Twitter Facebook Accueil

Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : psenegas

Aucune complaisance avec la haine islamophobe 15 octobre, 2019

Communiqué LDH

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) condamne avec la plus grande fermeté les faits qui se sont déroulés le 11 octobre au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, à l’initiative des élus Rassemblement national (RN). Les propos et les comportements tenus par ces élus sont révélateurs d’un climat de haine croissante à l’égard de nos concitoyens de confession musulmane à raison de leurs croyances et pratiques religieuses.

Stigmatiser une mère accompagnatrice d’un groupe d’enfants en raison du port du voile, alors même qu’elle n’était aucunement soumise au principe de neutralité, l’humilier publiquement, faire pleurer son enfant, la contraindre de quitter la salle, la poursuivre en l’invectivant dans les toilettes de l’Hôtel de région, lier sa pratique religieuse à la commission d’actes terroristes, sont des faits intolérables qui ne sauraient demeurer sans conséquences politiques et judiciaires.

La LDH apporte son entier soutien à cette famille ainsi qu’à Madame Marie-Guite Dufay, la présidente de Région qui a immédiatement réagi avec justesse et fermeté face à ces faits islamophobes et qui lui valent un déversement d’insultes sur les réseaux sociaux. La LDH demande l’ouverture dans les meilleurs délais d’une enquête sur tous ces actes insupportables.

Cet événement n’est pas isolé. Il s’inscrit dans un contexte politique et médiatique de multiplication des provocations et des propos islamophobes comme la diffusion sur une chaine nationale de discours politiques véhiculant la thèse complotiste et nauséabonde du grand remplacement ayant conduit aux meurtres de masse de Christchurch. La LDH s’inquiète vivement des derniers discours de l’Exécutif d’appel à la vigilance et au repérage des « signaux faibles » qui alimentent une suspicion généralisée envers les musulmans au nom de la lutte contre le terrorisme. De même, elle dénonce l’insistance de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, à considérer que les mères voilées ne seraient pas les bienvenues dans les sorties scolaires, en contradiction avec la loi en vigueur et stigmatisant une partie des parents d’élèves en raison de leur religion.

La LDH attend une prise de position ferme et sans ambiguïté du gouvernement afin de rappeler les principes de la loi de 1905 sur la laïcité, une condamnation explicite de tous propos et actes islamophobes en particulier lorsqu’ils sont tenus par des représentants de la République et l’engagement d’une action plus générale pour endiguer ce phénomène violant les principes républicains les plus fondamentaux.

Paris, le 13 octobre 2019

Télécharger le communiqué au format PDF

Source: Aucune complaisance avec la haine islamophobe

NON A L’ABANDON DES KURDES FACE A ERDOGAN ! 12 octobre, 2019

La LDH appelle à manifester ce samedi, 12 octobre 2019, à 11h30, sur l’Esplanade des droits de l’Homme, place du Trocadéro, à Paris

 

Rien n’y a fait.

Ni l’indignation de l’opinion mondiale.

Ni l’incompréhension des militaires, des diplomates, des représentants démocrates et républicains américains.

Ni, en France, le Président Macron qui a reçu, à l’Elysée, quelques heures avant l’attaque, mardi soir, une délégation venue du Kurdistan syrien à qui il a redit la solidarité de la France.

L’impensable est arrivé.

Le président turc, Racep Tayyip Erdogan, a lancé, ce mercredi 9 octobre, en fin d’après-midi, son offensive contre le Kurdistan Syrien.

Cet homme qui fut, pendant les années de la guerre contre Daech, le passeur en chef des milliers de djihadistes ralliant la Califat via la Turquie, a commencé de bombarder ces Kurdes syriens qui furent, pendant les mêmes années, avec les Peshmergas du Kurdistan irakien, les résistants les plus déterminés contre Daech.

Et il l’a fait avec l’assentiment de Donald Trump qui avait pris soin d’annoncer, quelques heures plus tôt, qu’il donnait son feu vert à l’opération, entamait le retrait de ses 2000 forces spéciales et n’avait que faire de cette querelle « ancestrale et ridicule » entre les démocrates kurdes et un néo-sultan qui est l’ami, partout dans le monde, des Frères musulmans.

L’on ne se souvient pas avoir vu, dans les années récentes, pareil cas de forfaiture et de trahison.

Jamais les démocraties ne se sont trouvées confrontées à ce cas de figure catastrophique d’un membre clef de l’OTAN agressant un peuple libre.

Et c’est tout l’acquis de la guerre anti-Daech, ce sont tous les fruits de cette longue lutte qu’Américains, Européens, Kurdes de Syrie et d’Irak ont menée et gagnée ensemble, au coude à coude, qui volent aujourd’hui en éclats.

L’Europe va-t-elle accepter le fait accompli ?

Nous rendrons-nous complices de ce lâchage sans précédent d’un peuple ami et en lutte pour notre liberté ?

Les soussignés appellent, avec L’Institut kurde de Paris, la revue_ La Règle du Jeu, _les Arméniens de France, S.O.S Racisme, l’UEJF, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) à une manifestation de soutien aux Kurdes de Syrie.

Autres manifestations prévues (à l’appel des associations kurdes CDKF, CNSK)

Le samedi 12 octobre à :

  • Paris, 14h, Place de la république
  • Marseille, 13h, Canebière
  • Lyon, 15H30, place Bellecour
  • Nantes, 16h, Place du Commerce
  • Bordeaux, 14h, Place de la Bourse
  • Tours, 15h, Place Jean Jaurès
  • Chambéry, 17h, devant la Préfecture

Le vendredi 11 octobre à :

  • Montpellier, 19h, Place du Peyrou

 

Source: NON A L’ABANDON DES KURDES FACE A ERDOGAN !

Syrie : arrêtons d’urgence l’engrenage 12 octobre, 2019

Communiqué LDH

Les livres d’histoire retracent le cynisme sans limites de responsables politiques maniant la ruse, la déloyauté, la cruauté…

L’actualité de ces derniers jours nous fait vivre cela.

Trump, le Président américain, s’est entendu avec Erdogan, le Président turc, pour que le second puisse s’attaquer aux Kurdes. Ceux-là mêmes qui ont joué le rôle décisif pour détruire les troupes de Daech en Syrie, permettant aux soldats américains de n’être engagés qu’en soutien.

Trump explique son lâchage par le fait que « les Kurdes n’ont pas participé au débarquement de 1944 en Normandie ». S’adressant aux critiques venant d’Europe, Erdogan affirme dans un meeting va-t-en-guerre à Ankara,

« Reprenez-vous, Union européenne. Je le dis encore une fois, si vous essayez de présenter notre opération comme une invasion, nous ouvrirons les portes et vous enverrons 3,6 millions de migrants ».

Les temps semblent révolus où la parole donnée, l’accord conclu, le compromis établi étaient respectés. Un monde sans foi ni loi est un monde où le plus fort dicte sa loi, où le plus faible n’a rien d’autre à faire que des actions de vengeance désespérées.

Ce monde n’est pas un monde de tous les droits de l’Homme. Ce monde est un monde qui court à sa perte.

L’espoir ne reviendra que si ceux qui ne veulent pas un monde dirigé par la barbarie sauvent le peuple kurde du sort que Trump et Erdogan veulent sceller.

Il faut arrêter l’engrenage. La LDH demande aux autorités françaises d’agir pour arrêter cela. Maintenant !

Paris, le 10 octobre 2019

Télécharger le communiqué en PDF.

Source: Syrie : arrêtons d’urgence l’engrenage

Municipales 2020 : les élus locaux face à la résorption des squats et bidonvilles 12 octobre, 2019

Les élus locaux face à la résorption des squats et bidonvilles : le CNDH Romeurope interpelle les candidats aux municipales 2020

Paris, le 10 octobre 2019

Le CNDH Romeurope se lance dans la campagne des élections municipales en s’adressant aux candidat·es : OUI, la résorption des bidonvilles et squats dans vos communes est possible, des expériences réussies le montrent dans plusieurs territoires en France.

À l’occasion des élections municipales, il est tentant de faire porter la responsabilité de problèmes locaux sur les précaires habitants de squats et bidonvilles, dont l’origine rom, réelle ou supposée, suscite les plus vives expressions de rejet.

Plusieurs milliers de personnes vivent toujours en bidonville ou squat en France métropolitaine, dans des conditions parfaitement indignes. Les politiques publiques ont jusqu’à présent échoué à résorber durablement ces habitats et à assurer aux personnes qui y survivent les conditions de l’insertion. Le recours à l’expulsion, trop souvent utilisé, s’est avéré une « solution » de facilité, vaine et violente pour les familles, faute de s’attaquer au vrai problème : la grande précarité et la pauvreté des personnes.

Alors que le gouvernement a annoncé en septembre le doublement du budget réservé à la résorption des bidonvilles, la mobilisation des équipes municipales et intercommunales est plus que jamais nécessaire pour trouver des solutions durables à l’habitat en bidonville et squat.

Pour la présidente du CNDH Romeurope, Nathalie Godard : « la mobilisation des élues et élus au niveau local est déterminante, notamment pour permettre l’implication concrète de l’État dans les différents territoires ! Si beaucoup d’aspects semblent séparer des villes comme Bondy, Ivry-sur-Seine, Montpellier, Nantes, Toulouse ou encore Villeurbanne, elles ont un point commun : la volonté de leurs élues et élus de prendre en main la question des bidonvilles et des squats, dans une démarche constructive. Et ça fonctionne !« 

Ce jeudi 10 octobre, le CNDH Romeurope présente son travail d’investigation inédit en France sur les meilleures pratiques de terrain pour résorber les bidonvilles et squats. Les futur·es élu·es, dans les  municipalités, y trouveront :

  • des informations sur la réalité vécue par les personnes vivant en bidonville et squat en France,
  • des études de cas à Bondy, Bordeaux, Ivry, Marseille, Metz, Villeurbanne, Gardanne, Montreuil, Montpellier, dans l’agglo nantaise… : ce qui a marché et ce qui n’a pas marché.
  • des idées pour impulser une dynamique locale,
  • des interviews d’acteurs engagés dans la résorption des bidonvilles.

Pendant la campagne et lors de la première année de mandat, le CNDH Romeurope recensera les engagements et les actions concrètes mises en œuvre pour résorber les bidonvilles, mais aussi les revirements et les renoncements.

2020, année d’élections municipales. Année de la dignité sociale et du recul des bidonvilles ?

Source: Municipales 2020 : les élus locaux face à la résorption des squats et bidonvilles

Procès des indépendantistes catalans à Madrid : la FIDH et EuroMed Droits dénoncent des irrégularités 12 octobre, 2019

Déclaration conjointe EuroMed Droits et FIDH, dont la LDH est membre

Nos organisations publient aujourd’hui un rapport d’observation dénonçant des irrégularités dans le procès des douze responsables associatifs et politiques catalans, tenu à Madrid entre le 12 février et le 12 juin 2019. Déroulé sans véritable débat contradictoire, utilisant des éléments à charge issus d’autres procédures non clôturées, s’appuyant sur des témoignages stéréotypés et n’assurant pas le respect des droits de la défense, ce procès n’offre pas, selon les observateurs, les garanties nécessaires à le qualifier d’équitable.

Dominique Noguères, en tant que vice-présidente de la Ligue française des droits de l’Homme, et Alexandre Faro, comme avocat à la cour d’appel de Paris, ont été mandatés par la FIDH (Fédération Internationale pour les Droits Humains) et EuroMed Droits (Réseau euro-méditerranéen des droits humains) pour être observateurs au procès. Cette mission a eu lieu en lien avec la plateforme International Trial Watch. Plus de 60 personnes, venues des cinq continents, ont pu assister à ce procès en tant qu’observateurs.

Les observateurs de la FIDH et d’EuroMed Droits ont été présents à deux reprises la première semaine du procès du 12 au 16 février, puis du 27 mai au 4 juin avec d’autres observateurs venus de Belgique, d’Italie, des États-Unis et de professeurs de droit espagnols.

Plusieurs points marquants sont mentionnés dans le rapport qui est présenté ce jour :

  1. Les observateurs constatent que sous couvert d’une organisation parfaite, il manque l’essentiel du procès : le débat contradictoire, qui devrait permettre à chacun de s’exprimer et de faire ressortir la vérité des faits reprochés.
  2. Les observateurs s’interrogent sur les conditions dans lesquelles ont été auditionnés les témoins. Comment un agent des forces de sécurité peut-il dire autre chose que ce que son supérieur a exposé la veille devant le Tribunal ? Ce qui fait que lors de l’audition des témoins, souvent les mêmes mots reviennent comme des déclarations stéréotypées, qui laissent planer le doute sur la spontanéité et la véracité de leurs déclarations.
  3. La multiplicité des procédures entre plusieurs juridictions et sa centralisation tardive et incomplète devant le Tribunal Supremo constituent selon les observateurs une atteinte au droit à un procès équitable. Un certain nombre de ces procédures ne sont pas clôturées mais certains des éléments les composant ont été utilisés pendant le procès. Les observateurs estiment qu’une partie des faits à charge reposent sur une instruction qui concerne des faits antérieurs et étrangers à ceux de la cause.
  4. Les conditions dans lesquelles ont été examinées les preuves, la présentation de films et ou de vidéos laissent aussi à désirer puisqu’elles n’ont été faites que les derniers jours du procès, rendant impossible toute discussion ou débat contradictoire.
  5. Concernant le droit d’appel, il apparaît aux observateurs que la qualité professionnelle d’un juge n’est pas un critère pertinent qui permet de suppléer la carence d’un double niveau de juridiction qui est seul à même de permettre un réexamen de l’affaire par d’autres juges.
  6. La présence aux côtés de l’accusation d’un parti politique (VOX) qui n’a été victime de rien et qui soutient des thèses à l’opposé de celles des accusés.

    Les observateurs considèrent donc que les conditions d’un procès équitable ne sont pas réunies en raison de l’absence de débat contradictoire, par les atteintes multiples et répétées des droits de la défense, par le découpage des procédures et par l’utilisation de pièces provenant d’autres instructions non encore clôturées dont la défense n’a pas eu connaissance.

    Contexte :

    A la suite des événements qui ont eu lieu tout au long de l’année 2017 en Catalogne et qui ont abouti au référendum du 1er octobre, puis à la proclamation de l’indépendance aussitôt suspendue, neuf personnalités tant politiques qu’associatives ont été incarcérées, certaines depuis octobre 2017 d’autres depuis mars 2018.

    Il s’agit des présidents des deux plus grandes associations citoyennes de Catalogne : Jordi Cuixart pour Omnium et Jordi Sanchez pour Association Nationale Catalane, et de la présidente du Parlement de Catalogne Carme Forcadell, du Vice-Président du gouvernement catalan Oriol Junqueras et des ministres Joaquim Forn, Jordi Turull, Raul Romeva, Josep Rull et Dolors Bassa.

    A la suite d’une longue instruction répartie entre différents tribunaux, ces neuf personnes ont été renvoyées devant le Tribunal Supremo qui siège à Madrid. Trois autres ministres comparaissent également en liberté conditionnelle : Meritxell Borràs, Carles Mundó, Ministre de la Justice, et Santi Vila, également ministre. Ils sont accusés de violence, de sédition et de malversation.

    Rapport d’observation sur le procès des politiques et associatifs catalans à Madrid, 12 février 2019-12 juin 2019

Bruxelles/Paris, 9 octobre 2019

Source: Procès des indépendantistes catalans à Madrid : la FIDH et EuroMed Droits dénoncent des irrégularités

Répression généralisée du mouvement de protestation en Algérie : les défenseurs des droits humains ciblés par le régime 12 octobre, 2019

Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains
un partenariat de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT)
et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), dont la LDH est membre

Dans un contexte de répression croissante des manifestations pacifiques par les forces de l’ordre algériennes, des centaines de personnes ont été arbitrairement arrêtées depuis début septembre, dont de nombreux défenseurs des droits humains. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle ainsi qu’au respect des libertés d’expression, de réunion et de manifestation qui sont, à deux mois des élections présidentielles, grandement menacées en Algérie.

Le 6 octobre 2019, MM. Hakim Addad, Massinissa Aissous, Djalal Mokrani, Ahmed Bouider et Kamel Ouldouali, ont été placés sous mandat de dépôt par le Tribunal Sidi M’hamed d’Alger. Ces cinq membres de l’association Rassemblement action jeunesse (RAJ) sont accusés d’ « atteinte à l’unité nationale ». MM. Karim Boutata et Ahcene Kadi, également membres du RAJ, sont incarcérés à Alger depuis le 28 septembre pour « atteinte à l’intégrité territoriale » et « enrôlement de volontaires ou mercenaires pour le compte d’une puissance étrangère en territoire algérien », une charge pour laquelle ils encourent jusqu’à 10 ans de prison. MM. Wafi Tigrine et Khireddine Medjani sont eux détenus à Alger depuis le 13 septembre.

Le journaliste et lanceur d’alerte Said Boudour, membre de la section d’Oran de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH, membre de la FIDH) et du Comité anti-répression d’Oran, a été placé en garde à vue le 6 octobre pour une publication sur Facebook. Accusé de « chantage », « atteinte au moral de l’armée » et « incitation au boycott des élections », il a été remis en liberté provisoire le lendemain. Son confrère Fodil Boumala, figure emblématique du mouvement citoyen qui n’a eu de cesse de dénoncer les arrestations arbitraires, a lui été arrêté le 18 septembre et reste incarcéré à la prison d’El Harrach.

L’activiste et figure phare du « mouvement du 22 février » (Hirak) à l’origine des manifestations populaires contre le régime de Bouteflika, Samir Belarbi, a lui été arrêté le 16 septembre et accusé d’« atteinte à l’intégrité territoriale » et de « diffusion ou détention de publication portant atteinte à l’intérêt national ». Il se trouve actuellement à la prison d’El Harrach où il attend son procès. Avant lui, un autre militant du Hirak et figure de l’opposition au régime, M. Karim Tabbou, avait été arrêté le 12 septembre pour « atteinte au moral de l’armée ». Relâché puis ré-arrêté pour « incitation à la violence », il est détenu à la prison de Koléa et sa détention a été confirmée par un juge d’instruction d’Alger le 2 octobre.

« A deux mois des élections présidentielles du 12 décembre, cette vague d’arrestations arbitraires, qui a clairement pris pour cible les défenseurs des droits humains, est un très mauvais signal pour une éventuelle transition vers la démocratie en Algérie. Le régime en place tente par tous les moyens de se maintenir au pouvoir et d’étouffer le mouvement de contestation pacifique en cours, instaurant un climat de peur par la répression », a déclaré Alexandra Poméon, Responsable de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme à la FIDH. « Les libertés d’expression, de réunion et de manifestation doivent être rétablies au plus vite à travers le pays« .

« Nous appelons à la libération immédiate et inconditionnelle des défenseurs des droits humains arbitrairement détenus et rappelons que leurs droits procéduraux doivent être respectés en toutes circonstances« , a déclaré Gerald Staberock, Secrétaire général de l’OMCT.

Depuis février 2019, un mouvement de contestation populaire de grande ampleur ou Hirak s’est développé contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, puis contre son projet de se maintenir au pouvoir dans le cadre d’une transition à l’issue de son quatrième mandat. Des manifestations populaires et pacifiques, d’une ampleur inédite, se tiennent depuis tous les vendredis à travers le pays.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (l’Observatoire) est un partenariat créé en 1997 par la FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et vise à intervenir pour prévenir ou remédier aux situations concrètes de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme. La FIDH et l’OMCT sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Paris, Genève, Alger, le 9 octobre 2019

Source: Répression généralisée du mouvement de protestation en Algérie : les défenseurs des droits humains ciblés par le régime

Agressions policières contre des observations citoyennes, ça suffit ! 9 octobre, 2019

Communiqué LDH

Samedi 28 septembre à Toulouse, à l’occasion d’une manifestation des Gilets jaunes, les membres de l’observatoire local des pratiques policières, initié par la Fondation Copernic, le Syndicat des Avocats de France et la Ligue des droits de l’Homme (LDH), ont été à nouveau pris à partie par des représentants des forces de l’ordre.

Alors qu’ils remplissaient leur mission d’observation citoyenne, ils ont été volontairement ciblés par des policiers qui ont multiplié les insultes, les menaces, les tirs de gaz lacrymogène et des matraquages blessant sérieusement l’un d’eux, pris en charge par les pompiers.

A côté des suites juridiques qui seront données face à ces faits, la LDH dénonce ces agressions inacceptables qui engagent directement la responsabilité du préfet et du directeur départemental de la sécurité publique de la Haute-Garonne qui doivent rendre des comptes sur les ordres donnés et sur le contrôle des opérations.

La LDH saisit parallèlement les ministres de l’Intérieur et de la Justice en vue de garantir la sécurité des membres des observatoires citoyens des pratiques policières et pour que cessent ces tentatives d’intimidation et ces harcèlements policiers et judiciaires.

Paris, le 29 septembre 2019

 

Source: Agressions policières contre des observations citoyennes, ça suffit !

Débat sur l’immigration : lettre ouverte des associations 9 octobre, 2019

Lettre ouverte de plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH)

Mesdames, Messieurs les député-e-s,

Mesdames, Messieurs les sénateurs-rices

A la veille du débat annoncé au Parlement sur l’immigration, les associations de solidarité et les collectifs citoyens s’inquiètent de la multiplication des contrevérités et postures démagogiques dans l’espace public, loin des réalités vécues par les personnes réfugiées ou exilées et des associations qui les accompagnent au quotidien. Pour certains, la France serait « trop généreuse » et « attractive » dans ses procédures d’accueil : la réalité est pourtant tout autre.

Le droit d’asile est aujourd’hui malmené par une nette dégradation des conditions d’accueil et d’accompagnement des demandeur-euse-s d’asile du fait d’un sous dimensionnement chronique du parc d’hébergement (CADA et HUDA) pourtant dédié à ce public. Le ministère de l’intérieur chargé de cette politique admet lui-même qu’un-e demandeur-euse-s d’asile sur deux, soit près de 100 000 personnes, n’accède pas à un hébergement et à un accompagnement dans le dispositif national d’accueil faute de place disponible. A cette situation déjà dramatique, s’ajoute le durcissement des conditions d’entrée dans l’hébergement des personnes sans-abri dénoncé par certaines associations signataires : instruction de l’État demandant aux associations de trier les personnes et familles sans-abri en fonction de leur statut administratif, circulaire demandant au 115 de ficher les demandeur-euse-s d’asile et les réfugié-e-s hébergé-e-s en vue d’une transmission au ministère de l’intérieur sans se soucier du consentement des personnes…

Cette politique de durcissement de l’accueil, qui viole le principe légal d’accueil inconditionnel dans l’hébergement d’urgence n’a eu pour seul résultat que l’augmentation inquiétante du nombre de sans-abri – souvent des familles avec enfants – et la multiplication des campements indignes et des squats dans les métropoles (2600 personnes à Paris, 2000 personnes à Nantes et son agglomération, 2000 personnes à Toulouse, 1500 personnes à Bordeaux, 400 personnes à Rennes…). Parmi ces personnes se trouvent de nombreuses femmes, seules ou avec enfants, qui ont toutes été exposées à des violences ou à l’exploitation, notamment sexuelle, dans leur parcours migratoire. La précarisation des étrangers touche également les ménages qui obtiennent l’asile : 15 à 20 % des personnes présentes dans les campements parisiens sont des réfugiés statutaires. Devant cette crise humanitaire, 13 maires de grandes villes de toutes sensibilités politiques ont écrit aux ministres de l’intérieur et du logement le 24 avril dernier pour alerter sur cette situation et demander une intervention d’urgence de l’État. Pour ces élus, « Nous ne pouvons accepter plus longtemps cette situation indigne de nos valeurs et de la tradition humaniste de notre pays ». Une démarche restée sans réponse à ce jour, comme les nombreuses alertes associatives adressées au gouvernement depuis plusieurs mois.

Comme si l’extrême précarité liée à l’errance ne suffisait pas, l’OFII a décidé sans concertation avec le secteur associatif et en plein mois de juillet, d’interdire le retrait au distributeur de l’allocation ADA (6,80 euros par jour pour une personne seule), seule ressource disponible pour les demandeur-euse-s d’asile qui ne sont pas autorisé-e-s à travailler. Les ménages concernés, soit environ 151 000 personnes, seront donc sommés à partir du 5 novembre prochain de faire leur course avec une carte de paiement sans monnaie, à charge aux associations de trouver des solutions pour compenser ces difficultés nouvelles. Et on peut redouter une diminution de l’ADA pour certaines catégories de demandeur-euse-s d’asile qui augmenterait mécaniquement l’intensité de la pauvreté de cette population dont les conditions de vie sont déjà très précaires.

L’accès aux soins est également remis en cause par la menace d’une restriction de l’accès des étrangers précaires  à l’Aide Médicale d’État (AME) et à la CMU-C et la réduction du panier de soins. Après l’accueil inconditionnel dans l’hébergement, c’est donc le droit de toute personne malade présente sur le territoire à être soignée, l’un des piliers de notre protection sociale, qui est attaqué en utilisant parfois les arguments les plus démagogiques (l’abus de soins esthétiques évidement non couverts par l’AME). Les associations ainsi que de nombreux-ses professionnel-le-s du soin ont largement alerté sur les dangers de ces remises en cause pour la santé des plus précaires et les impacts majeurs en termes de santé publique pour l’ensemble de la population.

Face au débat qui s’engage, nous souhaitons rappeler que l’accueil et la solidarité envers les étrangers sont une réalité à laquelle contribuent de très nombreux citoyens, toutes classes sociales confondues, dans les villes comme dans les zones rurales, et que leur engagement est exemplaire et sauve l’honneur de la République. Nous rappelons que la France bénéficie largement de l’arrivée des personnes étrangères, notamment pour répondre aux besoins de main-d’œuvre non pourvus, qui se chiffrent par dizaines de milliers, pour les entreprises qui peinent à recruter.

Nous demandons aux parlementaires de s’emparer de ses réalités de terrain pour formuler des propositions qui garantissent le respect des droits fondamentaux de toutes les personnes en situation de précarité présentes sur le territoire national. Cela suppose des mesures volontaristes de création de places d’hébergement de qualité et de production de logements accessibles sur l’ensemble du territoire afin que personne ne soit contraint de vivre à la rue et que les pouvoirs publics puissent enfin engager, aux côtés des associations, un programme de résorption des campements indignes qui font honte à la République.

Nous demandons également que la représentation nationale réaffirme le principe d’accès inconditionnel aux soins des populations précaires, sans distinction de nationalité ou de situation administrative.

Nous proposons également que soit débattue la possibilité d’accorder un titre de séjour des personnes et des familles présentes dans l’hébergement parfois depuis des années, afin de leur permettre l’accès à l’emploi et au logement. Une telle mesure permettrait de répondre avec pragmatisme à la situation de ces personnes et familles qui ne sont pas « expulsables » mais que l’on maintient dans une précarité indigne humainement et coûteuse pour le pays, au lieu de leur donner les moyens de s’intégrer par le travail. Il en va de même pour les personnes, en particulier les femmes, victimes de violences ou de la traite humaine en France ou pendant leur parcours d’exil.

Nous soutenons enfin la nécessité d’une politique d’intégration plus ambitieuse, qui généralise l’accès aux cours de français pour les primo-arrivants, ouvre le droit au travail des demandeur-euse-s d’asile et accélère l’accès au logement des personnes à la rue, en particulier les réfugié-e-s.

L’examen de ces propositions permettrait de sortir par le haut d’un débat aujourd’hui mal engagé, dans le respect des droits fondamentaux et des besoins élémentaires des personnes et des familles que les associations et les collectifs citoyens accompagnent au quotidien.

Nous vous prions d’agréer l’expression de notre considération la plus distinguée.

Paris, le 1er octobre 2019

Associations et organismes signataires : Fédération des acteurs de la solidarité, Fondation Abbé Pierre, Fondation Armée du salut, France terre d’asile, La Cimade, Emmaüs solidarité, Emmaüs France, Collectif les morts de la rue, Uniopss, Médecins du monde, Secours catholique-Caritas France, Association des cités du Secours catholique, Samusocial de Paris, Ligue des droits de l’Homme, Fédération Santé habitat, Soliha, Advocacy France, Association nationale des compagnons bâtisseurs, Fédération Entraide protestante, Association DALO, Centre d’action sociale protestant, UNHAJ, Fapil, Unafo.

Source: Débat sur l’immigration : lettre ouverte des associations

Observer les pratiques policières n’est pas un délit ! 9 octobre, 2019

Communiqué LDH

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) se félicite de la décision intervenue ce jour de relaxe de Camille Halut, membre de l’observatoire des pratiques policières de Montpellier et poursuivie pour « entrave à la liberté de circulation » à l’occasion d’une mission d’observation d’une manifestation de « gilets jaunes » au printemps 2019. Elle remercie ses avocats, Alain Ottan et Michel Tubiana, d’avoir permis de déjouer cette tentative d’intimidation de la part des responsables locaux des forces de l’ordre et du parquet contre de légitimes observations citoyennes. 

Le jugement du tribunal correctionnel est sévère contre une procédure de fait abusive, et qui visait à museler l’action de la LDH et de ses militants.

La LDH avec tous ses observatoires locaux poursuivront leur travail pour éclairer les stratégies de maintien de l’ordre à l’œuvre sur le territoire national et prévenir les violences et abus.

Paris, le 3 octobre 2019

Télécharger le communiqué au format PDF


Source: Observer les pratiques policières n’est pas un délit !

Débat présidentiel sur l’immigration, les dangereux calculs du président de la République 9 octobre, 2019

Communiqué LDH

Après avoir échoué à faire, en plein mouvement des « gilets jaunes », de l’immigration l’un des thèmes majeurs de son « grand débat », le président de la République est revenu à la charge. En décidant d’organiser dès la rentrée un débat au Parlement sur la politique migratoire et sous couvert de regarder ce sujet « en face », il a repris à son compte les plus folles rumeurs et les lieux communs les plus éculés de la xénophobie. Ce faisant, il alimente les peurs au mépris d’études validées, d’informations vérifiées, de vérités établies mais qui peinent à franchir le mur des préjugés et des haines. 

Des derniers discours prononcés par le président de la République, on retiendra ainsi que « la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien » et qu’elle « ne doit pas être un pays trop attractif ». L’air de rien, ces banalités instituent « les migrants », notion que l’on ne prend pas la peine de définir, comme un problème, voire une série de problèmes. Transformant les victimes en coupables, les malades en profiteurs, les mineurs non accompagnés en menteurs majeurs, une telle grille de lecture aboutit, au plus grand mépris des tragédies vécues par des dizaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, à légitimer les procédures de refus et d’expulsion, à accentuer leur « efficacité ». Ainsi, loin d’améliorer quelque situation que ce soit, il s’agit de refuser plus systématiquement, de raccompagner plus vite, de diminuer sensiblement l’aide médicale d’Etat, de mieux fermer les frontières, quel qu’en soit le prix à payer en vies humaines.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) tient donc à exprimer sa plus vive inquiétude. Avec un tel cadre de présentation, la mise en garde du président de la République contre « les débats simplistes » prend les allures d’une farce dangereuse.

Dangereuse d’abord pour les femmes, les hommes et les enfants directement concernés, tant les situations qu’ils vivent sont effroyables, désespérantes, d’un mot : inhumaines.

Dangereuse au-delà, pour les valeurs de la République. En subordonnant l’accès à des droits aussi fondamentaux que l’asile, la santé ou l’éducation à un tri entre bons et mauvais migrants, vrais et faux malades, entre enfants eux-mêmes, le gouvernement sape la notion même de droit fondamental et arme une mécanique de discrimination dangereuse pour toutes et tous, Français et étrangers.

Dangereuse, car cette mise en cause des droits fondamentaux vient renforcer de la pire des façons les campagnes de haine menées par l’extrême droite et les forces politiques gagnées aux thématiques d’exclusion, soit pour raisons électorales, soit pour dissimuler le vide de leurs propositions politiques face aux problèmes réels qui sévissent. Il sera toujours plus facile de désigner des boucs émissaires que d’assumer ses propres responsabilités.

Dangereuse, enfin, parce que les mesures de rétorsion et de répression prises à l’encontre des « migrants » entraînent des agressions contre les droits et les libertés de toutes et tous, quel que soit leur statut, quelle que soit leur nationalité. La fabrication et la traque de sans-droits entraîne la criminalisation de celles et ceux qui les aident et les protègent ; le déni de leur accès aux droits amène à nier la nature inaliénable de ces droits, à restreindre les libertés qui en sont le garant. Enfin, désigner « les migrants » comme responsables de tout ce qui va mal permet de ne pas nommer les problèmes économiques, sociaux et politiques – nationaux, européens ou mondiaux – réellement en cause.

C’est donc d’un tout autre débat dont la France et sa population a besoin. Un débat qui soit délibérément tourné vers l’objectif de promouvoir des politiques d’accueil solidaires, un débat qui tourne le dos aux peurs et aux fantasmes identitaires en s’appuyant résolument sur les travaux et l’investissement des chercheurs et des acteurs de la solidarité et de la défense des droits.

C’est pour un tel débat que la LDH poursuivra ses efforts.

Paris, le 4 octobre 2019

Télécharger en format PDF

Source: Débat présidentiel sur l’immigration, les dangereux calculs du président de la République