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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : psenegas

Disparition d’un homme engagé 27 mars, 2021

Communiqué LDH

Outre l’artiste, le grand réalisateur, l’amoureux fou du cinéma, c’est aussi un homme engagé qui nous a quittés. De la guerre d’Algérie aux sans-papiers, Bertrand Tavernier a toujours su, par son talent, mettre en lumière celles et ceux que le sort voulait rejeter dans l’ombre. Que ce soit par La Guerre sans nom, cosigné avec Patrick Rotman, ou par son soutien aux sans-papiers victimes de la double peine, Bertrand Tavernier, par sa personnalité, apportait un éclairage et un soutien exceptionnel. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a pu compter sur sa présence tant aux côtés des sans-papiers de l’église des Batignolles que dans les manifestations dénonçant les conditions qui leur étaient faites. Histoires de vies brisées : Les « double peine » de Lyon, sur ce thème, restera un témoignage hélas encore bien d’actualité.

La LDH perd un soutien et présente à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances. 

Paris, le 26 mars 2021

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Source: Disparition d’un homme engagé

Non à la construction de 4 centres de rétention administrative ! 27 mars, 2021

Communiqué de l’OEE, dont la LDH est membre

Selon les informations recueillies par les organisations membres de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) auprès des autorités, le ministère de l’Intérieur a décidé et budgété la construction de 4 centres de rétention administrative (Cra) supplémentaires en France.

Les murs du premier ont déjà émergé de terre à Lyon et permettront d’enfermer jusqu’à 140 personnes à partir de 2022. La construction du second, de 90 places, est programmée à Olivet, commune jouxtant Orléans, et son ouverture est prévue en 2023. Deux autres CRA sont en projet pour 2025 au Mesnil-Amelot (64 places) et à Bordeaux (140 places).

La France se distingue déjà avec une politique très développée et répressive d’enfermement des personnes étrangères visées par une expulsion. Chaque année, près de 50 000 personnes subissent cette privation de liberté traumatisante et marquée par de nombreuses violations de leurs droits.

Avec 434 places supplémentaires, la construction de ces 4 nouveaux Cra conduirait à une augmentation sans précédent de la taille de la machine à expulser. S’ajoutant à celles déjà créées ces deux dernières années, le nombre de places en rétention dans l’hexagone en serait ainsi doublé, passant de 1069 en 2017 à 2157.

Les Cra sont la face la plus explicite et brutale de la politique de mise à l’écart des personnes étrangères en France. L’OEE, qui dénonce depuis sa création la banalisation de l’enfermement administratif et de la pénalisation du séjour irrégulier comme mode de gestion des personnes étrangères, appelle le gouvernement à renoncer à la construction de ces 4 Cra ainsi qu’à fermer l’ensemble de ceux déjà en fonction dans l’hexagone comme outre-mer. Et invite à se mobiliser en réponse à l’appel à manifester d’organisations orléanaises le 27 mars, et lyonnaises le 10 avril.

Organisations signataires : ACAT-France, Avocats pour la défense des droits des étrangers, Anafé, Comede, Droit d’urgence, Fasti, Genepi, Gisti, La Cimade, Le Paria, Ligue des droits de l’homme, MRAP, Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau, réseau de visiteurs et l’observatoire citoyen du CRA de Oissel, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature.

Paris, le 24 mars 2021

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Source: Non à la construction de 4 centres de rétention administrative !

Le Conseil d’Etat suspend une nouvelle fois le « gel » des visas opposé par les consulats à des membres de famille de ressortissants étrangers régulièrement installés en France 27 mars, 2021

Communiqué commun signé par la LDH

Le juge des référés du Conseil d’Etat, à la suite des requêtes introduites par nos organisations et des personnes étrangères, a suspendu le 21 janvier dernier la décision du gouvernement de « geler », au motif de la crise sanitaire, l’enregistrement et la délivrance de visas dans le cadre du regroupement familial et de la réunification familiale.

Mais au-delà de ces situations, nombre de membres de famille de personnes étrangères régulièrement établies en France restent interdites de visas et donc empêchées de vivre une vie familiale normale, et ce depuis de longs mois.

C’est le cas des conjoints et enfants de personnes algériennes vivant en France sous couvert d’une carte de séjour portant la mention « scientifique ».

Plusieurs de ces personnes, constituées en collectif, ont saisi le Conseil d’Etat d’une requête en annulation et en référé-suspension contre la circulaire du 25 janvier puis celle du 22 février 2021 qui ne prévoient pas de dérogation aux restrictions de circulation en faveur des membres de leur famille. L’association d’Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), l’Anafé, le Gisti, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Syndicat des avocats de France (Saf) sont intervenus au soutien de ces requêtes.

Par une ordonnance en date du 17 mars, le Conseil d’Etat a estimé qu’il y avait urgence à suspendre la décision de gel des visas opposé à ces personnes, eu égard aux troubles dans les conditions d’existence subies par ces familles séparées depuis de nombreux mois. Il a en outre enjoint au Premier ministre de prendre les mesures nécessaires à leur entrée en France.

Le juge sanctionne donc une nouvelle fois une mesure discriminatoire qui, en prenant prétexte de contraintes sanitaires, prive arbitrairement certaines catégories d’étranger.es, implicitement considéré·es comme indésirables, du droit de rejoindre leurs proches. Il n’en reste pas moins que d’autres catégories de personnes sont à ce jour encore privées de la possibilité de rejoindre les membres de leur famille installés en France.

Signataires :

Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), Anafé, Gisti, Ligue des droits de l’Homme (LDH) et Syndicat des avocats de France (Saf)

Paris, le 19 mars 2021

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Source: Le Conseil d’Etat suspend une nouvelle fois le « gel » des visas opposé par les consulats à des membres de famille de ressortissants étrangers régulièrement installés en France

L’Observatoire de la liberté de création soutient Corinne Masiero contre l’ordre moral sexiste 27 mars, 2021

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

Quand un homme se met nu en scène lors de la cérémonie des Molières devant la ministre de la Culture Fleur Pellerin pour dénoncer la discrimination sociale contre les auteurs de l’écrit, privés de chômage, le public l’applaudit à tout rompre. Nous sommes en 2015, l’auteur est Sébastien Thiéry. Aucune plainte pénale n’est déposée.

2021, nuit des Césars, Corinne Masiero, pour remettre le César du meilleur costume, fait tomber son costume de Peau d’âne puis sa robe de Carrie. La mise en scène de sa nudité est politique : elle explique que son dernier costume s’intitule « qui veut la peau de Roger l’Intermittent ». « Maintenant on est comme ça, tout nu, voilà », dit-elle en levant le poing gauche. Le public des Césars applaudit. Sur son corps sont inscrits des slogans, « Rend nous l’art Jean » côté pile, « No culture no futur » côté face. Cette nudité déclenche cette fois un scandale : laide, vulgaire, contreproductive, une honte pour les femmes, tout y passe.

Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, dénonce la politisation de la soirée, alors que le cinéma est une industrie et qu’une soirée comme celle-là est faite, dit-elle, pour vendre : « c’est navrant de voir des artistes piétiner leur outil de travail » conclut-elle. Le journal américain Variety lui répond que si les films sont bons, ils se vendront, et qu’elle semble moins concernée par l’image de la France lorsqu’elle maintient Dominique Boutonnat à la tête du CNC malgré une plainte pour agression sexuelle et tentative de viol.

Puis Corinne Masiero est dénoncée au procureur de la République par dix élus de droite lui reprochant une exhibition sexuelle dans un espace public. Pour ces élus, la nudité d’une femme est plus choquante que celle d’un homme. Leurs préjugés et leur mépris de ce monde qu’on est en train de tuer les empêchent d’entendre le refus de mourir de celles et ceux qui sont le suc de toute démocratie.

Cette démarche n’inquiète pas seulement par son indigence, ou parce que certains d’entre ces élus ont soutenu Eric Zemmour pour des propos incitant à la haine et condamnés, ou ont tenu des propos homophobes, ou encore ont menacé la presse. Ce que suggèrent ces élus, c’est que la nudité (des femmes) serait toujours considérée comme sexuelle, et devrait être interdite de toute manifestation politique ou artistique. Ces élus nous rappellent encore qu’en France, comme dans bien d’autres endroits dans le monde, ce sont la liberté de création, la liberté d’expression, le droit de polémiquer, de choquer, ou même simplement la faculté de faire réfléchir ou rêver que certains voudraient éteindre.

Nous ne savons pas si le procureur de la République prendra le risque de rester dans l’histoire comme celui qui aura poursuivi celle qui use de sa nudité pour crier son amour de la culture et son refus de la misère, à l’instar de son collègue Pinard, resté dans les annales pour avoir poursuivi Flaubert et Baudelaire.

Nous, organisations et personnalités composant l’Observatoire de la liberté de création, sommes aux côtés de Corinne Masiero, nous lui disons notre totale solidarité parce que, par nature, nous serons toujours aux côtés de celles et ceux qui, irrespectueusement ou non, nourrissent notre appétit de vie, de débat, de culture et de démocratie.

Paris, le 19 mars 2021

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Source: L’Observatoire de la liberté de création soutient Corinne Masiero contre l’ordre moral sexiste

Une démocratie sans culture est une démocratie sans vie 18 mars, 2021

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

L’Observatoire de la liberté de création soutient la demande d’ouverture des lieux de culture dans le respect des gestes barrières.

Le public a le droit de participer à la vie culturelle. Ce droit est essentiel. Il est affirmé par l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH). Les artistes ont le droit de créer et de diffuser leurs œuvres. Ce droit est essentiel. Il est protégé par la loi de juillet 2016.

L’Observatoire de la liberté de création soutient les demandes de protection formées par les organisations professionnelles et syndicales et s’oppose à toute mesure qui pourrait fragiliser encore plus ceux dont le métier est de participer à la vie culturelle de notre pays.

Une démocratie sans culture est une démocratie sans vie.

Paris, le 17 mars 2021

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Source: Une démocratie sans culture est une démocratie sans vie

Lutter contre le racisme, débat,enjeux et controverses d’aujourd’hui 18 mars, 2021

Guide la LDH

La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations est l’un des piliers de l’action de la Ligue des droits de l’Homme. C’est pourquoi, outre ses interventions juridiques, ses mobilisations, ses actions en milieu scolaire, l’association mène en son sein et avec de multiples partenaires une réflexion théorique et pratique sur ces questions, indispensable pour faire vivre l’antiracisme.

Ce fascicule sur le racisme en est un exemple. Il vise à fournir d’une part un état des lieux des débats de société et d’autre part, à montrer et à expliquer les actions, les prises de position et les mobilisations de l’association. Il n’est pas un manuel – ni d’histoire, ni d’autres disciplines – même s’il mobilise un certain nombre de connaissances interdisciplinaires. Il est une démarche : celle de prendre un peu de recul pour problématiser des questions, proposer des arguments, des éclairages et non seulement mieux porter le combat antiraciste de la LDH, mais surtout le penser ensemble. C’est pourquoi ce travail est collectif et il n’est pas l’œuvre de spécialistes mais une production de militantes et militants qui ont voulu questionner ensemble.

Lire la suite en téléchargeant le guide.

Source: Lutter contre le racisme, débat,enjeux et controverses d’aujourd’hui

Protéger, soigner, accompagner ? Non, ficher, stigmatiser, sanctionner, renvoyer. Le ton est donné ! 18 mars, 2021

 Communiqué commun signé par la LDH

Ce 10 mars, était présenté à la Commission des lois un rapport d’information parlementaire sur les « problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés ».

Rappelons pourtant, que la grande majorité des mineur.e.s et jeunes majeur.e.s isolé.e.s étrangers dont il est question ne posent aucun problème de sécurité, bien au contraire comme le constatent et en témoignent toutes et tous les professionnels et adultes qui les côtoient au quotidien, des mouvements tels les « patrons solidaires » allant jusqu’à être créés pour les jeunes apprentis.

Visant exclusivement la situation des mineurs non accompagnés en conflit avec la loi, qui ne représentent qu’une infime partie des mineur.e.s et jeunes majeur.e.s isolé.e.s et étrangers, et entretenant au passage la confusion entre ceux en conflit avec la loi et ceux victimes de traite, le rapport parlementaire, présente 18 recommandations particulièrement inquiétantes en ce qu’elles sont de nature à stigmatiser encore plus ces mineur.e.s, parfois très jeunes, toujours très fragiles, polytraumatisé.e.s par leurs parcours de vie.

Ce rapport oublie, dans sa problématique générale, ce qui est le plus important : ces jeunes sont en danger et ont d’abord besoin de protection. De manière encore plus inquiétante, il entend institutionnaliser un traitement différencié les concernant, fondé davantage sur leur extranéité que leur minorité.

A l’âge où la plupart de leurs pairs vont au collège, eux n’ont connu que rejets, abandons, agressions répétées, violence, et sont souvent les victimes de réseaux de traite.

Vivant pour la plupart dans des conditions d’une extrême précarité, souvent à la rue, sans accompagnement éducatif, sous dépendance médicamenteuse des adultes qui les exploitent, elles et ils ont perdu l’estime d’eux-mêmes, et leurs passages à l’acte s’inscrivent dans un mécanisme de survie, souvent pour des délits de subsistance.

Est-ce cela la vie d’un enfant ?

Il ne sert à rien de préconiser, à peu de frais, leur fichage obligatoire via le fichier AEM si décrié, la consultation obligatoire de fichiers tels VISABIO dont l’inefficacité a été démontrée, l’accroissement des sanctions, des jugements plus rapides et discriminatoires, le retour dans le pays d’origine et toujours plus de coercition.

Ceci n’aura que pour conséquence de stigmatiser ces jeunes, les rapprocher toujours plus de situations de danger, les éloigner encore plus de leur situation de mineur et des dispositifs qui n’auront plus de « protection » que le nom.

Et si le rapport parlementaire préconise une prise en charge systématique en assistance éducative ainsi que quelques mesures d’accompagnement social, rien n’est dit du budget affecté à celles-ci, des moyens dédiés aux départements, qui risquent, sous des effets d’annonce, de se réduire à peau de chagrin….

Et rien ne changera.

Plus encore, ce rapport réalise la prouesse de suggérer qu’inverser la présomption de minorité, imposer à un ou une mineur.e de présenter des documents d’identité pour être protégé.e, serait dans l’intérêt supérieur de l’enfant !

Où est l’intérêt supérieur de l’enfant, « considération primordiale », rappelée par la Convention internationale des droits de l’enfant, dont la France est signataire ?

Ces jeunes doivent être protégés, accompagnés, bénéficier d’une prise en charge éducative effective qui fait actuellement cruellement défaut, pluridisciplinaire (en matière civile tant par les départements que par la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui connaît leurs problématiques particulières), basée sur la confiance en l’adulte, qu’elles et ils doivent réapprendre, ayant souvent été trompés dans leurs vies par ceux qui les ont entourés auparavant.

Ce n’est que par les mesures de protection que ces jeunes pourront se réinsérer, ce qui est de leur intérêt et de celui la société.

Alors que le débat médiatique glisse, sans surprise, vers la question plus large de l’évaluation de minorité des mineur.e.s isolé.e.s, qui n’était pas l’objet de ce rapport,

 nos organisations et associations signataires demandent que soit mise en place, sans stigmatisation, sans discrimination, sans fichage, une vraie politique éducative faite d’accompagnement, de protection, d’éducation, de soins et d’insertion pour ces jeunes, qui sont avant tout des enfants en souffrance !

Paris, le 17 mars 2021

Liste des signataires :

La Ligue des droits de l’Homme (LDH), le Syndicat de la magistrature, InfoMIE, le Gisti, l’Ordre des avocats du barreau de Paris, Le Syndicat des avocats de France, le SNPES PJJ / FSU, l’ADDE, la FSU, la CGT, la CIMADE, le SNEPAP-FSU, le Secours Catholique Caritas France, AADJAM, Solidaires Justice, Fédération sud Collectivités Territoriales,  SNUASFP FSU, Solidaires, Fédération Sud Santé Sociaux, SNUTER-FSU, Soutien à 59 SAINT JUST

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Source: Protéger, soigner, accompagner ? Non, ficher, stigmatiser, sanctionner, renvoyer. Le ton est donné !

#NoRacism Le Limoges CSP et la LDH, ensemble contre le racisme 18 mars, 2021

Session 1 – OUTILS ACTUELS (2h30)

  • Cadrage réglementaire (1h10)

10h15. Introduction
10h25. Rappel juridique général
10h35. Rappel juridique dans le monde du sport
10h45. Dispositifs fédéraux
10h55. Débat entre participants sur l’efficacité de ces dispositifs

  • Les acteurs du sport face au racisme (1h10)

11h35. Introduction
11h40. Témoignages de sportifs et de sportives :
Jerry Boutsiele, Benoît Cheyrou, Olivier Dacourt, Thierry Dusautoir, Laura Georges, Team EDF, Diandra Tchatchouang

12h20. Echanges entre participants sur les bonnes pratiques et autres expériences

Session 2 – OUTILS DE DEMAIN (2h30)

  • Les outils potentiels (1h10)

14h. Introduction
14h05. Les outils hors sport
14h20. L’exemple de la Rooney Rule
14h30. La pratique sportive comme outil
14h40. Débat entre participants sur l’efficacité de ces dispositifs

  • Le rôle des acteurs (1h10)

15h20. Introduction
15h25. Le soutien institutionnel aux joueurs 
16h. Débats entre participants sur les attentes et les bonnes pratiques.
16h30. Conclusion 

Source: #NoRacism Le Limoges CSP et la LDH, ensemble contre le racisme

Violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues : l’omerta doit prendre fin 18 mars, 2021

Communiqué commun signé par la LDH

Le 4 janvier 2021, le directeur de l’administration pénitentiaire interdisait la diffusion du numéro 52 du journal L’Envolée dans toutes les prisons françaises en raison d’un dossier consacré au décès de plusieurs personnes détenues dans des conditions suspectes. Dans le même temps, il portait plainte pour diffamation. Il est reproché au journal, relais de la parole des personnes détenues et de leurs proches depuis près d’une vingtaine d’années, d’avoir « allégué des faits de violences volontaires commis par des personnels de l’administration pénitentiaire, dans l’exercice de leurs fonctions » et « imputé aux responsables hiérarchiques des auteurs de ces violences alléguées de ne pas les avoir dénoncées ».

Cette interdiction ne saurait occulter le problème de fond dénoncé par le journal : les violences commises par des agents de l’administration pénitentiaire sur des personnes détenues sont une réalité désormais largement documentée, tout comme les rouages institutionnels permettant qu’elles se perpétuent.
La section française de l’Observatoire international des prisons rapportait ainsi dans un rapport de juin 2019 être saisie de plusieurs témoignages par semaine de personnes détenues ou de leurs proches dénonçant des violences subies de la part de personnels pénitentiaires. Le décès récent de Jimony R. alors incarcéré au centre pénitentiaire de Meaux après avoir été, selon le témoignage d’un surveillant pénitentiaire, « roué de coups » notamment « à la tête (…) alors qu’il était menotté et maîtrisé au sol » vient également rappeler la tragique actualité de cette réalité.

Les mécanismes institutionnels qui permettent à cette réalité de perdurer sont également aujourd’hui parfaitement connus et identifiés : difficultés à réunir les preuves de faits qui se déroulent le plus souvent à l’abri des regards et des caméras de vidéosurveillance, manque d’information sur les modalités de dépôt de plainte et d’accompagnement juridique dans ces démarches, représailles pour les personnes détenues, leurs proches ou toute autre personne qui entendrait dénoncer des violences subies en détention, mutisme des autorités hiérarchiques qui préfèrent bien souvent détourner le regard, manque de diligence des autorités administratives et judiciaires dans la réalisation des enquêtes, et un « parole contre parole » qui tourne presque systématiquement à l’avantage de l’uniforme.

La censure du numéro 52 du journal L’Envolée, pour avoir relayé la parole de personnes détenues et de leurs proches sur cette réalité, est une nouvelle illustration de la chape de plomb que l’administration pénitentiaire met sur un phénomène qui devrait au contraire alerter et inquiéter. Plutôt que de s’en saisir à bras le corps, pour qu’aucune suspicion de comportement violent de la part d’un agent pénitentiaire sur une personne détenue ne puisse plus rester sans suite, l’administration pénitentiaire préfère tenter de faire taire celles et ceux qui s’en font l’écho. Attachées au respect des droits fondamentaux et de la dignité de toute personne, nos organisations continueront à soutenir toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour que la lumière soit faite sur une réalité encore trop souvent ignorée et cachée. Pour que l’omerta qui règne sur les violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues prenne fin.

Paris, le 16 mars 2021

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Source: Violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues : l’omerta doit prendre fin

16 mars 2021 – Tribune collective “Pour combattre efficacement l’antisémitisme, rejetons tout amalgame !” publiée sur médiapart 18 mars, 2021

Tribune collective signée, entre autres, par Malik Salemkour, président de la LDH

Lire la tribune sur Mediapart

La droite et l’extrême droite israéliennes tentent de faire passer la critique de leur politique pour de l’antisémitisme, d’où l’opération lancée voici cinq ans autour de la définition Ihra. Le ministère israélien des Affaires stratégiques s’efforce depuis de la faire voter par les institutions, municipalités, parlements et gouvernements.

Contraire au droit international, la politique d’occupation, de colonisation et d’annexion de la Palestine est condamnée par la très grande majorité des États du monde et de l’opinion internationale.

C’est pourquoi la droite et l’extrême droite israéliennes tentent de faire passer la critique de leur politique pour de l’antisémitisme. D’où l’opération lancée voici cinq ans autour de la définition de celui-ci par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste, connue sous son acronyme anglais : Ihra. Le ministère israélien des Affaires stratégiques s’efforce depuis de la faire voter par les institutions, municipalités, parlements et gouvernements.

À première vue, la définition ne pose pas d’autre problème que son insigne médiocrité. Elle décrit l’antisémitisme comme « une certaine perception des Juifs, qui peut s’exprimer par une haine à leur égard » par le biais de « manifestations rhétoriques et physiques dirigées contre des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte ».

Le piège réside dans les exemples avec lesquels l’Ihra « illustre » sa définition et qui, formellement, selon elle, n’en font pas partie. Lors de son adoption par l’Assemblée nationale, le promoteur de la résolution, le député Sylvain Maillard, a déclaré à la tribune que le vote ne porterait pas sur les exemples. Mais les piliers du réseau d’influence pro-israélien, à commencer par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), ne jurent que par… ces exemples !

Or plus de la moitié d’entre eux sont relatifs à l’État d’Israël. Consciente de l’isolement de ce dernier, l’Ihra avance des concepts bien flous. « L’antisémitisme, affirme un des exemples, peut se manifester par des attaques à l’encontre de l’État d’Israël lorsqu’il est perçu comme une collectivité juive. Cependant, critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme. »

Cette précision n’empêche pas les propagandistes de Benyamin Netanyahou de qualifier d’antisémite toute critique de l’apartheid, tout appel au boycott et, plus largement toute action de solidarité avec le peuple palestinien. Le Premier ministre a été jusqu’à qualifier d’« antisémite » la décision de la Cour Pénale internationale d’ouvrir une enquête sur les crimes commis dans les Territoires palestiniens occupés.

Le gouvernement du Royaume-Uni fut le premier, dès décembre 2016, à reconnaître la validité de cette définition. Le Parlement européen a suivi en juin 2017, ainsi que le Conseil européen en décembre 2018. En France, après l’Assemblée nationale, le réseau d’influence pro-israélien appelle les villes à adopter – comme Paris et Nice – la définition de l’Ihra. Francfort organise un sommet numérique mondial qui cherche aussi à promouvoir cette définition.

Cette opération suscite néanmoins une forte opposition. Le 13 janvier, l’ensemble des groupes juifs progressistes des États-Unis a affirmé son désaccord avec l’Ihra. En Europe, de très nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme, ONG, organisations juives, disent non. En France, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a mis en garde par deux fois les pouvoirs publics.

Il faut le dire clairement : quand le Premier ministre israélien affirme que Hitler « ne voulait pas exterminer les Juifs », quand il justifie le négationnisme des leaders populistes d’Europe centrale et orientale et le suprématisme de Donald Trump, de quel droit donnerait-il des leçons de lutte contre l’antisémitisme ?

Pour être efficace, le combat contre l’antisémitisme doit refuser tout amalgame et converger avec la lutte contre toutes les autres formes de racisme. Les promoteurs de la définition Ihra ont fait le choix inverse : donner la priorité à la défense inconditionnelle de l’État d’Israël, quitte à affaiblir et à diviser la lutte contre l’antisémitisme.

En tant qu’organisations et personnalités résolument engagés contre le racisme sous toutes ses formes, nous ne céderons jamais à ce chantage. De la même manière que nous dénonçons sans ambiguïté les actes antisémites en France et ailleurs dans le monde, nous affirmons notre droit à soutenir le peuple palestinien, victime d’une politique coloniale et raciste. C’est pourquoi nous appelons toutes les personnes de conscience, les collectivités locales, les institutions à rejeter la définition de l’Ihra.

Premiers signataires

Malik SALEMKOUR, président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ; Augustin GROSDOY et Jean-François QUANTIN, coprésidents du Mouvement conte le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) ; Edith BOULANGER et Roland NIVET, porte-paroles, et Nicole BOUEXEL, membre du Conseil National du Mouvement de la Paix ; Boris PLAZZI, membre de la Commission exécutive confédérale, Secrétaire confédéral en charge des relations internationales de la Confédération Générale du Travail (CGT) ; Benoît TESTE, secrétaire général de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) ; Cybèle DAVID et Jérôme BONNARD, porte-paroles de l’Union Syndicale Solidaires ; Bertrand HEILBRONN, président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) ; Jean-Guy GREILSAMER, membre de la coordination nationale de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) ; Pascal LEDERER, fondateur et co-animateur de Une Autre Voix Juive (UAVJ) ; Ivar EKELAND, président de l’Association de Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) ; coordination de la campagne BDS France ; Jean FRANCHETEAU, vice-président du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient(CVPR-PO) ; Danielle BIDART, présidente de l’association « Pour Jérusalem » ; Perrine OLFF-RASTEGAR, porte-parole du Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) ; Mouhieddine CHERBIB, président du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) ; Joumana RICHARD, présidente de La Courneuve Palestine ; Jean-Claude MEYER, porte-parole Alsace de l’UJFP ; Louis DAVID, comité Palestine Israël 44 49 ; Pierre LAURENT, vice-président du Sénat, sénateur de Paris (PCF) ; Jean-Paul LECOQ, député ; Fatiha ALAUDAT, Maire adjointe à la Culture de paix et à la solidarité internationale (Malakoff 92240) ; Gloria BIGOT LEGROS ; Jacqueline BOSC, militante associative ; Rony BRAUMAN, médecin et essayiste ; Gérard CHAOUAT directeur de recherches CNRS émérite ; Lucien CHAMPENOIS, ministre plénipotentiaire en retraite ; Jean-Paul LE MAREC, ingénieur agronome, membre du Bureau national du MRAP ; Khira LAMECHE, universitaire retraitée ; Roland LOMBARD, Dir recherche retraité, ex-président du CICUP ; Jean-Pierre MEVEL ; Raphaël PORTEILLA, Maitre de Conférence à l’Université de Bourgogne, membre du Bureau national du Mouvement de la Paix ; Evelyne REBERG, adhérente UJFP ; Bruno SÉRÈS ; Irène STEINERT ; Eric TRON, médecin biologiste ; Dominique VIDAL, journaliste et historien.

Lire la tribune sur Mediapart

 


Source: 16 mars 2021 – Tribune collective “Pour combattre efficacement l’antisémitisme, rejetons tout amalgame !” publiée sur médiapart