1 octobre 2020 – Tribune de Malik Salemkour et Elie Poigoune “Nouvelle-Calédonie : « La décolonisation reste un processus inachevé en dépit d’avancées majeures »” publiée sur le Monde 5 octobre 2020
Si trente ans de paix ont permis des avancées significatives, notamment en politique, les rééquilibrages économique et social sont loin d’être achevés, constatent Elie Poigoune et Malik Salemkour, qui appellent au « rétablissement du dialogue ».
Le dimanche 4 octobre se tiendra une nouvelle consultation sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Une Nouvelle-Calédonie qui a beaucoup changé depuis 1988 et la célèbre première poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur dans le jardin de l’hôtel Matignon, en présence du Premier ministre Michel Rocard.
Trente ans de paix ont permis des avancées significatives de la situation du peuple kanak, comme de celle des descendants des autres communautés caractérisées comme « victimes de l’histoire » aux entretiens de Nainville-les-Roches de 1983.
Plus de 1 500 cadres, aux deux tiers kanak et pour le troisième tiers descendants des victimes de l’histoire aux origines diverses (bagne, déportés politiques, travailleurs « tonkinois », autrement dit originaires du Vietnam, Javanais, Arabes, Japonais…), ont bénéficié de formations professionnelles de haut niveau et se sont insérés et investis dans des responsabilités institutionnelles, administratives, industrielles, commerciales diverses, afin de servir leur pays dans son difficile combat pour accéder à la souveraineté, qui reste un objectif incontournable.
De même, l’accès à l’éducation et à l’enseignement est aujourd’hui universel pour tout jeune entre 3 et 16, voire 18 ans, avec un réseau dense de collèges et de lycées publics sur l’ensemble de la Grande Terre et aux îles Loyauté. D’autre part, une université de plein exercice, ouverte en 1999 avec une antenne inaugurée ces derniers mois en province Nord, permet un large accès de proximité aux études supérieures sur place.
Même si beaucoup reste à faire, le rééquilibrage politique est une réalité incontestable : depuis 1989, les Kanak exercent majoritairement les responsabilités avec d’autres Calédoniens à la tête de deux des trois provinces volontairement conçues comme des collectivités aux compétences générales. Cette formulation signifie qu’elles les exercent toutes, à l’exception de celles que des mesures légales prises démocratiquement ont maintenu ou transféré à d’autres institutions, communes ou au gouvernement local.
Le 1er octobre 2020