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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : LDH Aix

#36 – Septembre 2017 : Les prisons : en sortir ? 6 septembre, 2017

Pourquoi un numéro des Echos sur les prisons ?

Parce que le centre pénitentiaire d’Aix-Luynes va devenir cette année la plus grande prison de la région (1400 places).

Surtout parce que nous voudrions en parler au fond : pourquoi voit-on dans la prison et l’enfermement le seul moyen d’apaiser nos sociétés en crise ? Le président Emmanuel Macron propose la création de 16 000 places de prisons.

Comment organiser la prison pour que ceux qui y séjournent voient leurs droits fondamentaux respectés et par là apprennent à respecter ceux des autres ?

Comment éviter la prison par des peines alternatives ? Comment donner du sens à ce moment si particulier de la vie d’un homme ou d’une femme en l’aidant à se réinsérer dans la vie « normale » ?

Nous manquons d’information sur ce lieu si particulier, au point que l’on entend souvent parler du sort des détenus comme d’un sort enviable, voire parler des lieux de détention comme des résidences « 3 étoiles » ; il n’en est rien : la prison, on y revient, on s’y radicalise, on s’y suicide, on y meurt, on y devient ou reste fou.

Apprenons à la connaître et peut être pourrons-nous envisager de la transformer et d’aider à en faire seulement un lieu de passage vers une liberté responsable et citoyenne.

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Non, la solidarité n’est pas un délit (procès en appel de Cédric Herrou et Pierre-Alain Mannoni) ! 16 juin, 2017

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Tous les jours des exilés, femmes et hommes, fuyant guerres, violences, dictatures, misère…, traversent la Méditerranée. Beaucoup y meurent. Les autres espèrent pouvoir trouver asile en Europe. Certains cherchent à venir en France. Mais celles et ceux qui arrivent à Vintimille sont bloqués, la frontière leur étant fermée. Celles et ceux qui parviennent néanmoins à franchir cette frontière sont refoulés par les forces de l’ordre (au motif du règlement Dublin) sans avoir la possibilité de demander l’asile. Y compris les mineurs isolés ! En violation par l’État des droits fondamentaux et de la loi. Pourtant certains les aident. Au nom de la justice et de la solidarité. L’association Roya citoyenne est de ceux-là ; entourée de nombreux autres citoyens.

Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de la Roya, a été condamné à 3000 € d’amende avec sursis pour avoir pris en charge des migrants sur le sol italien et les avoir aidés à transiter en sécurité vers la France. Le procureur qui avait requis 8 mois de prison avec sursis a fait appel. L’audience a été fixée au 19 juin à la Cour d’appel d’Aix.

Pierre-Alain Mannoni, enseignant-chercheur à Nice, qui était poursuivi pour avoir, lui aussi, convoyé des Érythréennes venues d’Italie, a été relaxé le 6 janvier par le tribunal correctionnel de Nice (qui a estimé qu’il avait agi pour préserver la dignité des personnes acheminées) alors que le procureur de la République avait requis 6 mois de prison avec sursis. Le procureur a fait appel. L’audience est fixée au 26 juin à la Cour d’appel à Aix.

C’est donc la solidarité qui est poursuivie en tant que délit. Quelle injustice ! Cédric Herrou et Pierre-Alain Mannoni doivent être soutenus, le plus massivement possible. En même temps nous rendrons hommage à tous ces exilés qui cherchent refuge.

SOYONS NOMBREUSES ET NOMBREUX À SOUTENIR
CÉDRIC HERROU ET PIERRE-ALAIN MANNONI,
POURSUIVIS PARCE QUE SOLIDAIRES !

Lundi 19 juin à 13h30 devant la Cour d’appel (procès de Cédric Herrou)

Lundi 26 juin à 13h30 devant la Cour d’appel (procès de Pierre-Alain Mannoni)

100 organisations signataires :

  • Ligue des droits de l’Homme (comité régional PACA et sections d’Aix-en-Provence, de Perpignan et de Tarbes Bagnères) ;
  • Collectif AGIR ;
  • Cimade (Région Sud-Est, groupes d’Aix-en-Provence, du Tarn-et-Garonne et des Pyrénées-Orientales) ;
  • Roya Citoyenne ;
  • Syndicat des avocats de France et SAF sections d’Aix-en-Provence et de Marseille ;
  • Syndicat de la Magistrature (section PACA) ;
  • RESF et RESF 13, 06, 27, 48, 65 et 93 ;
  • Collectif 13 Droits des Femmes ;
  • Résister Aujourd’hui ;
  • Parti de Gauche 13 ;
  • JRS Welcome ;
  • Les Déconnomistes d’Aix-en-Provence ;
  • Emmaüs International, Saint-Marcel et Marseille Pointe Rouge ;
  • Hospitalité Solidaire Manosque ;
  • Aix Solidarité ;
  • Palestine 13 ;
  • Accueil Solidarité Saint-Étienne Les Orgues ;
  • ASTI Aix-Marseille ;
  • PCF Aix-en-Provence ;
  • Femmes Solidaires 13 ;
  • Collectif de soutien aux migrants et réfugiés 11/12 arr. Marseille ;
  • FSU, FSU 13 et FSU PACA ;
  • MRAP et MRAP 06 ;
  • Marche Mondiale Femmes PACA ;
  • RUSF 13 ;
  • CFDT (UL du Pays d’Aix) ;
  • SNES-FSU Aix-Marseille ;
  • Association pour la Démocratie à Nice (ADN) ;
  • Citoyens Solidaires 06 ;
  • FTCR ;
  • COVIAM ;
  • Cercle Louis Guilloux ;
  • Collectif Réfugiés Vaucluse ;
  • UJFP ;
  • EuroMed Droits ;
  • AMELIOR ;
  • Secours Catholique Caritas France ;
  • Gisti ;
  • Mouvement Citoyen Tous Migrants 05 ;
  • La Pastorale des Migrants ;
  • Liridona ;
  • CRIAAR Velaux ;
  • ATMF ;
  • Recherche sans Frontière ;
  • Pax Christi Nissa ;
  • Union Syndicale Solidaires ;
  • Fédération SUD Éducation ;
  • Wise ;
  • CCFD-Terre Solidaire 06 ;
  • Amnesty International (groupe d’Aix) ;
  • Tous Citoyens ! ;
  • Émancipation Tendance Intersyndicale ;
  • Anafé ;
  • Partit Occitan ;
  • φ France Insoumise ;
  • ATTAC Aix-en-Provence et Marseille ;
  • Vallées Solidaires ;
  • JRS France ;
  • CNAFAL ;
  • RCI ;
  • ANEF Provence ;
  • RESOME ;
  • Aix Vanguard ;
  • La Chapelle debout ! ;
  • Kolone ;
  • Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau ;
  • Justice et Libertés Strasbourg ;
  • JEFS Calais ;
  • Transport People and Care ;
  • Collectif « Migrants : changeons notre regard » Antony ;
  • Réseau de Soutien aux Migrants 89 ;
  • Romeurôle 94 ;
  • Paris d’Exil ;
  • Ecodrom93 ;
  • Glokal e.V. (Allemagne) ;
  • Terre d’Errance Norrent-Fontes ;
  • Collectif Austerlitz de soutien aux migrants ;
  • Archive des Mémoires Migrantes (Italie) ;
  • Collectif de soutien aux Roumains d’Ivry ;
  • Antigone Triveneto (Italie).

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#35 – Mai 2017 : Élections législatives à Aix – La LDH interroge les candidats sur nos droits 29 mai, 2017

Nous l’avions fait en 2012 lors des précédentes élections législatives, nous le refaisons pour les présentes élections : interpeller les candidats sur les domaines où nos droits –qu’ils soient politiques, civils, économiques, sociaux ou encore environnementaux – sont ou peuvent être en cause : services publics, sécurité, justice, droits sociaux, droits des femmes, accueil des migrants, écologie et développement durable.

Nous avons envoyé un questionnaire détaillé, puis proposé une rencontre aux candidats des principales formations dans les 11ème et 14ème circonscriptions.

Nous n’avons pas interrogé les candidats du Front national ou d’autres formations d’extrême droite en raison de leurs positions racistes et xénophobes.

Nous avons ainsi pu avoir des entretiens avec Claudie Hubert et Hélène Le Cacheux (La France insoumise 11ème et 14ème) et leurs suppléants Guillaume Della Porta et Jean-Yves Salvat, André Molino (PCF 11ème), sa suppléante Anne Mesliand, et Pierre Capell (PCF suppléant 14ème), Jean-David Ciot (Majorité présidentielle 14ème) et Dorian Hispa (EELV/PS/PRG 11 ème ).

Ce sont les positions prises par ces candidats que nous exposons ci-après ; ce qui est écrit a été validé par eux.

Nous regrettons que les candidats Mohamed Laqhila (11 ème ) et Anne-Laurence Petel (14 ème ) pour « En marche ! », Stéphane Paoli (14 ème ) et Christian Kert (11 ème ) pour « Les Républicains », n’aient pas souhaité ou trouvé le temps de répondre. Les droits de l’Homme ne semblent pas faire partie de leurs priorités.

Voici leurs réponses : … à vous de juger

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#34 – Mars 2017 : Laïcité : liberté de conscience, liberté d’expression 6 mars, 2017

La laïcité ? Elle est mise à toutes les sauces, utilisée, réutilisée, déformée, tordue, jusqu’à devenir le contraire de ce qu’elle est.

Elle justifierait l’interdiction du voile, de la burka et même du burkini !

On associe ainsi la laïcité à un ensemble d’interdits qui concernent la religion musulmane.

Ce sont des directeurs d’école qui prétendent refuser la participation de mères voilées aux sorties scolaires.

C’est la mère d’un soldat victime de Mohamed Merah qui participe à de nombreuses actions promouvant la citoyenneté qui se voit huée, agressée parce qu’elle porte un foulard.

C’est Mme Le Pen qui déclare « un » Islam « compatible » avec la République « à condition qu’il soit laïcisé » comme les autres religions.

Si de tels propos sont tenus ou de telles attitudes prises, c’est que l’islam est présenté comme un danger pour rejeter les populations musulmanes : comme si leur présence en France constituait un problème.

Nous voulons dans ce numéro des Echos préciser les choses, montrer comment la laïcité est le fruit d’une longue histoire en France, comment elle est indissociable de notre conception de la République, montrer tout ce qu’elle permet, car c’est une loi de liberté, indiquer aussi les limites à respecter. Montrer qu’elle est le contraire d’une loi d’exclusion.

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Pinar Selek, symbole d’une Turquie résistante malgré la répression 4 février, 2017

La LDH soutient Pinar Selek, réfugiée politique turque victime d’un acharnement judiciaire dans son pays

Depuis 1998, Pinar Selek est soumise à un procès kafkaïen mais elle résiste.
En 2014 elle a été acquittée pour la quatrième fois mais le procureur a fait appel une fois de plus.
Depuis, l’affaire Pinar Selek était renvoyée dans les méandres de la justice.

Le 25 janvier 2017, après une attente infinie, le procureur de la Cour de cassation a donné son avis : il demande une condamnation à perpétuité.

Cour d’assise, Cour pénale, Cour de cassation, la procédure qui dure depuis 19 ans est si complexe qu’elle fait tourner la tête. L’enjeu pour Pinar Selek, ses proches et ses soutiens est de garder l’équilibre malgré ce procès infâme.

Lorsque l’on se penche sur la chronologie de ce procès, on comprend l’ampleur de l’acharnement.
Et pour ne pas se laisser ensevelir on construit des stratégies de résistance.
Et pour cela nous devons être nombreuses et nombreux.

Pinar Selek est le symbole d’une Turquie résistante malgré la répression, qui doit pouvoir continuer à penser, à créer, à s’organiser, à lutter.

Tous les liens que Pinar Selek a tissés ici et ailleurs, sont une force collective, cette force peut agir maintenant : empêcher sa condamnation, faire connaître ses écrits, ses idées, résister à ses côtés, ouvrir des portes et des chemins qui la protègeront et lui donneront l’énergie de continuer.

Il y a beaucoup à faire, chacun-e trouvera sa façon de faire.

Pinar Selek n’est pas seule !

Agissons !

Pour en savoir plus sur Pinar Selek : sa biographie

 

Source: Pinar Selek, symbole d’une Turquie résistante malgré la répression

La LDH soutient le film documentaire « Retour en Algérie », d’Emmanuel Audrain 4 février, 2017

Retour en AlgérieLa guerre d’Algérie – dont ils n’ont pu parler – a dévasté leurs jeunesses. Comme deux millions de jeunes Français, leur seul service militaire ce fut la guerre d’Algérie. Torture et « corvées de bois » sont les blessures dont leur génération n’a pas pu parler. A 65 ans, au moment de toucher leurs « retraites du combattant », ils disent : « Cet argent, nous ne pouvons pas le garder, pour nous-mêmes ». Alors, ils le collectent et le redistribuent à des associations, en Algérie. C’est ainsi qu’en 2004 naissent les 4ACG (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre). Avec ces projets solidaires, leurs cœurs ont rajeuni. Eux, qui s’étaient tus si longtemps, parlent enfin, rencontrent des jeunes… Et retournent en Algérie. Ils ajoutent : « Cette Histoire a bouleversé nos vies. Aujourd’hui c’est une autre page que nous voulons écrire… Solidaire et fraternelle, celle-là ».

Ce film est à voir absolument parce que, comme le disent les protagonistes : « On ne peut pas tourner la page, elle s’écrit encore », et si l’association qu’ils ont créée leur permet de prendre la parole c’est aussi pour transmettre, dans l’espoir que les jeunes d’aujourd’hui soient capables de désobéir aux ordres inhumains.

Même si cela est évoqué, ce n’est pas l’aspect « guerre coloniale » et le racisme terrible qui la sous-tendait que le film s’attache à dénoncer (la parole est très peu donnée aux Algériens). Ce qu’il montre essentiellement c’est la situation de ces hommes (ils sont sept dans le film) qui ont été appelés et ont passé 27 mois en Algérie à faire la guerre et à obéir à des ordres qui allaient à l’encontre de leurs convictions éthiques : fouiller, brûler, tuer indistinctement… Ils témoignent de la violence inouïe de cet univers où des hommes et des enfants étaient torturés chaque jour, leurs cris de douleur se confondant avec les hululements des chacals, où des femmes et des jeunes filles étaient violées, des villages entiers mis à feu et à sang. On les ressent profondément blessés. Ils se sont tus pour la plupart et aujourd’hui, parce qu’ils ont pu se regrouper en association, ils se sont sentis autorisés à parler ; la présence de Simone de Bollardière, femme du seul général de l’armée française à avoir dénoncé ces agissements (il a été condamné à deux mois de forteresse), qui les a rejoints dès la création de l’association, les aide car elle sait quelles pressions ils ont subies et ce que signifiait manifester son désaccord. Cette parole les délivre de l’oppression que représentait leur silence.

Aussi la question que pose fondamentalement le film est celle de l’obéissance à l’injonction de torturer, humilier, anéantir. Et comment est-il possible que les dirigeants du « pays des droits de l’Homme » aient pu laisser faire, autoriser, couvrir de telles ignominies !

Le film les montre assez peu de retour dans l’Algérie d’aujourd’hui où l’argent de leurs soldes sert à soutenir des projets menés de façon autonome par des Algériens. L’un deux qui semble être le président de l’association, a participé physiquement au projet-phare : la restauration d’un village presque entièrement détruit. Toutefois ces échappées dans de somptueux paysages aident à reprendre souffle car le film est centré sur les interviews de ces anciens appelés. En effet le réalisateur dit s’être rendu compte au stade du montage que le vrai voyage de ces hommes était leur voyage intérieur « celui qui va de leurs 20 ans à aujourd’hui ». Ce long chemin où, avec cœur et intelligence, ils ont su retrouver l’estime d’eux-mêmes.

Ce film fait l’objet de projections-rencontres en présence du réalisateur et d’invités chaque samedi à 11h jusqu’au 25 mars au cinéma Luminor-Hôtel de Ville à Paris.

Attention : Il s’agit d’un film dur car les horreurs évoquées, même si on nous épargne un récit circonstancié, sont difficiles à supporter.

Retour en Algérie

Documentaire, France

Durée : 52mn

Réalisation : Emmanuel Audrain

Source: La LDH soutient le film documentaire « Retour en Algérie », d’Emmanuel Audrain

L’étau se resserre sur les contrôles d’identité « au faciès » 26 janvier, 2017

Après le Défenseur des droits, la cour d’appel de Paris et la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel recadre à son tour les contrôles d’identité.

Bien que le Conseil constitutionnel ait jugé les articles 78-2 alinéa 7 et 78-2-2 conformes à la constitution, les organisations de la plateforme En finir avec les contrôles au faciès considèrent que les réserves formulées par les neuf sages confirment l’urgence d’une réforme en profondeur du cadre législatif et des pratiques en matière de contrôle d’identité. 

Tandis que les occupants successifs du ministère de l’Intérieur s’échinent, au Parlement et dans les instances contentieuses, à en nier l’ampleur, des voix de plus en plus pressantes et nombreuses s’élèvent pour en dénoncer l’existence et les conséquences délétères. A la dénonciation vient s’ajouter une critique désormais répandue des insuffisances législatives qui nourrissent cette pratique discriminatoire, de l’absence de récépissé de contrôle à l’imprécision des critères juridiques autorisant un contrôle.

Après la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) qui, le 8 novembre 2016, a recommandé « aux pouvoirs publics d’assurer la traçabilité des opérations de contrôle d’identité », et d’introduire dans le texte encadrant les contrôles d’identité l’exigence d’objectivité des critères pour les justifier ;

Après la Cour de cassation, qui, le 9 novembre 2016, a confirmé la condamnation de l’Etat pour faute lourde en raison de contrôles d’identité discriminatoires ;

Après le Défenseur des droits, qui, ajoutant à ses recommandations de 2012 et observations de 2015, publie le 20 janvier 2017 une enquête soulignant l’ampleur et la persistance des contrôles au faciès. Il insiste, par ailleurs, sur « la nécessité de conduire une réflexion partagée sur l’encadrement juridique des contrôles d’identité sur leur efficacité et leurs effets » ;

Le Conseil constitutionnel vient de rendre sa décision suite à deux questions prioritaires de constitutionnalité visant notamment l’article 78-2 alinéa 7 et l’article 78-2-2 du Code de procédure pénale, qui permettent les contrôles d’identité autorisés par réquisition du procureur dans un lieu et un temps déterminé et aux fins de recherches et poursuites d’infractions, quel que soit le comportement de la personne.

Certes, le Conseil constitutionnel a jugé ces dispositions conformes à la Constitution. Mais il a fermement énoncé, dans deux réserves d’interprétation, que le procureur ne peut retenir des lieux et périodes sans lien avec la recherche des infractions visées dans ses réquisitions, ni autoriser la pratique de contrôles d’identité généralisés dans le temps ou dans l’espace.

Cette décision devrait mettre fin à la pratique actuelle qui voit des procureurs prendre des réquisitions tellement larges et répétées qu’elles constituent une autorisation perpétuelle et sans condition de contrôler les identités des passants, incontestable terreau du contrôle d’identité « au faciès ».

Si les organisations de la plateforme « En finir avec les contrôles au faciès » regrettent que le Conseil constitutionnel ait admis la constitutionnalité de contrôles d’identité décidés sur des critères sans lien avec le comportement de la personne, elles notent avec satisfaction que le Conseil a rappelé que ces contrôles doivent « s’opérer en se fondant exclusivement sur des critères excluant toute discrimination de quelque nature que ce soit entre les personnes ».

La succession de ces décisions, avis et recommandations venant des plus hautes autorités judiciaires, constitutionnelles et consultatives, impose aujourd’hui au législateur de réformer en profondeur le droit des contrôles d’identité pour ne les admettre que s’ils sont fondés sur des critères objectifs et effectués dans le seul but de la prévention et de la répression des infractions pénales et d’imposer la délivrance d’un récépissé de contrôle.

A télécharger : le communiqué de la plateforme En finir avec les contrôles au faciès

Signataires :

GISTI

Human Rights Watch

Ligue des droits de l’Homme

Maison Communautaire pour un Développement Solidaire

Open Society Justice Initiative

Pazapas

Syndicat des Avocats de France

Syndicat de la Magistrature

#Quoimagueule

Source: L’étau se resserre sur les contrôles d’identité « au faciès »

#33 – Janvier 2017 : Les lanceurs d’alerte : des citoyens au service de l’intérêt général 26 janvier, 2017

D’Antoine Deltour à Edward Snowden, les lanceurs d’alerte ont osé dire leur désaccord sur la place publique, ont choisi de rendre publiques des informations dérangeantes. La multiplicité des affaires qu’ils ont révélées, en France et dans le reste du monde, démontre l’utilité de leur démarche pour l’intérêt général et la démocratie. Certains ont permis au Trésor public français de récupérer plusieurs milliards d’euros (affaires UBS, SwissLeaks, LuxLeaks, Panama Papers), d’autres de prévenir des risques sanitaires majeurs (amiante, éthers de glycol, Mediator) ou encore de dénoncer des pratiques de corruption (affaires des diamants de sang de l’Angola, de la revente du Printemps). Ces salariés lanceurs d’alerte ont simplement, dans le cadre de leur travail, refusé de cautionner des pratiques contraires à leur éthique professionnelle. Cette intégrité leur a souvent coûté leur carrière, leur emploi et a bouleversé leur vie personnelle. Beaucoup d’entre eux, des années après les faits qu’ils ont signalés, sont toujours sans emploi ni revenus, et ont toutes les peines du monde à assurer leur défense dans le cadre des multiples procédures judiciaires intentées contre eux. Car ils étaient jusqu’à présent très peu protégés.

Dans ce numéro des Echos nous allons préciser ce dont on parle quand on évoque les lanceurs d’alerte, illustrer leur combat par deux exemples fameux, dire où en est la réglementation du droit d’alerte, montrer les enjeux pour la société que nous voulons (une société transparente et démocratique) et pour la citoyenneté.

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Chiffrement, sécurité et libertés, positionnement de l’Observatoire des libertés et du Numérique (OLN) 25 janvier, 2017

Depuis quelques temps, certaines volontés politiques s’affichent afin de remettre en cause les protections techniques et juridiques garanties par les méthodes de chiffrement. Pour s’opposer à ces propositions dangereuses pour, l’Observatoire des Libertés et du Numérique publie son positionnement argumentaire concernant la défense du droit au chiffrement, outil indispensable à la protection des libertés à l’ère numérique.

Paris, 23 janvier 2017

Positionnement de l’Observatoire des libertés et du numérique (OLN)

Vous trouverez l’intégralité du positionnement de l’OLN ici : Chiffrement, sécurité et libertés (OLN)

Résumé du positionnement

Les capacités (techniques et légales) de surveillance des États à l’ère numérique sont aujourd’hui telles que le droit fondamental à la vie privée, garant de la liberté d’expression, d’opinion, d’information, dans une société démocratique, a été profondément remis en cause ces dernières années, en France et dans le monde.

Dans ces conditions, la capacité de chiffrer ses communications numériques et ses données informatiques est une condition indispensable à la préservation des droits et libertés fondamentales, et l’un des derniers remparts, individuels et collectifs, aux intrusions arbitraires et illégales de nombreux acteurs, étatiques, privés, ou criminels.

Le chiffrement va bien au-delà d’une question de droits de l’Homme : alors que le numérique a investi l’ensemble des champs d’activité humains, l’affaiblir, quelle que soit la technique utilisée, reviendrait à fragiliser considérablement l’économie, mais aussi la sécurité collective.

Répétons-le, il n’existe pas de technique d’affaiblissement systémique du chiffrement qui ne permettrait de viser que les activités criminelles : l’ensemble des citoyens seraient alors aussi potentiellement visés. Il n’existe pas non plus de technique d’affaiblissement du chiffrement qui ne profiterait qu’à des acteurs « bien intentionnés ». Si une faille est créée pour un État (police, justice, service de renseignements…), elle sera alors disponible pour tous les autres acteurs (Autres États, organisations criminelles, hackers…) moins bien intentionnés.

Le chiffrement est-il utilisé par des personnes se livrant à des activités criminelles ? Oui, puisque par nature celles-ci tentent de dissimuler leurs actes. Mais il est surtout utilisé chaque jour par chaque citoyen, dans chacune ou presque de ses activités numériques. Des criminels peuvent fomenter leurs activités dans une voiture fermée. Il ne viendrait à personne l’idée de supprimer les voitures, ou de les doter systématiquement d’un système d’écoutes intégré directement accessible aux services de l’État.

Pourtant, c’est cette logique que défendent les partisans d’une criminalisation ou d’un affaiblissement du chiffrement. De la même manière qu’il existe des possibilités techniques de mettre sur écoute un espace (comme une voiture) où se dérouleraient des activités criminelles, qui doivent être encadrées par le droit, il existe un large éventail de possibilités légales et de techniques d’enquête permettant aux services de l’État de collecter des éléments de preuve à l’encontre d’organisations suspectées d’activités criminelles. Cet arsenal légal, comme les outils d’interception et de décryptage, a été largement renforcé ces dernières années.

Le bénéfice d’un affaiblissement supplémentaire du chiffrement dans la lutte contre la criminalité semble très faible, pour ne pas dire incertain. Ce qui est certain par contre, c’est que les conséquences seraient dévastatrices pour les droits et libertés de chacun, l’économie et la sécurité du pays, et pour la vie en société de manière générale.

Propositions de l’Observatoire des libertés et du numérique

Les capacités (techniques et légales) de surveillance à l’ère numérique sont aujourd’hui telles que le droit fondamental à la vie privée, garant de la liberté d’expression, d’opinion, d’information, dans une société démocratique, a été profondément remis en cause ces dernières années, en France et dans le monde.
Dans ces conditions, la capacité de chiffrer ses communications numériques et ses données informatiques est une condition indispensable d’une part à la sécurité collective et au bon fonctionnement de l’économie et d’autre part à la préservation des droits et libertés fondamentales, en faisant obstacle aux intrusions arbitraires et illégales de nombreux acteurs, étatiques, privés, ou criminels.

L’Observatoire des libertés et du numérique appelle les acteurs publics et acteurs privés du numérique à :

  • renoncer à toute initiative visant à affaiblir juridiquement ou techniquement les outils de chiffrement ;
  • consulter les institutions et les acteurs de la société civile pertinents suffisamment en amont de tout projet qui aurait des incidences sur le chiffrement ;
  • garantir à toute personne l’accès à un chiffrement robuste, outil indispensable au respect du droit à la vie privée dans le domaine numérique ;
  • promouvoir auprès du public l’importance du chiffrement de ses données et communications numériques et en faciliter l’utilisation et le développement.

Organisations membres de l’OLN : Amnesty International France, Le CECIL, Creis-Terminal, La Ligue des Droits de l’Homme (LDH), La Quadrature du Net (LQDN), Le Syndicat des Avocats de France (SAF), Le Syndicat de la Magistrature (SM).

 

Source: Chiffrement, sécurité et libertés, positionnement de l’Observatoire des libertés et du Numérique (OLN)