Bidonvilles aixois : la municipalité doit changer de cap ! 29 mars 2012
Constitué pour proposer des solutions concrètes à l’accueil et à l’insertion des nouveaux arrivants, le Collectif Aixois pour les Droits et la Dignité des Roms, des Immigrés et des Sans-Papiers (CADDRIS) demande, depuis sa constitution en septembre 2011, la tenue d’une table ronde. Convoquée sous l’égide de l’Etat cette instance, réunie pour en finir avec ces bidonvilles d’un autre temps et rechercher des solutions dignes d’hébergement et d’insertion, rassemblerait tous les partenaires institutionnels et associatifs d’Aix et du Pays d’Aix.
Afin d’expliciter et de soutenir cette démarche, le collectif a demandé à être reçu par les autorités concernées. Si la Sous-Préfecture, les Conseils Général et Régional ont répondu à cette attente en recevant des délégations, nous ne pouvons aujourd’hui que regretter le mutisme de la Ville d’Aix-en-Provence et de la CPA.
Deux courriers dont un recommandé et un remis en mains propres, d’innombrables appels téléphoniques, l’engagement public, pris par Madame le Député Maire et Présidente de la Communauté du Pays d’Aix lors du Conseil Municipal de Janvier, de recevoir le CADDRIS n’auront pas suffi. Aucune entrevue n’est encore prévue à ce jour.
Mais il y a hélas pire, la désinformation et les interpellations publiques dont les Roms font aujourd’hui l’objet. Dans ses prises de parole la ville d’Aix a fait savoir qu’elle renforçait ses aires d’accueil de gens du voyage à destination des Roms. Comme l’a très clairement indiqué le Sous Préfet, ces aires sont exclusivement réservées aux personnes “qui vivent et se déplacent en habitat mobile ou susceptible de l’être pendant tout ou partie de l’année, c’est à
dire les nomades et sédentaires qui se réclament du voyage” (loi n°200-614 du 5 juillet 2000). Ce qui n’est pas le cas des Roms qui sont des citoyens roumains, donc ressortissants européens et n’ont pas droit au carnet de circulation nécessaire pour accéder aux aires d’accueil.
Autre important sujet de préoccupation, la très surprenante réunion organisée hier par la Mairie de Luynes à propos des Roms récemment installés en bordure du village. On aurait voulu attiser les haines qu’on ne s’y serait pas pris autrement : Pas la moindre proposition, aucune volonté de dialogue. Il s’est agit purement et simplement de stigmatiser et déplacer les Roms.
Enfin l’ouverture du futur chantier, entre la fondation Vasarely et l’auberge de jeunesse, de l’école d’Art du Jas de Bouffan, à quelques mètres d’un important campement ne va pas sans nous inquiéter. Les premiers coups de pelles seraient prévus en Août 2012. A la même période que les sinistres coups de pelleteuse, applications concrètes du belliqueux discours de Grenoble d’un Nicolas Sarkozy qui exigeait de « mettre un terme aux implantations sauvages de campements Roms », qui ont détruit le premier bidonville de Vasarely.
Aucune solution concrète, pas de main tendue et encore moins d’échange, une action en rupture avec la tradition d’accueil et d’humanisme de la Provence et de la France voilà ce qui est hélas aujourd’hui la réalité de la politique de cette ville. Au contraire la ville, si l’on en croit la maire de Luynes, a fait établir par huissier un recensement complet des Roms installés sur le territoire de la CPA. Mais à quel titre, selon quel droit, voudrait-on tout simplement préparer leur éviction ?
Le CADDRISS ne peut que déplorer et dénoncer une attitude qui n’honore personne. Nous en appelons au contraire à un véritable sursaut citoyen pour imposer une table ronde. Des solutions existent et sont rapidement réalisables y compris à moindre frais. Si les collectivités territoriales en font la demande des fonds européens sont mobilisables. Ils nous permettraient d’élaborer des solutions d’hébergement dignes de ce nom. Non l’insertion, pour peu que nous nous en donnions les moyens, n’est pas un vain mot. Elle peut être, dès demain, une réalité concrète profitable à tous. Mais pour engager ces initiatives, nous avons besoin de l’adhésion de tous.
Aussi plus que jamais, le CADDRISS réitère sa demande à la ville d’Aix, comme aux utres partenaires. Il est urgent de travailler, au plus vite, à des solutions dignes, humaines et durables propres à éliminer les bidonvilles et à lutter efficacement contre la misère que subissent les populations concernées.
Claudie HUBERT Aix-Solidarité, Philippe CHOUARD Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés, Hervé GUERRERA Conseiller Municipal
Conseiller Régional, Philippe SÉNÉGAS Ligue des Droits de l’Homme