 décembre, de 10h à 14h

Pour marquer leur solidarité et leur soutien envers Mylène ainsi que pour exiger l’arrêt de ces poursuites disciplinaires, un rassemblement unitaire est organisé le 13 décembre de 10h à 14h (Direction de l’administration pénitentiaire, 35 rue de la gare 75019 Paris – Millénaire 3, Métro Porte d’Aubervilliers, RER E Rosa Parks

Organisations signataires : La CGT Insertion probation, La CGT, La CGT Fonction publique, L’UGICT-CGT, Syndicat de la Magistrature, Le SNPES-PJJ / FSU, Solidaires Fonction publique, La Ligue des droits de l’Homme, L’Observatoire International des Prisons

Montreuil, le 12 décembre 2016

Source: RADICALISATION EN PRISON

La LDH soutient le film « Algérie du possible », de Viviane Candas 7 décembre 2016

ADP 40x60 bat mailSortie le 7 décembre 2016

Yves Mathieu, né en Algérie en 1924, a combattu à 20 ans pour la libération de la France, puis, devenu avocat, il a pris parti dès 1957 pour la cause de l’indépendance algérienne, ce qui lui a valu d’être exclu du PCF. Il a défendu pendant la guerre des militants du FLN algérien, en particulier, en mai 1960, devant le Tribunal permanent des forces armées de Marseille, les auteurs de l’attentat du 25 août 1958 contre le dépôt de pétrole de Mourepiane, près de l’étang de Berre. Cela lui valut des menaces de mort, au moment où l’un de ses confrères, Maître Amokrane Ould-Aoudia, était assassiné en plein Paris par un commando aux ordres des services secrets français. Après les Accords d’Evian, Il est resté vivre en Algérie sous le gouvernement de Ben Bella et a participé à la rédaction des décrets sur les biens vacants et à l’expérience de l’autogestion. Le 16 mai 1966, au lendemain de la destitution de Ben Bella par le coup d’Etat militaire du 19 juin 1965, il est mort à l’âge de 42 ans dans un accident d’automobile provoqué par un camion militaire. Sa fille, Viviane Candas, dans ce film émouvant et utile, a mené une enquête dans le temps et dans l’espace qui l’a conduite à découvrir qu’il fréquentait des opposants au pouvoir de Boumedienne et à entrevoir ce qui a pu conduire à sa perte cet homme dévoué à la cause de la justice et du droit. Un film qui nous confronte à ce moment oublié et peu traité au cinéma des années qui ont suivi l’indépendance de l’Algérie.

Algérie du possible
Documentaire, France, 2016
Durée : 88 mn
Réalisation : Viviane Candas
Production : Seconde Vague Productions
Distribution : Les Films de l’Atalante

 

Source: La LDH soutient le film « Algérie du possible », de Viviane Candas

Pour le respect de la laïcité 7 décembre 2016

A l’occasion du 9 décembre 2016, jour anniversaire de la promulgation de la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État

C’est peu de dire que la laïcité va mal : malmenée, manipulée, vilipendée, on n’ose plus s’affirmer laïque par peur des amalgames et des contresens. Principe de paix, elle serait devenue sujet de discorde. Principe d’unité par-delà les différences, on lui assigne des fins identitaires.

L’extrême-droite, de tradition pourtant anti-laïque depuis toujours, veut s’approprier le mot pour mieux distiller son venin xénophobe. Hier les juifs, les arabes, aujourd’hui les musulmans. On ne peut se réclamer de la laïcité, quand on condamne les prières de rue, quand elles se font aux abords des mosquées, mais qu’on les soutient quand il s’agit de l’église Sainte Rita. On n’est pas laïque, quand on se fait le porte-parole des discours les plus réactionnaires du Vatican en appelant à la suppression du Planning familial.

Non, l’Islam ne serait pas par nature plus hermétique aujourd’hui à la laïcité que ne l’était le culte catholique en 1905. La laïcité n’a pas à s’adapter à une religion, de même qu’aucun croyant ne peut réclamer de droits particuliers. La République est séparée des religions, elle n’a pas à organiser les cultes.

Nous, militants laïques, par-delà parfois des divergences d’analyse, en appelons à la constitution d’un front commun autour des fondements de la laïcité républicaine, telle que définie par la loi de 1905. Être laïque, c’est reconnaître que l’État assure en même temps la liberté de conscience – croyant et non croyant – et le libre exercice des cultes. Être laïque, c’est affirmer que l’État ne doit reconnaître, salarier ou subventionner aucun culte. Par conséquent la République ne tranche pas parmi les cultes plus ou moins respectables : elle demeure indifférente dans la seule limite du respect de l’ordre public et des lois communes.

Ses Elus et représentants doivent conserver cette neutralité dans leurs fonctions. La République ne juge personne selon ses croyances ou appartenances présumées. Elle accorde à l’Ecole publique la noble mission d’instruire les enfants : c’est par conséquent à elle que l’État doit accorder les fonds nécessaires aux défis que porte l’Ecole aujourd’hui.

Nous, militants de la cause laïque, appelons à la plus grande vigilance contre toute tentative de détourner la laïcité de ses objectifs. En cette date anniversaire de la loi de 1905, nous en appelons au respect plein et entier de ses principes fondateurs. La laïcité organise l’espace public et donne sens à la citoyenneté républicaine qui garantit la démocratie. Ce n’est ni une police de la pensée, ni une option philosophique parmi d’autres valeurs particulières.

La loi de 1905 est une loi de liberté qui permet toutes les autres libertés. Elle doit donc être préservée.

Premiers signataires :

Guiseppe Aviges (vice-Président de l’Union Nationale Lycéenne – UNL), Jean Baubérot (ancien titulaire de la chaire Histoire et sociologie de la laïcité à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes), Alain Barbier (Secrétaire général de l’UFR de la FERC-CGT), Hervé Basire (Secrétaire général de la FERC- CGT), Thierry Baudet (Président de la MGEN), Christian Beauvais (Délégué Général de la Fédération du Pas de Calais et de l’Union Régionale des Hauts de France de  la Ligue de l’enseignement), Nadia Bellaoui (Secrétaire générale de la Ligue de l’enseignement), Hassan Benhsain (Président de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne – FIDL), Daniel Bénichou (Président de l’Association Le Chevalier de la Barre), Roland Biache (Délégué général de Solidarité Laïque), Jean-Marie Bonnemayre (Président du CNAFAL, Edith Boulanger (Commission « Laïcité » du Mouvement de la Paix),Edouard Brézin (Président de l’Union Rationaliste, Ancien Président de l’Académie des Sciences), Marcel Caballero (Président d’honneur de l’Institut de Coopération Sociale Internationale (ICOSI) – vice-Président du Centre international de recherche et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative (CIRIEC), Monique Cabotte-Carillon (Présidente du CEDEC : Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l’Ecole Confessionnelle), Jean-Luc Cazaillon (Directeur général des CEMEA), Philippe Corcuff (maître de conférences de science politique à l’IEP de Lyon), Daniel Callewaert (Président fondateur du Cercle  Laïque Maria et Gustave Dron – Tourcoing), Jacques Calvier (militant laïque), Jean-Yves Cerfontaine (Président du Cercle Laïque Jean Macé et ancien Secrétaire National de la FEN),Guy Cirla (Président de la Ligue de l’Enseignement de l’Ariège), Charles Conte (Chargé de mission laïcité à la Ligue de l’enseignement), Guy  Coq  ( administrateur  de   Confrontation et Membre  de  l’ OFC),   Dominique Dattola (Auteur réalisateur humaniste, citoyen du monde),  Claude Dejean (Présidente du Cercle Condorcet de l’Ariège, Vice- présidente de la Ligue de l’Enseignement Fédération de l’Ariège), Abdoulaye Diarra (membre du Bureau national de l’Union Nationale des Etudiants de France – UNEF), Jean-Michel Ducomte (Président de la Ligue de l’Enseignement), Françoise Dumont (Présidente de la Ligue des Droits de l’Homme), Michel Eliard (Docteur ès-lettres, professeur émérite des universités), Christian Eyschen (vice-Président de la Libre Pensée), Philippe Forget (essayiste), Judith Fouillard (Secrétaire nationale de la FSU), Anne-Marie Franchi (ancienne Vice-présidente de la Ligue de l’Enseignement et ancienne Secrétaire générale des DDEN), Jean-Claude Frey (Président d’un groupement de mutuelles interprofessionnelles), Mireille Fridman ( militante laïque de Toulouse), Gabriel Gaudy (Secrétaire général de l’Union régionale Ile-de-France de FO, libre penseur), Jean-Yves Gallas (Président du Comité francilien du Mouvement de la Paix),Maurice Gelbard (chercheur), Jacques Gelly (Président de l’Union Régionale des Fédérations des Œuvres Laïques Auvergne Rhône-Alpes de la Ligue de l’enseignement), David Gozlan (Secrétaire général de la Libre Pensée), Anne-Marie Harster (vice-Président de Solidarité laïque), Pascal Joly (Secrétaire général de l’Union régionale Ile-de-France de la CGT), Dadou Khel ( Président du groupe « diversité/laïcité » de la Ligue de l’enseignement), Annie Lacroix-Riz ( professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7), Pascal-Eric Lalmy (Conseiller municipal d’Osny (95), Hélène Langevin-Joliot (Présidente 2004-2012 de l’Union rationaliste), Lilâ Le Bas (Président de l’Union Nationale des Etudiants de France – UNEF), Jo Le Lameur (Président de la Fédération Française de Crémation), Polo Lemonnier (Secrétaire national de la FSU), Jacky Lesueur (syndicaliste), Jean-Claude Mailly (syndicaliste), Michel Miaille ( professeur honoraire à l’Université de Montpellier, Président de la Ligue de l’Enseignement de l’Hérault), Paul Markidès (Vice-Président de l’Association Républicaine des Anciens Combattants), Roger Martelli (codirecteur du magazine Regards), Philippe Martinez (Secrétaire général de la CGT), Jean-Luc Mélenchon (Eurodéputé), Maurice Montet (militant pacifiste), Pascal Nakache (Avocat, membre du Comité Central de la Ligue des Droits de l’Homme), Michel Naud (ingénieur, chef d’entreprise, rationaliste scientifique), Gauthier Ngumbu (Président de la Ligue de l’Enseignement de Haute-Garonne), Françoise Olivier-Utard (militante laïque), Rémy Pech (professeur émérite et Président honoraire de l’Université de Toulouse – Jean Jaurès), Jean-Claude Pecker (Membre de l’Institut, Professeur au Collège de France), Catherine Picard (ancienne Députée), Jean Louis Petriat (President d’Honneur du Groupe GMF et de la FNAC), Jean-Sébastien Pierre (Président de la Libre Pensée), Bernard Quelquejeu ( membre de l’Observatoire Chrétien de la Laïcité, co-fondateur du Groupe International, Interculturel, Interconvictionnel (G3i), Jean-Michel Quillardet (l’Observatoire international de la laïcité contre les dérives communautaires), Jean-Robert Ragache (Historien et Ancien Grand Maître du Grand Orient De France), Hubert Raguin (syndicaliste), Jean-Marc Raynaud (responsable des Editions libertaires), Caroline Rebhi (co-présidente du Mouvement Français pour le Planning Familial), Liliane Rehby (Secrétaire Nationale de l’ARAC), Jean Riedinger (Secrétaire  de l’Observatoire Chrétien de la Laïcité), Johannés Robyn (Président de l’Union des Athées – France),Patrice Rolland, (professeur de droit public), Joël Roman (Président de Islam et laïcité),  Jean-Luc Romero (Président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité), Pierre Roy (Président de la Fédération nationale laïque des Associations des Amis des Monuments Pacifistes, Républicains et Anticléricaux), Frank Sammeth ( Président de la société d’histoire du radicalisme), Jean-Marc Schiappa (Président de l’Institut de Recherche et d’Etudes de la Libre Pensée), Benoit Schneckenburger (Philosophe), Véronique Sehier (co-présidente du Mouvement Français pour le Planning Familial), André Sirota (Président de l’Association nationale des CEMEA), Patrick Staat (Secrétaire général de l’ARAC), Benjamin Stora (Historien), Michèle Talfer (Bureau de l’Union rationaliste), Dominique Thys (Président de Solidarité laïque), Bernard Toulemonde ( Inspecteur général honoraire de l’Education nationale), Pierre Tournemire (vice-Président de la Ligue de l’Enseignement), Michel Tubiana (Président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme), Michel Vovelle (Historien), Raphaël Vahé (Président de l’ARAC), Valentine Zuber (Historienne ou Directrice études à l’Ecole pratique des hautes études)

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Source: Pour le respect de la laïcité